2 mars 2011 Après la session spéciale adressée aux deux candidats à l’élection présidentielle, la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) a renoué, ce 28 février, avec les séances ordinaires. Cette rencontre de travail a été l’occasion non seulement d’approuver de nouveaux projets mais aussi de rappeler les priorités et les objectifs fixés dans le Plan Stratégique du gouvernement haïtien. Il a été aussi question de faire la lumière sur les progrès enregistrés ainsi que les obstacles à surmonter.
Cette cinquième session ordinaire, la première depuis le début de l’année, a vu la CIRH approuver 13 nouveaux projets pour un montant de 255 millions de dollars. Des projets qui touchent des domaines divers comme l’agriculture, le ramassage des décombres et la santé et qui font partie des huit priorités définies dans le Plan Stratégique du gouvernement haïtien.
Ces priorités, le directeur exécutif de la CIRH, Gabriel Verret, les a rappelées lors de la rencontre. L’une d’elle est la santé. Dans ce domaine, l’objectif est entre autres de construire 40 hôpitaux, 75 cliniques, d’accroitre l’efficacité des soins en renforçant ou en reconstruisant 4 facultés de médecine et 4 écoles de soins infirmiers. Il s’agit également de lancer de programmes de formation devant atteindre quelque 4000 agents paramédicaux.
Au niveau de l’éducation, la CIRH entendait reconstruire 250 structures temporaires afin de permettre le retour en classe des élèves en septembre dernier. Elle envisageait aussi de former plus de 5000 enseignants. En ce qui a trait à l’énergie, l’objectif est d’augmenter de 20% le nombre d’heures d’approvisionnement en électricité pour 30.000 ménages et d’étendre le réseau électrique en milieu rural afin d’atteindre 10.000 ménages.
La CIRH retient également, comme priorité, l’eau et d’assainissement. L’intervention dans ce domaine doit permettre à 50% de la population d’avoir accès à l’eau potable contre 2% actuellement. Quant à l’accès aux toilettes et aux latrines, la proportion devrait passer de 10% à 27%.
La commission se propose en outre de créer des emplois pour des centaines de milliers de personnes en dehors de la capitale. Pour y parvenir, l’accent est mis sur des secteurs comme la construction de routes, la gestion de bassins versants et l’agriculture. Les emplois pour les résidents de la capitale seront fournis par le biais de la construction de logements et du ramassage de déblais.
Autre priorité contenue dans le plan stratégique du Gouvernement, la construction de logements. Il est en effet question de relocaliser 400.000 personnes évoluant dans les camps, en juillet dernier. Ces personnes peuvent être dirigées vers des quartiers améliorés ou vers de « nouveaux centres de population ». Deux parcs industriels seront également créés avec le soutien des Etats-Unis.
De nouveaux projets approuvés
Dans le secteur de la santé, a été approuvée la construction de deux hôpitaux, respectivement pour des montants de 70 millions et 35 millions de dollars ; des projets entièrement financés par Médecins Sans Frontières (MSF) France.
En ce qui a trait au logement, la Commission a approuvé un projet de 30 millions de dollars, dans le cadre d’un programme d’appui à la relocalisation de la population. Ce programme aura un impact sur 1,5 millions d’Haïtiens dans les prochaines années. La Commission a par ailleurs approuvé un programme de 47 millions de dollars financé par le Fonds Clinton-Bush Haïti. Cette initiative permettra aux banques haïtiennes et à des institutions de micro-finance d’octroyer des prêts hypothécaires et des prêts destinés à la réhabilitation de logements.
Sur les 255 millions de dollars nécessaires pour exécuter les projets approuvés, 183 millions de dollars sont déjà disponibles. Par ailleurs, le Fonds pour la Reconstruction d’Haïti, une entité placée sous la responsabilité du ministre de l’Economie et des Finances, Ronald Beaudin, qui aide à financer la reconstruction post-séisme, mettra à disposition un montant supplémentaire de 62 millions de dollars.
Des défis et des progrès
L’une des priorités se révélant être un véritable défi est le ramassage des décombres. « Si ceux-ci ne sont pas enlevés, on ne pourra pas progresser dans la reconstruction des écoles, des hôpitaux et des infrastructures », a fait observer l’ex-président américain, Bill Clinton, qui co-préside la CIRH avec le Premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive. Tout en estimant qu’il est possible d’aller au-delà des objectifs de 4 millions de mètres cubes à enlever, grâce à l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de la Fondation Clinton, le co-président de la CIRH a néanmoins reconnu que « nous sommes en retard par rapport aux nouveaux objectifs que nous nous sommes fixés ».
Pour le Premier ministre haïtien, il y a des efforts à faire au niveau de la mise en application des projets. Un volet qui, souligne-t-il, est souvent du domaine des agences des Nations Unies et des organisations de la société civile. Il rappelle toutefois que dans certains cas, « les ministères ou la société civile haïtienne estiment que leur implication n’est pas suffisante ».
Un autre défi concerne les mécanismes pouvant permettre, dans le cadre des projets qui sont en cours, de parvenir à un recentrage des financements bilatéraux vers les priorités fixées par le gouvernement et acceptées par la Commission. Et se référant au ramassage des décombres, il a fait observer que « tout le monde a constaté que ce n’était pas forcément, pour certains bailleurs, le secteur d’intérêt majeur où il importe de mettre de l’argent car il s’agit de quelque chose qui va disparaitre et autour duquel on ne pourra pas faire de publicité ».
Par ailleurs, la réunion a été l’occasion d’évoquer les difficultés de communication qui existent entre le secrétariat de la CIRH et les ministères par rapport au contenu des réunions. « Il n’y aura pas d’appropriation du travail réalisé par la Commission si les ministères ne peuvent pas comprendre ce qui se fait à chaque réunion», a précisé M. Bellerive. Un autre type de difficultés est le manque d’empressement pour certains exécutants de projets, dont des ONG, d’en aviser la CIRH ; ce qui rend difficile le travail de coordination qui, cependant, est indispensable pour « éviter des duplications ». D’autres paramètres comme le délai de décaissement des fonds promis peuvent aussi influencer l’atteinte des objectifs visés.
Toutefois, nonobstant ces difficultés, les participants ont mis en exergue des points positifs. L’un d’entre eux est le renouvellement par le gouvernement canadien de ses engagements, dans la région de l’Artibonite, notamment dans le domaine de la santé. Une intervention qui permettra d’accroitre les soins primaires au niveau de 16 sites dudit département. Ces sites de santé générale fourniront aussi des soins maternels et pédiatriques. Le programme intègre par ailleurs la formation des professionnels de la santé.
Un autre point important est l’approbation par la Commission d’un projet majeur soutenu par le ministère des Travaux publics et visant à développer une stratégie globale dans le secteur de l’énergie. Ce projet devrait contribuer à améliorer très rapidement la gouvernance et la régulation de ce secteur afin de permettre non seulement de « soutenir le développement mais aussi, au niveau environnemental, de diminuer l’usage du charbon ».
Les deux co-présidents de la CIRH se sont montrés optimistes quant aux résultats de l’institution dont ils ont la charge. «Malgré les difficultés, nous avons atteint des objectifs qui étaient très importants parmi les huit priorités qui ont été déterminées », a déclaré M. Bellerive. Pour preuve, des projets sont en cours d’exécution ou sont à la phase d’étude. Un optimisme que partagent, selon eux, les bailleurs, pour qui des progrès ont été effectivement enregistrés.
Rédaction : Faustin caille
Edition : Uwolowulakana Ikavi
http://minustah.org/?p=29297
Commentaires:
C'est pour quand la phase exécutoire?
C'est pour quand la liste des défis relevés?
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
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