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vendredi 15 octobre 2010

De l'artisanat haïtien à Macy's

Haïti: Il y a 10 jours, j'ai été agréablement surprise de tomber sur un article dont le titre révélateur ne pourrait laisser aucun Haïtien indifférent : "Des produits artisanaux d'Haïti chez Macy's". Heureusement que j'étais à New York ! C'est parfait ! Je suis sur place, je pourrai constater moi-même, en bon Saint-Thomas.
J'ai consacré mon dimanche à cette investigation. Je pensais aller directement dans le fief des touristes, le fameux Macy's de la 34e, Herald Square, Manhattan. Mais comme j'étais à Queens, j'ai décidé de tenter un Macy's moins spectaculaire au Queens Center mall. Je fais le tour et constate, malheureusement, qu'il n'y a aucune trace de ces produits qui me sont si familiers et que j'aurais reconnus à mille lieues.
Cependant, je ne m'inquiète pas trop... ils doivent bien être quelque part, ces produits artisanaux haïtiens.
Je me renseigne et le manager me répond après confirmation téléphonique et consultation sur internet que je trouverai mon butin au Macy's de la 34e. Je ne peux cacher mon sourire en le remerciant, mon intuition première était la bonne, je me dis aussi "wow...on nous a réservé une place de choix ". Le Macy's des Macy's qui se vante d'être l'un des plus grands magasins au monde.
Encore, plus emballée qu'avant, je saute dans le train les yeux fermés. Je suis comme un rat des subways de New York...Je sais exactement où je vais.
20 minutes plus tard, j'y suis. Je vais tout droit vers la section home decor ...c'est ce que j'avais lu dans l'article. Niet...Rien. Je m'enquiers auprès du service à la clientèle qui m'envoie au 8e étage. J'y vais. Je scrute les étalages de tout l'étage. Toujours rien. Je demande encore. Certains employés semblent ne pas être du tout au courant de ces produits et cela m'inquiète un peu. Je vois trois hommes en costume, qui semblaient être des supérieurs attitrés. Je suis à ma énième demande. Je me lance. Sollicite l'information. Et miracle : ils savent de quoi je parle. L'un d'eux m'accompagne vers un de ses collègues qui m'informe que je trouverai mes produits artisanaux d'Haïti au 6e étage. Décidément! Je me retrouve dans les 12 travaux d'Astérix...!
Finalement au sixième, je demande encore au floor manager ; et alors qu'il me conduit vers l'éventaire, je reconnais à distance ces objets si familiers! Ces formes, ces matériaux! Ces couleurs si vives qui surgissent d'une réalité si obscures! C'est de chez moi.
Place de choix, mais dimensions restreintes, dois-je m'avouer aussitôt le premier tressaillement d'orgueil apaisé. J'apprends, dans mon échange avec le manager, que le lancement du projet quelques jours auparavant, le 6 octobre dernier, avait été un succès et que la majorité des produits se sont rapidement envolés comme des petits pains chauds, d'où peut-être l'explication du maigre étalage que j'ai vu. Connaissant trop bien la myriade de produits que nous avons à offrir, j'aurais voulu en avoir plein la vue.
Toutefois, je salue cette initiative.
Ce projet s'est concrétisé grâce à une agence torontoise de communication, Brandaid Project, fondée en 2009 par Tony Piggot, le p.d.g de JWT - une des plus importantes agences de publicité du Canada - et à Cameron Brohman, spécialiste en développement international. Brandaid Project s'est associée à une agence new-yorkaise, Fairwinds Trading, qui avait déjà réalisé un projet similaire pour Macy's avec des paniers fabriqués au Rwanda. Les deux agences ont aidé des micro entrepreneurs haïtiens à élaborer leur design et leur stratégie de marque, ainsi qu'à mener une campagne de financement pour rebâtir leurs ateliers après le tremblement de terre. Près de 200 emplois ont ainsi été créés dans les villes de Jacmel et de Croix-des-Bouquets, ai-je appris.
Heart of Haiti, tel est le nom de la collection...En effet, le domaine "art et culture", comprenant l'artisanat, entre autres, a autant son rôle à jouer dans le développement que les domaines dits prioritaires, surtout dans un pays comme le nôtre, Haïti, où l'art et la culture ont souvent, sinon toujours, été et demeurent encore la seule source d'identification positive à notre égard, à l'échelle internationale.
Parallèlement, je cherche encore le nom d'une institution haïtienne, d'un artisan haïtien ou d'une référence haïtienne directement impliqué dans le projet. Et je cherche toujours...
Fallait-il vraiment que cette initiative comme tant d'autres vienne de l'extérieur? Nos aficionados de l'artisanat ne pouvaient-ils pas y penser et chercher à se donner les moyens d'une exportation massive de nos produits artisanaux assurant ainsi une vraie industrie de l'artisanat haïtien, plutôt que de se contenter du chacun pour soi ?
En tout cas, j'espère vraiment pouvoir parler du succès continu de ce projet dans un an ou deux avec le support de nouveaux partenaires locaux...et à ce moment, nous pourrons commencer à parler de développement... durable.
Farida Lecoin
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=84584&PubDate=2010-10-14

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