Un an après le tremblement de terre, 5% seulement des 20millions de mètres cubes de gravats ont été déblayés. — M. GOAR / 20 MINUTES |
«Parfois, on se demande s'ils ne veulent pas en faire une attraction touristique»
Des plaies encore béantes. Car même si les routes sont enfin praticables, seulement 5% des 20 millions de mètres cubes de gravats (équivalent à environ dix fois ceux du World Trade Center) ont été déblayés. Et les bâtiments de la vieille ville étalent leurs ruines. Comme le Palais des ministères, régulièrement incendié et pillé, et surtout le Palais présidentiel. Concassé par le séisme, le bâtiment continue d'exposer ses entrailles. Personne n'a encore osé s'y attaquer. «Parfois, on se demande s'ils ne veulent pas en faire une attraction touristique», raille Lousteau Roussos, un habitant installé dans le terrain vague de l'ancien palais de justice.
Au milieu de ces administrations effondrées, les habitants survivent et continuent de compter leurs morts qui réapparaissent au fur et à mesure que les chantiers avancent. Vendredi encore, rue Capois, une femme a reconnu le squelette de son concubin grâce à ses vêtements et à sa caméra numérique, provoquant un attroupement.
Un disparu qui s'ajoute aux 250.000 victimes du séisme. Pour les vivants, la «bidonvillisation» de Port-au-Prince se pérennise. Le Champ-de-Mars, artère principale de la ville, est cerné par les camps de réfugiés. Les tentes US AID jouxtent celles à l'effigie de la République de Chine.
«Ils ne savent même pas où ils veulent reconstruire leurs administrations»
«Nous vivons à 2.500 dans ce camp. La corruption règne et nous en sommes déjà à 21 morts du choléra», détaille Carlos Robben, un réfugié, en montrant du doigt le camp de Toussaint-Louverture, qui s'est installé juste devant le Palais présidentiel. Pourtant la situation s'améliore : le nombre de réfugiés est passé de 1,5 million à 900.000 personnes.
Pas assez vite, selon les habitants, qui critiquent l'inefficacité de l'Etat, lequel peut s'appuyer sur les 9,3 milliards de dollars d'aides internationales promis à la conférence des donateurs en avril dernier – même si une infime partie a été pour le moment débloquée.
«Ils ne savent même pas où ils veulent reconstruire leurs administrations», analyse l'ambassadeur de France, Didier Le Bret. «Le séisme a poussé les gens hors de chez eux. L'Etat n'a rien fait pour les remettre dedans», conclut Jan Hanssens, directeur exécutif de la commission Justice et Paix, une ONG haïtienne qui collabore avec le CCFD-Terre solidaire.
—Mathieu Goar
http://www.20minutes.fr/article/650000/monde-haiti-reconstruction-fin
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