Google

vendredi 10 septembre 2010

Carol Joseph avoue son échec, mais reste en poste

Engagée à la sauce cubaine sous le thème « Wi nou kapab » (Oui, nous pouvons), la campagne d'alphabétisation haïtienne a été clôturée sans avoir atteint les 5% d'alphabétisés qu'elle s'était donnée comme objectif. Ce programme, lancé en septembre 2007 par la Secrétairerie d'État à l'Alphabétisation (SEA), n'avait pas obtenu le budget nécessaire pour réussir, se défend Carol Joseph, qui veut voguer entre l'échec et la réussite. Haïti: « La campagne a échoué. Je dois l'admettre en toute humilité. Mais cet échec doit être aussi considéré comme mon échec, celui du peuple haïtien et celui du gouvernement. » Dans son calme habituel, Carol Joseph, le secrétaire d'Etat à l'alphabétisation, ne se fait aucun souci. L'officiel, qui clôture sa campagne engagée pour trois ans, veut tant bien que mal donner au public le résultat promis pour le 8 septembre 2010 lors du lancement de ce programme en septembre 2007.
« En Haïti, les dirigeants n'ont pas l'habitude de rendre des comptes, dit-il. Nous, nous l'avions promis en lançant la campagne et nous tenons à respecter nos mots. » Embrassée sous la trilogie 3 ans, 3 millions, 7.5 milliards de gourdes, la campagne d'alphabétisation a quand même fait son petit bonhomme de chemin en ne respectant que la première composante : les 3 ans. Mais des 3 millions d'alphabétisés escomptés, seulement 40 820 personnes sont sortis avec un « certificat », tandis que la SEA n'a reçu pour cette période que 217 millions de gourdes dont 97 millions liés à la campagne.
En arrivant à la tête de la SEA, Carol Joseph s'était fixé une mission : éradiquer l'analphabétisme en Haïti. D'ailleurs, un accord passé entre lui et Jacques Edouard Alexis, Premier ministre d'alors, conditionnait son acceptation de ce poste à l'implémentation de diverses campagnes susceptibles de créer l'impact voulu. Mais, la campagne d'alphabétisation ayant fait long feu, est-ce l'échec du secrétaire d'Etat ?
Ce dernier n'y croit pas. Car, explique-t-il, en bénéficiant seulement de 4.1% du budget prévisionnel, la campagne d'alphabétisation qui se proposait d'éradiquer l'analphabétisme sur tout le territoire a pu atteindre néanmoins les 4.8% de l'objectif visé. Le secrétaire d'Etat s'en réjouit carrément et impute l'échec à l'Etat.
Joseph n'échoue pas avec la campagne
Pour Carol Joseph, il manquait aux trois administrations auxquelles il appartient la volonté politique d'amener la population illettrée hors des liens du « je pete klere ». Mais, le constat dressé et le regret de ne pas pouvoir relever le défi qu'il s'était fixé sont loin d'être une embûche au secrétaire d'État de s'attacher à son poste. D'ailleurs, en imputant ce revers à la restriction de son budget, il croit dur comme fer avoir fait du bon travail. « La campagne a échoué, mais mon administration a gagné le gros lot en mettant en place certains réaménagements qui permettront dans le futur de se colleter aux réalités », s'enorgueillit M. Joseph, qui se félicite d'avoir bouclé sa campagne là où les autres échouent sans même atteindre le quart de leur temps imparti. « C'est pour la 1ère fois qu'une campagne est parvenue à s'attaquer à l'analphabétisme jusqu'à le réduire de 4.8% », renchérit le secrétaire d'Etat.
19 rapports ont été remis depuis le lancement de cette campagne qui a permis à la SEA d'identifier les problèmes fondamentaux liés à une campagne d'alphabétisation en Haïti. Des recommandations ont été faites en vue d'éviter les obstacles qui ont fait échouer la campagne. Entre autres propositions, pas de campagne massive sans fonds prédisposés, et s'attaquer à l'analphabétisme en scolarisant au niveau de la petite enfance.
Sans vouloir tomber dans du chauvinisme, Carol Joseph reconnaît avoir eu la conviction de ne pas aller à la recherche de fonds pour alimenter le budget de la campagne afin de parvenir à un grand taux de réussite. « L'éducation dans un pays est un acte de souveraineté. J'ai voulu garder une certaine distance par rapport à la communauté internationale qui ne s'intéresse pas non plus à l'alphabétisation », se défend-il.
M. Joseph explique que sur l'aide internationale, seulement 15% sont réellement injectés dans les projets financés, tandis que la majeure partie de l'aide est dépensée dans des détails logistiques. D'autant plus que la campagne avait une vocation de création et de distribution de richesses. « Le financement d'un tel programme se devait d'être haïtien », dit-il.
En tout cas, les 75 000 classes prévues avec 75 000 moniteurs dedans n'ont pas vu le jour à travers les 10 départements géographiques d'Haïti. Reste à savoir si une autre équipe gouvernementale viendra donner au secrétaire d'Etat la chance d'alphabétiser les 3 millions d'Haïtiens bien-aimés à travers une autre campagne.
Lima Soirélus
lsoirelus@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83408&PubDate=2010-09-09
Haïti Recto Verso commente:
Comment un gouvernement peut-il créer une secrétairie d'Etat à l'alphabétisation avec l'empléomanie et les dépenses bureaucratiques que cela engendre pour oser octroyer après 4.1% du budget  d'un programme d'alphabétisation?
Comment un secrétaire d'Etat à l'alphabétisation peut-il rester en poste sans démissionner en constatant que l'Etat s'engage à lui donner que 4.1% du budget prévu pour un programme d'alphabétisation?
C'est dommage qu'il n'y ait pas de parlement pour des interpellations!
Ce n'est point qu'un euphémisme que de dire que nous vivons de la mendicité. J'aime bien répéter que même pour creuser des latrines -aujourd'hui en 2010 dans nos grandes villes - il nous faut un bailleur de fonds. Les bailleurs de fonds qui sont loin de garder les fonds des plus riches aujourd'hui se trouvent facilement à court de ressources tenant compte du nombre chaque jour croissant de demandeurs de fonds.
Cela ne va pas s'améliorer car il n'y aura plus de révolution à la Cubaine. Fidel vient de le dire. Sa méthode ne donne pas de résultat même à Cuba!
Donc il faudra établir de stratégies prioritaires dans l'utilisation "utile" des fonds que l'on voudra bien nous accorder.
Dans ce contexte il faudra malheureusement faire un choix entre scolariser les enfants et alphabétiser les adultes...Moi personnellement je pense qu'il faut essayer de rompre un cercle vicieux en restant logique et pragmatique.
Vous voyez ce que je veux dire?

Aucun commentaire: