Parmi les projets mis en place à Limbé, les élèves du Village de l'Espoir ont fondé une coopérative d'élevage de chèvres pour apprendre à être responsables. COLLABORATION SPÉCIALE YVES THERRIEN |
(Québec) Si l'argent ne fait pas le bonheur, comme le dit l'adage populaire, il existe parfois des moyens originaux d'apporter de l'aide à une communauté dans le besoin sans devoir investir des milliers de dollars tout en étant efficace et surtout pratique.
Soumise par Michel Gendreau, un citoyen de Saint-Sylvestre qui connaît bien Haïti à cause des projets qu'il pilote pour l'UPA-DI (la division internationale de l'Union des producteurs agricoles), l'idée d'un jumelage avec le Village de l'Espoir, à Limbé en Haïti, prend forme et se concrétisera vraisemblablement au cours de la prochaine année.
Des citoyens de Saint-Sylvestre, dans la Chaudière-Appalaches, le conseil municipal, les professeurs et la direction de l'école primaire l'Astral regarderont de plus près comment concrétiser ce projet plutôt original d'aide à Haïti touchée par un tremblement de terre majeur en janvier.
«Le projet consiste à développer une solidarité sociale à long terme entre les gens d'ici et ceux d'Haïti, non d'envoyer de l'argent, explique M. Gendreau. Le partage d'expertise et les échanges culturels amèneront les gens à mieux se connaître et à développer des liens de part et d'autre. C'est une réponse originale d'aide quand une communauté songe à s'impliquer dans une démarche de solidarité de cette nature.»
Échange envisageable
Pour Mario Grenier, le maire de Saint-Sylvestre qui compte quel que 1200 citoyens, l'échange d'expertise entre les agriculteurs est un moyen envisageable. «Ici, nous avons des fermes de production de grande culture, précise-t-il. Si des Haïtiens venaient en stage ici pour apprendre ou pour travailler, ça serait intéressant pour eux et pour nous. Ils prendront de l'expérience et pourront aussi faire des sous pour leurs projets.»
M. Gendreau souligne que les liens entre l'agriculture et l'alimentation sont évidents comme solution aux problèmes de malnutrition pour permettre à la communauté haïtienne de développer une plus grande autosuffisance alimentaire. Même si le projet de jumelage est encore dans ses prémisses, tous ceux à qui il a soumis le projet trouvent l'idée emballante.
Laurent Boutin, directeur de l'école l'Astral, précise que les gens ont été impressionnés et touchés par l'expérience racontée par Elvie Maxineau. Toutefois, ni le personnel ni la direction de l'école ne sont en mesure de prendre une décision quant à la forme que prendront les échanges entre l'école de Saint-Sylvestre et celles du Village de l'Espoir à Limbé.
«Au plan humain, il y a de l'intérêt, précise M. Boutin, mais l'école est déjà engagée dans des projets en marche actuellement. Il s'agissait d'une rencontre exploratoire sur laquelle l'équipe de l'école n'a pas encore pris position. Nous avons de l'intérêt, mais pas encore d'engagement. Nous analyserons les options et les possibilités de projet dans les prochaines semaines.»
Elvie Maxineau, coordonnatrice des projets au Village de l'Espoir que Le Soleil avait rencontrée à Limbé en août, voit d'un bon oeil les possibilités de jumelage entre les 225 élèves des deux écoles primaires du Village de l'Espoir et avec ceux de l'école l'Astral.
Découvertes mutuelles
De passage dans la région pour établir les bases des échanges entre les deux communautés et participer à une soirée-bénéfice de l'Aide internationale à l'enfance (L'AMIE), Mme Maxineau croit qu'une première étape entre les deux écoles pourrait passer par les échanges de courrier. «Des jeunes qui parlent d'eux-mêmes, de leur milieu de vie, c'est une bonne manière de découvrir des cultures différentes», ajoute-t-elle.
Les réalités des deux pays sont à l'opposé, mais elle rêve d'échanges qui permettraient de sensibiliser les jeunes Québécois à des situations particulières, comme le man que d'eau. «Nous manquons d'eau potable depuis que notre puits est à sec, poursuit celle qui a mis en oeuvre de nombreux projets dans son village natal pour que le sort des enfants de sa communauté s'améliore. Nous n'avons pas le choix d'économiser l'eau pour les besoins essentiels, mais ici on peut gaspiller de l'eau en laissant couler le robinet pour se brosser les dents. Des choses aussi simples que celle-là peuvent permettre à des jeunes de découvrir des réalités très différentes.»
En plus de découvertes mutuelles, selon elle, les échanges entre les deux groupes de jeunes pourraient avoir un effet marquant sur la diminution du racisme et l'augmentation de la solidarité.
En même temps, les échanges de services et le partage des connaissances entre les agriculteurs d'ici et les paysans haïtiens lui paraissent une approche gagnante. En plus, il y a un manque de main-d'oeuvre en agriculture au Québec que des paysans haïtiens pourraient combler comme le font les travailleurs mexicains qui viennent travailler chaque année sur les fermes du Québec.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/vivre-ici/societe/201010/19/01-4334121-projet-de-jumelage-entre-limbe-et-st-sylvestre-une-aide-originale-pour-un-village-haitien.php
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