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lundi 5 mars 2007

Il y a trois ans, Aristide faisait ses malles

par Ladenson Fleurival ladenson@lematinhaiti.com
Des sympathisants Lavalas, fidèles à leur leader Jean- Bertrand Aristide, ont manifesté dans les rues de Port-au-Prince ce mercredi 28 février pour le retour de l’ex-président déchu du pouvoir le 29 février 2004, et le départ des forces onusiennes, présentes depuis deux ans dans le pays. Des hommes, des femmes, et même des gamins ont marché depuis le quartier volatile de Cité Soleil, en passant par Bel-Air, afin d’atteindre le Champ de Mars, siège du palais présidentiel.Quelques pancartes, frappées à l’effigie de l’ancien prêtre président, étaient brandies, tandis que sur d’autres se lisaient des messages tels : « Vive la paix » ou encore « Cité Soleil veut la paix ». Les manifestants ont profité de l’occasion pour lancer des flèches à l’endroit du président de la République, René Préval, qui « n’a rien fait pour soulager leur misère ». Ils ont encore une fois accusé les États-Unis d’Amérique d’implication dans la chute d’Aristide qui, selon eux, aurait été « kidnappé », le 29 février 2004.Arrivés au Champ de Mars où régnait une chaleur torride, les manifestants ont plongé sous les principaux jets d’eau de la place, ôtant leurs t-shirts ou chemises comme pour un véritable bain.Bref historique du départLa chute d’Aristide fut provoquée par un soulèvement populaire qui traduisait l’ensemble des frustrations de la société. Les évènements sanglants du 5 décembre 2003 à la faculté des Sciences humaines et à l’INAGHEI radicaliseront l’opposition contre celui qui a dominé la scène politique haïtienne durant plus d’une décennie (1990-2004). Mais toujours est-il que l’homme charismatique de la Saline n’a pas su terminer aucun des deux mandats présidentiels de 5 ans qu’il a obtenus aux élections de décembre 1990 et novembre 2000. Le premier a été interrompu suite à un coup d’État militaire sanglant après seulement sept mois, et le second, après deux ans, conséquence de la contestation orchestrée par tous les secteurs du pays. Alors que les manifestations pacifiques de rues peinaient à faire fléchir le régime, les actions de groupes d’hommes armés, venus du nord du pays, avec en tête Guy Philippe, ancien directeur départemental du Nord de la Police nationale d’Haïti (PNH), allaient faire changer les donnes. En quelques jours, la bande de Guy Philipe, qualifiée de « rebelles » par Aristide et ses proches, avait pris le contrôle de toute la région du grand Nord (Artibonite, Nord, Nord-Est, Nord-Ouest, Hinche) et menaçait de marcher sur Port-au-Prince si Aristide refusait d’entendre raison. Les menaces sans cesse croissantes des « rebelles » de déloger l’occupant du palais national de ses fonctions, la conjonction et la détermination des forces sociales dans le pays, les actes de terreur des partisans armés d’Aristide allaient finalement motiver la communauté internationale à faire pression sur ce dernier et à obtenir sa démission. Le 28 février 2004, le bruit courait que les troupes de Guy Philipe étaient dans les parages de la capitale. Les rumeurs se sont intensifiées dans la nuit du 28 au 29 février 2004 et les habitants de Port-au-Prince ont veillé, accrochés à leur téléphone et à leur poste de radio, sensibles à toutes nouvelles informations. Tôt le 29 février, la nouvelle du départ d’Aristide était annoncée sur les ondes des stations de radios du pays. Et au cours de la matinée, l’international, sous le leadership des États-Unis d’Amérique du Nord, allait confirmer qu’Aristide avait choisi de démissionner. « Jean-Bertrand Aristide a choisi de démissionner face à la menace des insurgés armés qui s’apprêtaient à marcher sur Port-au-Prince », avait soutenu James B. Foley, ambassadeur des États-Unis en Haïti en mars 2004, quelques jours après le départ du président lavalas .« À preuve, 24 heures après le départ pour l’exil de monsieur Aristide, les rebelles étaient déjà dans la capitale haïtienne », avait poursuivi l’ambassadeur.Et, de son exil, Aristide de rétorquer : « Les États-Unis et leurs alliés m’ont kidnappé dans la nuit du 28 au 29 février 2004 et m’ont démis du pouvoir ». Il y a déjà trois ans… Mais le discours de l’ex-président n’a pas changé.
jeudi 1 mars 2007

Source Journal Le Matin sur http://www.lematinhaiti.com

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