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vendredi 15 octobre 2010

Jean-Louis Chéry : son histoire est une fidélité à la pierre taillée

Depuis plus de 25 ans, l'artisan Jean-Louis Chéry ne s'occupe à d'autre activité qu'à celle de transformer les pierres en de véritables objets d'art. Le métier de la pierre taillée l'a tout bonnement adopté, car avant de se lancer dans cette aventure, M. Chéry s'était fait enrôler dans les forces armées d'Haïti. Affecté par la tragédie du 12 janvier, il recommence durement, sous les bâches, à ciseler les pierres pour préparer sa troisième participation à Artisanat en Fête 2010.
Haïti: « Je ne veux rater ma participation à Artisanat en Fête pour rien au monde. Cet espace offert aux artisans me permet non seulement de vendre mes oeuvres, mais surtout de faire de nouveaux contacts desquels peuvent provenir de nouvelles commandes de produits », déclare Jean-Louis Chéry au journal Le Nouvelliste, qui a visité ce week-end son atelier de travail de Gressier.
Sous des prélarts, lui et ses cinq ouvriers préparent activement les produits qui vont être exposés les 16 et 17 octobre au Parc historique de la Canne-à-Sucre, lesquels produits sont très variés. Son podium sera agrémenté par des produits artisanaux utilitaires comme des coffrets, des cendriers, des bols... Il aura aussi des bibelots comme des statuettes, des chatons, des tortues... Il exposera également des produits abstraits puisés dans son imagination.
C'est l'amour de son métier qui l'a épargné de la catastrophe du 12 janvier. « Mes enfants revenaient de Jacmel et comme je préparais un produit, je les ai reçus là où je travaillais, au lieu de la maison, car je n'aime pas être dérangé dans mon travail. Quelques minutes après, le tremblement de terre a tout détruit », explique Jean-Louis Chéry, la voix rauque. Sa maison, sa maisonnée et le dépôt de son atelier ont tous été détruits le 12 janvier.
M. Chéry réalisait en effet une commande de « petit coeur » en pierre qu'il a obtenue en 2009 à la suite de la troisième édition de Artisanat en Fête. « Toute la commande s'est trouvée sous les décombres », dit-il tristement, montrant la cicatrice d'une blessure qu'il a eue sous le menton lors du tremblement de terre. Sa dernière fille de quatre ans, Nedjlie, a eu la tête blessée en trois endroits. « Mais heureusement personne n'était à la maison », dit-il, comme pour remercier le ciel de ce qu'aucun de ses enfants n'y a pas laissé sa peau.
Depuis le mois de mai, l'atelier Chéry s'attèle à la réussite de sa troisième participation à Artisanat en Fête. « Nous allons exposer plus de 200 pièces de diverses dimensions au Parc durant les deux jours de la fête des oeuvres artisanales », indique Jean-Louis Chéry, invitant le public à venir en masse à cette foire pour découvrir ses nouveaux produits. M. Chéry indique que ses travaux sont exposés quotidiennement à l'Institut de recherche et de promotion de l'art haïtien (IRPAH).

Le choix final de sa vie
Issu d'une modeste famille, Jean-Louis Chéry s'était fait, très jeune, enrôler dans les forces armées d'Haïti pour pouvoir subvenir aux besoins de ses parents. Après des hauts et des bas, il quitte l'armée d'Haïti en 1982. Il se rendit à la paroisse de l'Arcahaie dirigée à l'époque par un prêtre avec qui il célébrait la messe pendant sa jeunesse comme enfant de coeur pour devenir instituteur à l'école de la paroisse. Après deux années de service, M. Chéry s'est rendu compte que la modique somme mensuelle qu'il gagnait ne pouvait pas lui permettre de mener sa vie.
En 1984, il abandonne le métier d'instituteur. Il quitte Arcahaie et rentre à Carrefour où son jeune frère Paul Destin gagnait sa vie grâce à la pierre taillée. Il devint ouvrier à l'atelier de son frère et apprit le métier de la pierre taillée. Deux ans plus tard, il inaugura son propre atelier à Gressier où il pratique et vit de son métier depuis plus de 25 ans. « Je n'ai d'autre source de revenu que mon métier de la pierre taillée », avoue-t-il, ajoutant qu'il a pris soin de ses onze enfants grâce à sa profession. Il regrette qu'aucun de ses enfants n'ait voulu apprendre son métier.
Carlin Michel
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=84488&PubDate=2010-10-14

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