Cet texte a été publié dans l'édition du mardi 13 novembre 2007 à la page 14. Malheureusement, une partie totalisant deux paragraphes est restée sur les galets. Par respect pour la mémoire de Justin Lhérisson et de nos lecteurs, nous le publions à nouveau espérant que le lectorat nous pardonnera cette erreur due à une mauvaise manipulation graphique.
Décédé à 34 ans, Justin Lhérisson a laissé une oeuvre immortelle. Cependant, le pays qu'il a tant aimé et qu'il a voulu encore servir sur son lit de mort est sans mémoire, car rien n'est fait pour marquer le centenaire de sa mort, le jeudi 15 novembre 2007. A notre connaissance, rien n'a été prévu par les « autorités politiques et culturelles » du pays pour célébrer l'événement. Et même l'institution littéraire n'a osé parler de sa contribution à notre littérature, de ses lodyans et de ses écrits journalistiques. C'est le silence total sur le centenaire de ce lodyanseur du journal Le Soir.
A part les Editions Presses nationales d'Haiti, dirigées par Willems Edouard, qui ont organisé deux conférences la semaine dernière dans le cadre de la deuxième édition de la Rentrée litteraire (l'une avec le poète Marc Exavier au Collège Marie-Anne et l'autre avec le Dr en littérature Alix Emera à la Bibliothèque Justin Lhérisson) en l'honneur de ce « passeur de génie », aucun événement significatif ne marquera d'une pierre blanche celui qui a analysé avec minutie la situation sociopolitique du pays. L'auteur de « Zoune chez sa ninnaine » est mis aux oubliettes. N'est-ce pas ?
Comment expliquer ce mépris à l'egard de Justin Lhérisson, ce grand visionnaire qui a apporté sa pleine et entière contribution à la littérature haïtienne ? Pourquoi les « autorités politiques et culturelles » du pays ont-elles banalisé l'événement ? Parce qu'elles ont peur que leur conscience ne les interpelle dans leur manière de gérer les affaires publiques. Parce que Lhérisson n'est pas de leur chapelle. Parce que Lhérisson ne fait pas partie des tribus de l'institution littéraire (actuelle). C'est honteux, mais en Haiti c'est comme ça !Notre arme, c'est plutôt l'ignorance. Nous ignorons le centenaire de la mort de Justin Lherisson. Nous ignorons ses travaux littéraires et ses écrits journalistiques parce que nous avons la mémoire courte. Parce que nous sommes sans mémoire. Or un peuple sans mémoire est appelé à disparaitre. Un jour ou l'autre.
Notons bien que cette année, il y a eu deux centenaires : le centenaire de naissance de Jacques Roumain, né en 1907 et le centenaire de la mort de Justin Lhérisson, décédé en 1907. L'un est célébré (dignement?). L'autre est négligé. Tout pour Roumain. Rien pour Lhérisson. Absolument rien pour notre trésor national. Est-ce voulu ?En tout cas, pour ne pas laisser passer sous silence le centenaire de la mort de Justin Lhérisson, le journal Le Nouvelliste lui consacre une semaine au cours de laquelle nos lecteurs auront la possibilité d'apprécier des récensions critiques sur son oeuvre, une analyse sur les lodyanseurs du journal Le Soir, un article sur ses funérailles, un entretien avec Georges Anglade, etc.
Il faut relire, aujourd'hui, Lhérisson, observateur (avisé) des tares et des mesquineries de la société haitienne. Il a laissé de pénétrantes analyses dans ses deux lodyans « La famille des Pitite-Caille », « Zoune chez sa ninnaine », et ses écrits satiriques dans le journal Le Soir. C'est un écrivain confirmé qui, selon Eddy A. Jean, vivra éternellement dans notre mémoire par ses paroles de « La Dessalinienne ». Parce qu'il a su bien présenter notre société avec ses tares et ses vices (esprit superstitieux, concubinage, placage, hypocrisie, commerage, misère paysanne et domesticité). Avec dextérité, bien sûr. « Le maitre, c'est lui », écrit Georges Anglade, chroniqueur au journal Le Nouvelliste.
Il est tard, mais il n'est pas trop tard. Il faut mettre la puce à l'oreille des ministres de la Culture et de l'Education nationale en vue de susciter des débats au niveau des écoles (je veux parler de la classe rhétorique) où Lhérisson fait partie du cursus académique. Je crois que les élèves ont voulu entendre un autre son de cloche différent de la pluplart des enseignants qui ne savent même pas souvent bien répéter le discours critique qu'ils ont lu dans les manuels sur Lhérisson. Il faut ouvrir le débat. Il faut aller vers les élèves. Les initier à la réflexion. Il faut penser à des conférences sur les travaux littéraires et journalistiques de ce passeur.
Donc, revisiter Justin Lhérisson est non seulement un devoir de mémoire, mais aussi une opportunité de comprendre le XXe siècle en vue d'une nouvelle orientation politique et sociale. Parler aujourd'hui de ce lodyanseur est nécessaire. Il le mérite bien. En ce sens, notre démarche pourra aider, sans doute, les enseignants de la littérature haitienne en classe de rhétorique surtout, les étudiants en lettres et les chercheurs. Encore une fois, le débat est ouvert !
Jobnel Pierreguanabo70@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=50710&PubDate=2007-11-17
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
samedi 17 novembre 2007
Silence sur le centenaire de la mort de Lhérisson
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