Publié le 07 septembre 2010 à 05h00
Mis à jour à 08h42
abandonnésYves Therrien, Le Soleil
L'asile communal Sténio Vincent de Cap-Haïtien accueille 240 personnes, des gens âgés pour la plupart, et de jeunes orphelins souffrant de divers handicaps. Ils bénéficient des services de techniciens en physiothérapie pour devenir plus autonomes.
Formés par le physiothérapeute Michel Noël de Tilly de l'ONG Aide aux Aînés Canada, les salaires de Lydie Pierre, d'Anne-Vierge Compère et de Palvessoir Pierrette sont aussi payés par l'organisme. «C'est une très bonne aide pour nous», souligne le père Henry Lozano, originaire des Philippines et directeur de l'asile, qui dépend essentiellement de dons pour son fonctionnement.
Dans la petite salle de physiothérapie organisée avec très peu de moyens, Lydie, Anne-Vierge et Palvessoir prennent la tension artérielle des patients avant de commencer les manipulations pour activer la circulation sanguine.
Anna, paralysée du côté droit et aphasique à la suite d'un ACV, reprend du mieux. Les exercices et les manipulations lui ont permis de recommencer à marcher. Une autre patiente, paralysée du côté gauche, raconte combien les soins lui ont fait un grand bien. Et Lydie ajoute que son plus beau salaire est de constater que les efforts et les soins portent fruits.
Palvessoir, en plus de la physiothérapie, apprend aux aveugles à se déplacer dans les couloirs, les dortoirs et les autres pièces du bâtiment réservées aux adultes souffrant de divers handicaps et aux personnes âgées. L'un d'eux, Vital Borenave, remercie le thérapeute pour tout ce qu'il a fait.
«Avant, j'avais mal partout. Maintenant, je me sens beaucoup mieux et je me déplace partout», affirme-t-il d'une voix forte en rappelant au directeur de l'hospice, le père Henry Lozano, à quel point la physiothérapie est un service essentiel.
Vers l'autonomie
Avant l'arrivée des techniciens en physiothérapie, les gens hébergés se plaignaient de douleurs et ils ne pouvaient pas reprendre un peu d'autonomie malgré leur handicap, précise Anne-Vierge. Depuis qu'ils sont à l'asile communal, et avec les encouragements des Missionnaires des pauvres, les gens prennent du mieux. Environ 20 à 25 patients sont traités chaque jour.
L'asile communal, qui était autrefois dirigé par les religieuses de l'Immaculée-Conception, relève depuis 1994 de la jeune communauté religieuse des Missionnaires des pauvres, fondée en 1981 par le jésuite Richard Ho Lung.
«Father Henry», comme les gens d'ici l'appellent, parle anglais, mais créole avec les Haïtiens. Lorsqu'il a repris la direction de l'asile, grâce à des dons provenant des États-Unis, il a décidé d'étendre la mission en créant un petit dispensaire pour les pensionnaires et pour les habitants des environs qui ont besoin d'une assistance médicale de base et de vêtements.
Infirmiers bénévoles
Quelques frères, parmi la vingtaine que compte la communauté, avaient déjà eu un entraînement de base en soins infirmiers. Un médecin vient chaque semaine. Les cas sérieux sont envoyés à l'hôpital et les missionnaires prennent tous les frais à leur charge, puisqu'il n'y a pas d'assurance maladie ou un système de santé géré par l'État.
Des infirmières bénévoles, provenant des États-Unis ou d'ailleurs, viennent aussi donner un coup de main pendant quelques semaines durant l'année. Au moment du passage du Soleil, un pharmacien américain était sur place pour classer tout le matériel et tous les médicaments qui venaient d'arriver dans un conteneur.
En 2001, les missionnaires décident de prendre soin d'une soixantaine d'orphelins, des jeunes abandonnés par leurs parents parce qu'ils souffraient d'un handicap ou de graves problèmes de malnutrition. Parmi eux, certains ne pouvaient pas marcher, mais avec l'aide de la physiothérapie, ils sont maintenant autonomes.
Certains cas sont plus pathétiques. Un enfant de sept mois a été abandonné par sa mère dans un coin de la propriété après la messe dominicale. Personne n'a rien vu. C'est tard dans la journée qu'un frère rentrant à la résidence a entendu pleurer. La communauté à tout fait pour le sauver, mais il est mort à l'hôpital trois mois plus tard.
«Il n'est pas rare que des enfants soient abandonnés à la porte de l'asile ou sur le terrain après les messes ou d'autres activités, ajoute le père Henry. Les gens sont très pauvres et les besoins, très grands. Alors, nous distribuons des denrées de base une fois toutes les deux semaines à près de 600 personnes.
«Ici, il n'y a aucune aide locale, sauf celles comme la nôtre, dirigées par des communautés religieuses ou des associations humanitaires. Nous voudrions en faire davantage, mais nos ressources sont limitées, même si nous recevons beaucoup d'aide de paroisses des États-Unis.»
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/haiti-de-lespoir-dans-le-chaos/201009/06/01-4313030-haiti-un-refuge-pour-ceux-quon-a-abandonnes.php
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mardi 7 septembre 2010
Haïti: un refuge pour ceux qu'on a
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