Publié le 10 janvier 2011
Le Soleil
(Québec) La journée du 12 janvier 2010 débute comme toutes les autres pour la famille Petit-Frère, qui mène une vie paisible à Caradeux, une banlieue située au nord de Port-au-Prince. Les filles se rendent à l'école, et leur père, au travail. Économiste et comptable de formation, Déjuste Petit-Frère occupe depuis près de 20 ans un emploi à la Banque centrale d'Haïti.
Ce jour-là, il quitte le bureau peu après 16h30 au volant de sa voiture. Un collègue de travail l'accompagne. Avant de rentrer à la maison, il doit passer prendre ses filles Anaïka et Dyana, qui l'attendent après l'école à la Maison du livre, rue Christophe. C'est l'heure de pointe à Port-au-Prince, et la circulation est dense rue Pavé.
«Il y avait un blocus ce soir-là, dit-il. On roulait très lentement.» Soudainement, il entend un grand bruit provenant de l'arrière de la voiture. «J'ai regardé derrière, car je croyais qu'une voiture nous avait frappés. Quand j'ai retourné la tête vers l'avant, j'ai vu des maisons s'écrouler. Je me suis dit : "Mais qu'est-ce qui se passe?"»
Des cadavres partout
La ville craque de partout. En quelques secondes, sa vie et celles de millions d'Haïtiens basculent. Il est coincé dans sa voiture. Son esprit s'embrouille. Il panique. «La portière était bloquée par des débris. J'ai dû sortir par la fenêtre.» Une fois dans la rue, il a constaté l'ampleur de la catastrophe. «Il y avait beaucoup de poussière. Les maisons s'étaient effondrées. On voyait des cadavres partout.»
Il a peur. Il pense à sa famille. «En voyant que même le Palais présidentiel et l'édifice de la direction générale des impôts s'étaient effondrés, je me suis demandé : "Mais qu'est-ce qui est arrivé à mes filles?" Ma seule préoccupation était de les retrouver.» Il marche en direction de la Maison du livre au milieu des corps, des fils électriques et des multiples débris qui jonchent le sol. Il y parvient plus d'une heure plus tard et retrouve ses deux filles à l'extérieur, saines et sauves. «Nous étions dans la librairie quand on a senti une première secousse. À la deuxième, on a senti que la librairie s'effondrait et on est sortis. Dehors, les gens pleuraient, criaient et couraient partout», explique Anaïka.
C'est le chaos. Le père et ses filles s'inquiètent maintenant pour Solange et Cybille. Ils mettront près de trois heures pour rentrer à pied. Lézardée de toutes parts, leur maison de pierres blanches a tenu le coup. Tout le monde va bien. Ils ont eu de la chance. «Nous étions juste assez loin de l'épicentre», croit Déjuste.
Le premier mois suivant le séisme, la famille dort dans la cour, à la belle étoile. «C'était trop dangereux de rester dans la maison.» Les secours tardent à se rendre à eux. Au départ, l'aide internationale se concentre au centre-ville de Port-au-Prince et à Léogâne, des secteurs fortement touchés, explique Déjuste. La famille doit donc s'organiser pour survivre. «Grâce à Dieu, nous avions des réserves d'eau et de nourriture.» On leur fournira finalement une tente et des vivres, plus d'un mois après le séisme.
En septembre, le passage de l'ouragan Igor les oblige à retourner dans leur maison. «La tempête avait tout saccagé!» Ils en rigolent aujourd'hui...
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/seisme-en-haiti/201101/09/01-4358496-quest-ce-qui-est-arrive-a-mes-filles.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_vous_suggere_4358495_article_POS1
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 10 janvier 2011
«Qu'est-ce qui est arrivé à mes filles?»
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