Gina Faustin, habillée par le ministère de la Culture |
Gary Pierre Pierre, directeur du magazine « Haitian Times », un téléphone à l'oreille, passe des instructions par-ci, par-là pour le son du char, la décoration etc. Le barbecue traditionnel est au rendez-vous. Beaucoup de va et vient, un spectacle particulier cette année. En effet, Doc, Jimmy, Kevens et Larochelle, du mouvement « LORAY », sont en train de transformer à coups de pinceau ce char du ministère en une véritable oeuvre d'art.
Une curiosité, mêlée d'admiration, est, peinte sur tous les visages. On sent la fierté de tous les Haïtiens et Haïtiennes qui s'extasent devant le chef-d'oeuvre qui prend corps.
- Haïti est réellement prise en compte cette année, dit un jeune homme avec un accent qui rappelle celui du Cap-Haïtien. Une dame de répondre
- " Kominote Jamayken an pap pran devan n ane sa a ".
Les badauds déguste ce dimanche soir comme s'il s'agit d'un verre de champagne.
On peut voir Merline, Sony, Nazaire, Winifred et les autres s'assurer de la bonne marche pour le lendemain, tandis que Gabrielle Justa de Canal 11, de son côté, fait corps avec sa caméra, voulant tout voir, tout prendre sans laisser une miette... comme d'habitude. Richarson Dorvil, caméra au point, mitraille tout ce qu'il voie.
Minuit passé, la ministre de la Culture, Marie Laurence Jocelyn-Lassègue, fait un dernier tour. Fatiguée, mais heureuse de voir que toute la mise en place est assurée. L'équipe l'est également, d'avoir planté enfin le décor pour que la communauté haïtienne de New York accueille son carnaval du Labor Day 2010.
Le Labor day
La fièvre en ce début de journée gagne New York à petits feux, les routes sont barricadées, des hommes et des femmes déguisés vont et viennent sans se soucier de la reprise des activités le jour suivant. Les saveurs de mille et un barbecues font monter l'eau à la bouche des carnavaliers. La Jamaïque, la Barbade, Trinidad, Sainte-Lucie, toutes ces îles de la caraïbe, investissent le bitume pour voir passer leur délégation ainsi que danseurs, danseuses, musiciens et chars, etc. Des couleurs chaudes et vives font voyager tous ceux qui sont présents soit vers un coin de terre déjà connu ou vers un autre qui les fait rêver depuis longtemps déjà. Les Haïtiens et Haïtiennes, pour leur part, attendent avec une impatience quasi enfantine les premiers accords de T-Vice, de Carimi ou de Djakout #1. On murmure également que Gina Faustin et sa troupe font partie des cinq (5) devant ouvrir le défilé.
La ministre haïtienne a pour sa part rejoint les autres représentants de la Caraïbe invités à prendre le petit déjeuner avec le gouverneur de l'Etat de New York, David Patterson, et d'autres personnalités de la ville. La participation d'Haïti est chaleureusement saluée. Notons la présence dans la salle de l'artiste Michel Martelly, actuellement candidat à la présidence d'Haïti. A l'issue de cette rencontre, Marie-Laurence Jocelyn- Lassègue a eu un bref entretien avec le Gouverneur Patterson.
Le défilé va enfin s'ébranler: couleurs et créativités en parfaite symbiose captent l'attention de tous. Haïti est représentée par le groupe culturel "Kompa Guide" dirigé par Gina Faustin et Joseph Noisette, avec la participation de «Mikerline école de danse». La ministre de la Culture a ramené d'Haïti les costumes portés par ceux et celles qui défilent. Ils ont ainsi pu apprécier les talents de la styliste haïtienne Yvonne Prophète.
Marie-Laurence Jocelyn-Lassègue accepte de monter sur le char de « Kompa Guide » non seulement pour marquer la volonté du gouvernement haïtien de s'impliquer dans les activités culturelles de la diaspora, mais également en signe de remerciement à celle-ci face à sa solidarité avec les compatriotes de l'île, après l'événement du 12 janvier.
Défilé carnavalesque
Vient enfin le tour des chars haïtiens, moment tant attendu. En tête, Carimi assure avec brio une ambiance à la "Zandolit", meringue qui fait succès en 2009. La performance a émoustillé la diaspora new yorkaise présente sur Eastern Parkay et en quête d'un plaisir "made in Haïti." Cependant, si cette joie est donnée, elle n'est pas partagée par les musiciens. Car, dans les rangs de Carimi, Michael Guirand, chanteur principal du groupe, vient de perdre son père le matin même. Fritz Hyacinthe, dit « Fito Farinen », le manager, exprime en des termes clairs sa satisfaction et remercie vivement le « Haitian times » pour son support.
Comme à l'accoutumée, Anténor Hervé "Shaba" de Djakout #1 harangue la foule avec des slogans les uns plus amusants que les autres. Les premières notes de la meringue «T-Vice manniget» coupe la température, qui tente de se rafraîchir, en faisant vibrer les participants du Labor Day. Le char du ministère, sur lequel se trouve Djakout #1, ne manque pas sur tout le parcours d'attirer les regards et des compliments de la foule. Décoré par des professionnels de l'art, il est vrai qu'il tranche parmi les autres qui sont habillés de panneaux publicitaires. Rolls Lainé (Roro), en bon doyen du groupe, relance par un mot ou une phrase sa bande venue d'Haïti pour le plaisir des carnavaliers de la communauté de New York..
Jean Emmanuel Jacquet et Paul Vilfranche, plume en main, la tête en effervescence, cherchent des mots pour décrire des retrouvailles ponctuées de rires et de grandes accolades de ceux et celles qui se retrouvent, l'espace de ce week-end du carnaval. Fredo de " Kanpech", de son côté, est tout heureux sur le char, savourant sa première fois au carnaval du Labor day. Sa présence est également appréciée par ceux qui le reconnaissent.
Jamais l'un sans l'autre, T-vice est au talon de Djakout # 1 pour garder le rythme et procurer à tous ces bouffées de joie et de chaleur qu'ils vont emmagasiner pour les jours à venir. D'une meringue à une autre, la bande à Roberto électrise son passage sur Eastern Parkway. Leur professionnalisme habituel permet aux uns et aux autres de danser sur le parcours comme s'ils sont au pays.
Yannick Gaston, pour sa part, consultante proposée par le ministère pour appuyer la communauté pour sa participation au carnaval caribbéen, prend des notes en vue d'un contenu culturel de poids lors des prestations des compatriotes à Miami, Boston, Montréal, Paris et ailleurs.
Le promoteur culturel Zagalo, en bon habitué du Labor day, ne semble pas étonné le moins du monde d'entendre à 5 heures le coup du sifflet des agents de l'ordre mettant un terme à cette ambiance euphorique, qui laisse les fêtards sur leur faim. Il semble que les organisateurs reprochent aux chars haïtiens de ne pas être précédés, comme les autres, de personnes déguisées, comme le veut la règle au carnaval caribéen.
Le ministère de la Culture et de la Communication a du pain sur la planche!
7 septembre.
Il est 6h 20 a.m. Je vous quitte, un avion n'attend pas.
Sandra Rabrun
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83493&PubDate=2010-09-21
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