Haïti: Laboule...Pèlerin...Thomassin...Kenscoff, zones de non-droit ? En tout cas, les bandits, depuis quelque temps, sèment la mort et la peur là-haut. Les efforts déployés depuis trois ou cinq ans pour faire de la Police nationale une institution viable ne sont donc pas absolument satisfaisants. Une police défaillante, controversée, incapable de maintenir l'ordre au centre-ville, entre autres. Dévastatrices, les montées de fièvre criminelle surgissent à intervalles réguliers, malgré les conférences de presse des officiels haïtiens et onusiens pour annoncer leur réussite à travers des statistiques comparatives enchanteresses. C'est toujours agaçant ! Mais l'audace et la cruauté des hors-la-loi viennent sporadiquement, et parfois de façon spectaculaire, « refroidir » la jubilation des autorités policières nationales et transformer la docte expertise des forces multinationales en un rictus affligeant. La contre-performance de la PNH et de la MINUSTAH est aujourd'hui plus foudroyante et plus complète dans les hauteurs de Pétion-Ville que dans n'importe quelle autre région du pays. Pourquoi ? C'est la question à laquelle répond de façon angoissante la géographie en ces termes c'est une zone escarpée, faite de couloirs et d'exit infranchissables en voiture, même un tout-terrain. Le relief montagneux et troué de ces localités en relation avec Carrefour-Feuilles est un exemple stupéfiant de casse-tête, même pour les forces de l'ordre.
Ce qui rend encore ingrate et contre-productive la tâche de la PNH dans les hauteurs, c'est la quantité limitée de ses effectifs opérationnels. Affolés et stressés, les habitants de Laboule, de Pèlerin, de Kenscoff et de Thomassin craignent que l'augmentation des moyens logistiques du petit commissariat de Laboule ou de Kenscoff ne sont pas non plus suffisante pour freiner l'insécurité.
Requinquée par ces cohortes de criminels « libérés » lors du 12 janvier 2010, alimentée sans cesse par la misère, le goût de l'argent facile et la drogue, cette insécurité comporte trois grandes catégories : le banditisme des rues, les truands violents et armés qui rançonnent les commerçants et agressent les passagers dans les quartiers populaires. Au milieu, le banditisme des gangs, dédaignant les minables rapines et les actes individuels, vise les gros coups, dont les kidnappings et les cambriolages ciblés sont les plus prisés. Au sommet, enfin, le banditisme du troisième niveau se compose de dealers de drogue et de tueurs à gages de haut vol. Méthodiques et informés, ils imposent leurs coûteux services aux uns et aux autres, soit dans l'exécution de « contrats », soit dans le cas des règlements de comptes.
C'est aux mafieux spécialisés dans les kidnappings et les assassinats que la police doit faire face dans ces hauteurs rafraîchissantes. Ainsi, Thomassin, comme Pétion-Ville, comme la plupart des autres villes de province (on voit se dessiner une certaine décentralisation de l'insécurité), ne connaît quasiment aujourd'hui qu'une seule certitude : l'incertitude.
Pierre-Raymond Dumas
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83340&PubDate=2010-09-09
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
vendredi 10 septembre 2010
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