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lundi 10 janvier 2011

Carel Pedre: "Sans leadership national, Haïti n’a aucun avenir"

Contributeur: Carel Pedre 10/01/2011
Pour ce journaliste haïtien, témoin de la première heure du séisme du 12 janvier, la reconstruction d’Haïti est impossible sans des dirigeants responsables.

Un an après le séisme qui a frappé Haïti, plus d’un million et demi de personnes vivent sous des tentes. Elles ont subi les pluies, le cyclone, et maintenant le choléra. Si vous demandez aujourd’hui à n’importe quel Haïtien de quoi l’avenir sera fait, il est incapable de vous répondre.
Ces jours-ci, de nombreux articles évoquent la reconstruction du pays. Et on se rend compte qu’au bout d’un an, rien n’a été fait. Haïti est détruite, une grosse majorité de ses habitants vit dans la misère. Aujourd’hui, nombreux sont les Haïtiens qui n’arrivent pas à se nourrir ou à avoir accès à l’eau potable. Beaucoup d’enfants ne vont pas à l’école.
A Haïti, les problèmes politiques sont responsables de nos malheurs depuis toujours, et le tremblement de terre n’a rien changé à cela. Pourtant, les Haïtiens ont eu l’espoir, pendant un temps, que cette catastrophe débouche sur un avenir moins difficile. Haïti a été au cœur d’une solidarité sans précédent, beaucoup d’aide a été promise. Mais rien n’a été fait et aujourd’hui cet espoir a disparu.
On avait besoin après cette catastrophe de leaders en mesure de canaliser l’aide, de la coordonner. Mais au plus haut niveau, personne n’a pris ses responsabilités. Si les milliards d’aide qu’a reçu Haïti avaient été bien investis, les Haïtiens seraient dans une situation différente aujourd’hui. Bien sûr, il y aurait encore de nombreux problèmes, des personnes encore en proie à des difficultés, mais on aurait quand même quelques réalisations.
Tout le monde se souvient de cette image du palais présidentiel détruit par le séisme (NDLR: voir l'image illustrant la tribune). Un an après, à Haïti, ni l’aéroport ni ce palais n'ont été reconstruits. Ce sont deux symboles qui illustrent bien où nous en sommes.
S’il y a des critiques qui s’élèvent aujourd’hui à l’encontre des ONG, je pense qu’il faut d’abord que nous envisagions nos défaillances. Tout se résume à une question de leadership. Ce problème vient de chez nous. On doit donc d’abord blâmer nos dirigeants et ceux parmi les Haïtiens qui sont engagés dans le processus de reconstruction avec la communauté internationale.
Les ONG, qui arrivent pour beaucoup d’entre elles dans un pays qu’elles ne connaissent pas, ne trouvent aucun interlocuteur pour les orienter. Donc aujourd’hui, on voit beaucoup d’étrangers à Haïti mais on ne sait pas ce qu’ils font. Il n’y a pas de coordination de l’aide.
La priorité est donc d’avoir un leadership national, que le processus électoral aboutisse et que les dirigeants prennent enfin leurs responsabilités. Avec d’autres gouvernants, Haïti ne serait sans doute pas dans cette situation de misère aujourd’hui.
http://www.youphil.com/fr/article/03343-carel-pedre-sans-leadership-national-haiti-n-a-aucun-avenir?ypcli=ano

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