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mercredi 22 septembre 2010

Ayikodans au 6e festival de danse contemporaine de Santo Domingo

Haïti: Ayikodans, la prestigieuse compagnie de danse dirigée par le chorégraphe Jeanguy Saintus (prix Prince Claus 2008 pour l'ensemble de son oeuvre chorégraphique) participera, aux côtés des compagnies brésilienne, italienne et espagnole, à la 6e édition du festival de danse contemporaine de Santo Domingo, Edanco, qui se tiendra du 22 au 29 septembre à Palacio de Bellas Artes, a annoncé la direction de la compagnie.
Le chorégraphe Jeanguy Saintus
(Photo: Partrice Dougé )
Ayikodans participera à cette grande rencontre autour de la danse avec deux chorégraphies du directeur fondateur d'Artcho danse : « Amores prohibidos » et « Anmwe w Ayiti manman », la création en date de Jeanguy Saintus. Ces deux pièces seront présentées respectivement les samedi 25 et dimanche 26 septembre au théâtre dominicain, nouvellement réhabilité pour accueillir le festival international de la danse contemporaine et non à la Sala Manuel Rueda où, en 2007, dans le cadre du festival des pays ACP, la compagnie avait présenté « Résistance », une création contemporaine de Jeanguy Saintus.
« Amores prohibidos » est une oeuvre dans laquelle le chorégraphe dénonce, par le foyer corporel de ses talentueux danseurs les tabous sexuels, les interdits, le sexisme. « Amores prohibidos », c'est aussi une création contemporaine qui témoigne de la diversité et de la richesse du répertoire chorégraphique de Jeanguy Saintus. Une oeuvre qui interpelle les consciences par la trame des histoires, la théâtralisation des personnages. Dans cette chorégraphie culminent des gestes, des mouvements significatifs, se refusant à tout refoulement. Les interprètes se dépouillent pour entrer dans la peau des personnages qu'ils incarnent, et pour mettre à nu la société qui réprime les fantasmes, la liberté individuelle.

Cette scène de « Anmwe w Ayiti manman »  montre
un personnage (Linda Isabelle François) esseulé, angoissé,
 jeté dans le vide.
La lumière, création du scénographe guadeloupéen Raymond Sardaby
(intégrant Artcho depuis 2002), traduit bien cette scène.

(Photo: Maud Hostache Bandou)
 « Anmwe w Ayiti manman », la nouvelle création de Jeanguy Saintus, est un grand cri face à l'horreur, le désespoir, l'angoisse et aux deuils que provoque le drame du 12 janvier. Le tragique domine cette oeuvre dans laquelle le chorégraphe campe des personnages esseulés, horrifiés, sans recours, face à la destinée d'un pays meurtri. C'est un cri profond où l'on sent toute la douleur d'un pays qui se déchire, qui se meurt. La musique choisie (celle de Toto Bissainthe, James Germain et celle chantée par de toutes nouvelles voix prometteuses, comme Emmanuel Bonnet du groupe Chay Nanm) se mêle aux formidables scats et aux poèmes (dits par le comédien de la troupe Actelié Saint-Phar Pyram). Le tout crée une ambiance triste, sombre dans cette chorégraphie où se mêlent transe, frénésie et méditation.
« Anmwe w Ayiti manman » a été présentée pour la première fois à la 2e édition de la Biennale danses Caraïbe à la Havane. Cette 2e Biennale, une coproduction de Cultures france et du Conseil national des arts de scène (une entité du ministère cubain de la Culture), a été marquée, entre autres activités, par des concours de danse contemporaine, des ateliers d'écriture chorégraphique et des rencontres professionnelles entre danseurs et chorégraphes. Deux compagnies haïtiennes y ont été invitées : le centre de danse Jean-René Delsoin et la compagnie Ayikodans de Jeanguy Saintus.
Ce personnage, horrifié, pleurant le drame
 de son pays,  est incarné par la grande danseuse
Linda Isabelle François,
dans « Anmwe w Ayiti manman ».

(Photo: Maud Hostache Bandou)
Dans le cadre du festival Edanco, Jeanguy Saintus animera des « mater class » au conservatoire de danse de Santo Domingo, au cours desquels il interviendra autour de sa technique, de son langage, de ses approches contemporaines et de ses emprunts à la danse traditionnelle, classique et contemporaine. « C'est important que les gens comprennent le langage, l'esthétique de la compagnie ou de son chorégraphe, de ses techniques de danse, de son style, son mode de création », indique Jeanguy Saintus qui annonce par ailleurs la tenue de rencontres avec les autres compagnies invitées, des écoles et troupes de danse dominicaines.
Après le festival de danse contemporaine de Santo Domingo, Edanco, Ayikodans participera, en décembre prochain, à un grand spectacle autour d'Haïti, qui aura lieu à Adrienne Arsht Center of Performing Arts de Miami - ci-devant Carnival Center- . La compagnie présentera un « Opening » avec Emeline Michel, James Germain, à partir de la chanson traditionnelle « M angaje ». Cette création rassemble différents extraits de chorégraphies de Jeanguy Saintus, qui s'étendent sur plus de vingt ans de travail. En ce même mois de décembre se tiendra en Floride une soirée de levée de fonds, une initiative des amis de la compagnie. À cette occasion, les créations « Anmwe w Ayiti manman » et « Amores prohibidos » seront présentées.
Au cours du mois d'août dernier, Artcho danse a organisé Ayitidans, un atelier de danse à l'intention de jeunes danseurs de hip hop venus des quartiers de la région métropolitaine de Port-au-Prince et de la commune d'Aquin. Cette session de formation a été animée par le danseur et chorégraphe d'origine guadeloupéenne, Yannick Lucol dit Datta. Le clou de cet atelier a été la création par Datta de la chorégraphie « La direction », qui a été interprétée par les danseurs qui ont participé à la formation le vendredi 4 septembre au studio-théâtre Dansepyenu d'Artcho danse.
Chenald Augustin
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83604&PubDate=2010-09-21

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