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mercredi 10 octobre 2007

Tiga et sa rotation artistique Par Makenzy Orcel

« Tiga était pour moi un ami, un père spirituel qui m’a appris la technique « Soleil brûlé » et le plus grand bonheur que j’ai, est d’avoir participé à sa rotation artistique. » Ce sont là les premiers mots du peintre Phillippe Dodard à la table ronde qui a eu lieu le lundi 8 octobre à la salle polyvalente de la Fondation connaissance et liberté (Fokal) sous le thème : l’œuvre et la conception artistique de Tiga dans le cadre de la semaine hommage à ce grand peintre sous le haut patronage du Ministère de la culture et de la communication avec le soutien de l’Ambassade de France en Haïti.
Selon, Dodard, le premier intervenant de la soirée, la technique du « Soleil brûlé » est née d’une réaction chimique qui permet de trouver une ombre sur laquelle on peut faire rejaillir la lumière. Il a aussi mis l’accent sur l’œil qui est omniprésent dans l’œuvre de Tiga, qu’il considère comme une sorte de passage du connu vers l’inconnu, du rêve à la réalité. Une réalité qui ne se laisse pas saisir à première vue mais qui aide l’œuvre à garder sa substance. « Tout pour Tiga peut être transformé en objet d’art » a conclu Dodard.
Autour de la table, il y avait d’autres intervenants tels que : Frantz Large, l’essayiste et critique d’art Mérès Wèche qui vient tout juste de sortir un livre sur Tiga.
Wèche pour sa part a fait une étude plutôt exhaustive des œuvres de Tiga. Il a laissé un moment de côté le « Soleil brûlé » pour aborder l’aspect métaphysique et la haute dimension symbolique de l’œuvre en cernant Tiga de la céramique à la peinture. Le choix des couleurs, le traitement des sujets et des formes dans la peinture de Tiga créent une synthèse intéressante, a t-il affirmé. Tout en campant Tiga comme un génie, il n’a pas contredit cependant la feue Madeleine Paillère, l’une des premières critiques d’art haïtienne pour ne pas dire la première qui décelait déjà dans les toutes premières démarches esthétiques de Tiga un peu de Wifredo Lam et de Saint Brice. Une forte complicité entre l’ombre et la lumière, entre le vécu et le non-vécu ou le survécu, entre l’ici et l’ailleurs qui s’enchaînent dans la plupart de ses créations. Frantz Large qui était arrivé en retard a anticipé sur le thème retenu pour la table ronde qui se tiendra au même local le jeudi 11 octobre : « La vie et l’action de Tiga ». Il a essayé, dans des « envolées lyriques et même parfois poétiques » de son exposé – pour citer le poète dans la peau d’un modérateur modeste Gary Augustin – de montrer combien le travail de Tiga est plein de vitalité et est ancré dans le réel haïtien, dans le vaudou. Il a retracé aussi les moments troublants qu’a connus l’artiste sous le régime des Duvalier, et qui ont eu des répercutions sur son œuvre. Large a utilisé des termes qui ne rendent pas pourtant service au thème, ni à la compréhension de plus d’un, a un peu déploré Marc Exavier. Mais ce qui a surpris, c’est quand Dodard, pour répondre à une question venant du public, a dit reconnaître certaines failles dans l’œuvre de Tiga sans pour autant les révéler. Selon lui Tiga n’arrivait jamais à les corriger parce qu’il vivait trop dans ses rêves. « Des failles que je ne considère pas comme des fautes, dit-il, je suis un admirateur de Tiga. »
mercredi 10 octobre 2007
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