DE VRAIS SIGNES D'ESPOIR!
Une des plus belles de mes découvertes de ces derniers temps: l'érosion des terres d’Haïti peut être réversible.
Oui. Je viens de l'apprendre!
Et cela m'a en quelque sorte revigoré. Ce n'est pas une découverte, me direz-vous. Je viens juste de combler une énorme lacune.
Cependant je ferai appel à votre condescendance pour me permettre encore de célébrer cette information.
L'érosion, la désertification sont des mots qui dans le cas d'Haïti, ont l'habitude de résonner dans ma tête comme une sentence, une condamnation, une malédiction, un mauvais sort.
Mes sensations se confortaient sur la base des conséquences désastreuses du déboisement sur l'environnement alors que la société haïtienne a toujours refusé et refuse encore aujourd'hui de prendre conscience de l'ampleur de la situation et de rentrer dans une logique de propositions concertées, de propositions visant à arrêter ce processus néfaste.
Aujourd'hui, constater que la désertification peut être réversible reste une étonnante bonne nouvelle. Qui mieux est, le processus est en cours en Haïti.
J'aurais dû commencer par vous décrire les circonstances de ce constat.
Samedi dernier, 8 novembre 2013, nous avions été invités, par notre ami Michel Berthelot de l'association Colibris83, pour participer à une activité dans le cadre de la septième édition du film ALIMENTERRE, proposée par le CFSI en préparation à la semaine de la Solidarité Internationale.
Plusieurs partenaires se sont concertés pour la projection de films mettant en scène des problématiques faisant intervenir l'alimentation, la terre et le mouvement écologique...
Pour cette édition, plusieurs films-documentaires sont proposés et sont diffusés constituant l’essentiel de la filmographie prévue pour l’évènement :
- Le pain des tropiques
- Les déportés dû libre-échange,
- LoveMEATender,
- Cultures en transition,
- Taste the waste,
Par miles films disponibles traitant des sujets en accord avec ces problématiques, se trouve un documentaire filmé et réalisé en Haïti. Le titre " Le pain des tropiques" se réfère à la Cassave, cette galette cuite à partir de la farine de manioc.
La fabrication de la Cassave est mise en évidence au centre d'une réflexion concrète sur l'agriculture écologique qui dans certaines régions d'Haïti a rendu possible de vrais miracles.
Le film a bien entendu dépeint un pan de la réalité du pays avec cette paysannerie abandonnée, négligée et ignorée.
Un intervenant au eu le courage de dire que la nation haïtienne a été construite contre la paysannerie.
Les paysans haïtiens laissés pour contre à travers l’histoire sont devenus ce groupe qui pour survivre, s'est acharné, malgré lui, contre la terre comme un serpent qui mord et ronge sa propre queue.
Tandis que l'aide internationale, est montrée avec l'ampleur de son côté néfaste en se positionnant carrément contre la production nationale. Comme un exemple palpable, des sacs de riz estampillés USA apparaissent en nombre important sur les étalages des commerces et des marchés.
Pendant ce temps, les paysans observent et se comportent eux aussi comme agents nocifs, de la dégradation continue de l'environnement.
Il a fallu l'arrivée de ces groupements de réflexions, conscients de l'état déplorable et incompatible à la vie de l'environnement paysan, pour que se produisît ce mouvement qui semble fort heureusement embraser l'arrière pays.
Le film soulève beaucoup d'autres questions.
Mais ce que l'on devra retenir c'est qu'avec la philosophie et la démarche de l'agriculture écologique aujourd'hui il s'est poussé une conscience collective basée sur l'harmonie indispensable qui doit exister entre le paysan et la terre qui est une entité qui mérite des soins et une attention équivalente à celle prodiguée aux humains.
Ainsi, au fil des années, des terres complètement érodées finissent par reverdir et se réhabiliter pour nourrir les paysans et leur permettre de subvenir à leurs besoins.
Le mariage de raison entre l'homme et la terre est vu et vécu comme une réalité palpable et salutaire.
Cette entente idyllique est porteuse d'espoir pour les pays ou l'érosion constitue une vraie cause de misère et de pauvreté.
Les terres les plus fatiguées peuvent avoir une seconde vie, si on en prend conscience dans toutes les strates de la société.
Il y a là un vrai travail à faire et surtout à encourager et à poursuivre.
Le film montre aussi des images du charbon de bois.
Quelqu'un après la projection m'a demandé si le commerce du charbon de bois rentrait dans une gestion réfléchie de cette ressource.
Bien entendu j'ai répondu par la négative car même aujourd’hui aucun politicien haïtien n'ose dire aux gens d'arrêter de couper les arbres.
Dans plusieurs régions du pays, dans les endroits les plus oubliés, la coupe des arbres pour la fabrication du charbon de bois est le seul moyen de lutter contre la faim. Pour certains il établit la différence entre la vie et la faim.
Pourtant il faudra encore plusieurs dizaines d'années de politique de reboisement
bien menée pour arriver à une reconstitution telle de la couverture végétale qui puisse autoriser coupe d'arbres dans une gestion réfléchie et rationnelle.
Aujourd'hui pour tout haïtien, voir un sac de charbon circuler d'un point à l'autre devrait provoquer une réaction de rejet. On ne bouffe pas le fruit de ses entrailles quand la faim nous tenaille les tripes!
Je sais que c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Mais le message doit être fort et consistant. A la hauteur du danger qui pend sur Haïti et sa survie.
D'autres éléments du film seront analysés ultérieurement
Dans cette remise, il fallait noter cette lueur de vrai espoir devenue clarté salutaire pour ce pays moribond devant son état de délabrement environnemental.
Un spécialiste aurait expliqué très clairement la procédure et les méthodes mises en œuvre pour la régénération des sols.
Le peu que j'ai pu en retenir c'est l'importance de planter "quelque chose". Certaines espèces végétales sont moins exigeantes en terre fertiles et en apport d'eau. Le bambou est beaucoup mentionné.
Il est évident que dans une démarche visant à régénérer les sols moyennant le reboisement, une interdiction formelle de couper les arbres est tacitement inculquée dans la réflexion, élaboration et exécution du projet.
Pendant la projection du film, m'est revenue à la mémoire, une conversation que j'ai eue avec ma mère à propos d'une parcelle de terre que son père, mon grand père, lui avait léguée.
On était dans un camion du transport public pour aller dans le patelin de sa mère dans l'arrière pays de Léogane. A l'époque la route de l'amitié franco haïtienne, unissant Port-au-Prince à Jacmel n’existait pas.
Donc, pour aller chez ma grand mère, il fallait se rendre en voiture jusqu'à Carrefour Dufort, et à partir de là, continuer la route à pied pendant plus de quatre heures, « traverser 101 passes d’eau ».
A un moment du voyage, elle me montra une parcelle de terre qui avait des allures de lit de rivières desséchées depuis des siècles. Une localité appelée "Ka Dini". Je lui ai dit maman cette propriété ne peut se prêter qu'a la construction d'un cimetière.
Pour moi déjà, un environnement dans un état aussi délabré ne pouvait plus être source de vie.
Après avoir vu ce film, je crois que je vais me renseigner pour promouvoir la régénération des sols. Et qui sait, au lieu de cimetière, je pourrais y faire pousser des arbres fruitiers.
Et, tout compte fait, mieux que les propagandes incompréhensibles avec des résultats non visibles, la diffusion à l'échelle nationale du film documentaire "LE PAIN DES TROPIQUES" devrait servir de support pour lancer une campagne nationale de sensibilisation à la régénération des sols à partir de cette vision de l'agriculture écologique.