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dimanche 14 octobre 2007

Tiga : signifier plutôt que représenter

par Jean Emmanuel Jacquet
L'oeuvre de Jean-Claude Garoute suit directement le processus de la création, signalée par le mouvement spiralique qui y est présente. A ce point, l'un de ses plus proches élèves, Philippe Dodard, aurait dit que tout ceci marquait le commencement et la fin. Ainsi, ce dernier répétait continuellement cette phrase éternelle de Tiga «On ne commence pas, on ne recommence pas, on continue».
D'autres auraient dit autre chose qui vient s'ajouter à ce qu'a dit Dodard, comme, par exemple, le ministre de la Culture et de la Communication, Eddy Lubin qui, lui, pense que dans l'oeuvre de l'artiste il y a la célébration de la vie, ou comme Michel-Philippe Lerebours affirmant que Tiga cherchait à signifier plutôt qu'à représenter.Toutes ses déclarations donnaient à découvrir l'oeuvre de l'artiste exposée au Musée d'art haitien du collège Saint-Pierre. Et c'est là, dans une ambiance festive, que s'est déroulée, le dimanche 7 octobre 2007, la première journée de la semaine-hommage à l'artiste multidimensionnel, en présence de plusieurs personnalités du monde artistique et culturel haitien, des parents et amis de l'artiste.Comme annoncer au lancement, est ouverte, vers 10 h du matin, cette exposition Rétrospective des oeuvres de Tiga. Par une matinée très sombre, les organisateurs ont monté le programme de façon à permettre aux visiteurs de témoigner leur admiration de l'oeuvre de l'artiste et en même temps découvrir une première partie de sa dimension artistique.Introduite par la directrice des Ateliers Jérôme, Mireille Pérodin Jérôme, la journée au Musée d'art haïtien a été investie d'amateurs de l'art, de critiques d'art, de peintres, ... qui sont venus voir des oeuvres de Tiga tirées dans les collections du musée d'art haitien, du Musée du Panthéon national d'Haïti (MUPANAH), des collections privées, ...
Après les témoignages pleins d'émotions de quelqu'un qui a été pendant longtemps avec Tiga, Louis Dubois, l'évêque de l'Eglise épiscopale d'Haïti, Mgr Zaché Duracin a présenté au public les propos de cette église. Tiga a contribué à l'épanouissement de la culture haïtienne. « Sa mort, et d'ailleurs toute mort, doit être vue comme la porte de la vie éternelle ».Combien sont ceux qui ont promis à quelqu'un, après sa mort, de continuer son travail ? Combien ont tenu leur promesse ? Mme Claude Michel et Marie Pascal Garoute, les deux filles de Tiga, sont de ceux-là. La première a dit avoir promis à son père - qui lui avait demandé d'appréhender une série de thèmes, dont la cosmogonie-de tenir le flambeau. Mme Claude Michel a beaucoup mis l'accent sur la simplicité et la passion de Tiga dont elle tient la force. Malheureusement, elle n'a pas pu terminer son intervention, tellement elle était en larmes.
Nombreux sont ceux qui reconnaissent l'incontournable valeur de la rotation artistique par son pouvoir de libérer l'individu et de l'initier à la dimension humaine. En effet, l'initiateur du mouvement l'a signalé dans un texte extrait de Laboratoire de Création en Rotation artistique Saint Soleil d'Haïti. « La méthode Rotation artistique consiste en l'utilisation simultanée des différents supports sensibles ou médiums correspondant à chaque organe sensoriel ».Certains ont dit avoir découvert le sens des symboles. Philippe Dodard accepte avoir appris le sens et le graphisme du vêvê et découvert la poterie indienne grâce à la formation qu'il a eue aux côtés du peintre. Son frottement avec l'artiste l'a conduit à demander aux parents de laisser venir leurs enfants aux musées et aux ateliers d'art.
Tiga s'est beaucoup fait remarquer par son amour des hommes, du partage. Le ministre de la Culture et de la Communication, Eddy Lubin, a demandé que chacun se fasse le messager de son héritage. Il a souligné que le jour où notre culture sera diffusé dans les classes, on aura un Haïtien nouveau, un homme nouveau, un pays nouveau.
Jean Emmanuel Jacquet
zebaklandy@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=49658&PubDate=2007-10-13

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