Pour faire face à leur avenir incertain, plusieurs centaines de jeunes Haïtiens déboussolés par les difficultés du pays, ont répondu à l'offre de bourses d'études du gouvernement sénégalais largement diffusé dans les médias haïtiens. Pour 100 bourses d'études proposées, environ 2 000 Haïtiens ont déposé des dossiers de candidature afin de démarrer ou de poursuivre une formation universitaire d'ici le mois d'octobre prochain au pays de Léopold Sédar Senghor. Haïti: Près de 2 000 jeunes Haïtiens ont manifesté le désir de partir pour le Sénégal poursuivre leurs études universitaires. Sans perspective d'avenir, ils prennent très au sérieux l'offre du président sénégalais Abdoulaye Wade, qui depuis le séisme du 12 janvier s'est engagé à apporter son soutien à Haïti en leur offrant des bourses d'études.
Muni d'une enveloppe contenant toutes les pièces requises, Josaphat fait la queue devant les locaux de la Haïti Tech (SONAPI) pour s'inscrire au programme de bourse d'études du gouvernement sénégalais. Âgé de 25 ans, il se dit indigné de la situation du pays. Il espère vivement poursuivre ses études de l'autre côté de l'Atlantique. « Je me vois déjà au Sénégal. L'essentiel, c'est de trouver une vie normale pour étudier et envisager un meilleur avenir. Si je reste en Haïti, mon avenir est foutu. Je suis très tenté par l'aventure sénégalaise. Pour moi, étudier dans un pays comme le Sénégal me permettra de tourner une page de ma vie et parvenir à un avenir meilleur », affirme Josaphat, l'air déterminé. Il fallait lire l'enthousiasme qui brillait sur le visage de ces postulants désireux de laisser le pays.
Josaphat, comme tant d'autres jeunes, avait attendu avec beaucoup de patience la concrétisation de l'appel du président Wade, qui encourageait le retour des Haïtiens à leurs origines. « C'est avec une joie indicible que j'ai reçu l'appel à candidature pour étudier au Sénégal. Je crois que partir vers ce pays africain me permettra de mieux préparer mon avenir qu'ici, en Haïti », explique Lyndor, un étudiant universitaire. Joséphine, une bachelière qui galère depuis deux ans faute de pouvoir entamer des études universitaires, partage le même avis. Elle cherche à laisser le pays depuis qu'elle sait que le gouvernement sénégalais souhaite offrir des bourses d'études aux jeunes Haïtiens.
A cet effet, une délégation sénégalaise est arrivée en Haïti afin de procéder à la sélection de 100 jeunes qui devront partir le 10 octobre 2010 poursuivre leurs études dans deux universités publiques de ce pays. Selon le recteur, président de l'Assemblée de l'université membre de l'Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal, Mary Teuw Niane, 70 des 100 étudiants boursiers haïtiens sont attendus à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, tandis que les 30 autres iront à l'université Gaston Berger de Saint-Louis.
« L'une de nos préoccupations était de trouver des places au sein des universités de Dakar et de Saint-Louis. Nous offrons un cadre attrayant afin que les jeunes Haïtiens puissent étudier dans d'excellentes conditions », dit le professeur Niane, qui ajoute que cette coopération sénégalo-haïtienne est un moyen de renforcer les liens entre Haïti et l'Afrique.
Pour sa part, le chargé des Affaires internationales et humanitaires du Sénégal, Amadou Lamine Ba, de passage en Haïti dans le cadre du traitement des dossiers de candidature, a fait remarquer que les frais pour les études, l'hébergement et l'entretien des boursiers haïtiens seront à la charge du gouvernement sénégalais. Il a également souligné que ce programme de bourses d'études constitue la première phase d'exécution d'un vaste projet humanitaire et historique mis en oeuvre par le président Wade, suite au passage du violent séisme du 12 janvier. L'autre phase du projet concerne l'accueil et l'insertion des familles haïtiennes désireuses de vivre au Sénégal, selon la même source.
Parallèlement, le chef de l'État du Sénégal, Me Abdoulaye Wade, dans un communiqué émis la semaine écoulée par le service de presse du gouvernement sénégalais, a confirmé son projet d'accueillir dans son pays des Haïtiens qui veulent retourner à l'alma mater.
« En ce qui concerne l'accueil des étudiants haïtiens au Sénégal, le président de la République a donné des instructions aux ministres Chargés de l'Économie et de l'Enseignement supérieur pour qu'à la rentrée d'octobre ait lieu la réception d'un premier groupe de 100 étudiants », lit-on dans ce communiqué reçu à la rédaction du Nouvelliste par courriel. Le président Wade a également donné des instructions au gouvernement pour que l'examen des dossiers de candidature des familles haïtiennes désireuses de s'installer au Sénégal soit diligenté à son tour et que les modalités d'hébergement soient réglées en collaboration avec les promoteurs privés identifiés.
Soulignons qu'au début des années 60, avec l'arrivée au pouvoir du dictateur François Duvalier, plusieurs centaines de professionnels haïtiens ont dû fuir le pays pour aller travailler en Afrique et au Canada. Bon nombre d'entre eux, enseignants de renom, allaient former en Afrique - au Sénégal par exemple, plusieurs générations d'étudiants, de chercheurs et de professionnels en tous genres.
Amos Cincir
mcincir@lenouvelliste.com
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mercredi 1 septembre 2010
Des jeunes Haïtiens tentés par l'aventure sénégalaise
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