Dimanche 2 septembre 2007
Débat
Par Camille Loty Malebranche
Soumis à AlterPresse le 2 septembre 2007
(Au sujet de cette commission formée par Préval qui, à mon humble avis, risque de verser encore une fois, comme sous Latortue, à toutes sortes de propositions volontairement diffuses et confuses sur les concepts même de sécurité et de force publique trop souvent uniquement assimilée au militarisme, réduite à une affaire d’armée d’Haïti.
[référence au texte paru sur AlterPresse : Haïti, la question de la sécurité publique revient sur le tapis].) [1]
On n’échappe pas à ses origines et à l’histoire, on ne peut que les assumer en souverain ou en serf ! Dans le contexte haïtien, où l’origine a été un acte d’agression, de déracinement des noirs de l’Afrique arrachés à leur famille et privés de la moindre trace de leur ascendants biologiques avant leur transplantation brutale sur l’île des Taïnos, île-charnier où ils ont été réifiés et esclavagisés pour la prospérité du maître blanc, la glorieuse force militaire - la seule armée qui ait fait quelque chose de viable, ayant été la force fondatrice qui a libéré les indigènes et créé le pays sorti par elle du joug infâme du colonialisme - ne pouvait ne pas s’ériger par la suite comme un dieu démiurge s’octroyant malheureusement par manière de légitimité tous les droits sur ses créés.
La racine des errements anti-droit et criminels de l’armée, ou disons plutôt, des armées qui ont eu préséance sur l’échiquier haïtien, saisie dans les travers humains, culturels et historiques, nous pousse, nous citoyens, à nous interroger sur le danger de constituer une nouvelle armée en Haïti. Une analyse factuelle et holistique des terribles instabilités et insécurités publiques, nous ramène toujours à l’irresponsabilité - ou pour plus de précision - à la dénaturation des responsabilités de l’armée haïtienne trop ubiquitaire dans les déviances de notre histoire de peuple. Sans avoir besoin d’un regard diachronique c’est-à-dire de nous étaler sur l’ensemble des prises d’armes et des révolutions organisées par nos généralissimes, l’histoire en compte par dizaines, nous allons très brièvement visualiser la chose d’un point vue actuel et donc synchronique à la lumière de l’histoire récente.
Après la chute de Jean-Claude (Duvalier), comme une horde primitive et assassine, l’armée haïtienne, arriérée, brutale et féroce a montré ce que pouvait être la barbarie d’une soldatesque engluée dans les miasmes d’une culture où prime la violence, où la force des armes méprise mentalement et naturellement le droit. Le non droit connu récemment dans certains quartiers dominés par des bandits, n’était rien face aux crimes des soldats lors des coups d’état et des purges contre de prétendus ennemis de l’ordre ! Nul n’est dupe ni amnésique ! Je ne crois pas - et avec moi, tout haïtien sensé qui n’a pas d’intérêt mesquin à la reconstitution immédiate d’une armée - qu’on puisse créer des forces armées dans une société encore fragilisée par ses ex bourreaux militaires et civils, société traditionnellement menée par les armes et non par la loi, et s’attendre au respect constitutionnel garant de la démocratie. D’ailleurs, c’est antihaïtien que d’y penser rien que sur le plan du budget public ! Mais cela, c’est une autre histoire.
Pour revenir au dilemme de l’arbitraire culturel du militarisme haïtien, l’armée a fait et fera toujours partie de l’insécurité, tant qu’une réforme éducative et de mentalité profonde ne sera entreprise à l’échelle de la société. Armée de dealers, de criminels d’État, de criminels de droit commun, assassins voyous des pauvres et des patriotes, fomenteurs de coups d’État crapuleux… Ce n’est pas cette génération de 2007 qui réalisera la thaumaturgie d’une force armée digne et respectueuse de l’ordre civil, démocratique et constitutionnel. Non, je ne crois pas au miracle de la génération spontanée.
Nous devons attendre au moins une véritable génération avant d’y penser : soit environ vingt (20) ans. Dans l’intervalle, pour Haïti et pour son peuple, il faut transformer toute la société en chantier de rééducation humano-citoyenne, faire passer la masse d’individus que constituent les différentes couches du peuple au stade de personnes humaines et de citoyens afin de créer une Nation et un État l’orientant. Il faut aussi penser à la prospérité et l’implantation de l’État de droit. Après et après seulement, s’il le faut, le kaki aura le sens d’honneur qu’il est censé avoir au service du collectif !
Encore une fois, ici, il faut que les invités de Préval au sujet de la constitution d’une éventuelle nouvelle force armée, puissent s’élever dans une pureté critique face à la situation, loin de leurs accointances sociales et de leurs allégeances idéologiques - eux, qui pour la plupart, relèvent de la vieille école promilitariste, étant soit filleul d’ancien général, soit ancien membre de l’ex sordide armée d’Haïti, soit conseillers privilégiés d’anciens généraux - pour faire primer les vrais intérêts du pays.
Que dans cette affaire, Haïti prime les passions et intérêts individuels des invités officiels au débat !
http://www.alterpresse.org/spip.php?article6366
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 3 septembre 2007
Sécurité et violence en Haïti, approche historico-culturelle… « L’armée a fait et fera toujours partie de l’insécurité, tant qu’une réforme éducative
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