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vendredi 21 septembre 2007

Les activités de portefaix affectent la région cervicale

80% des marchand(e)s de 35 à 40 ans s'adonnant aux activités de portefaix ont une déviation cervicale exagérée. Preuve de l'impact de ce métier sur cette catégorie socio-professionnelle. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée par Ritho Planteau, étudiant finissant à l'Ecole des Sciences infirmières (ESI) de l'Université Notre-Dame d'Haïti
«Sur (100) marchands choisis, 28 sont des vendeurs de pain, 20 d'entre eux sont des marchands de charbon, 32 sont des vendeurs de légumes et 20 sont des vendeurs de riz», indique l'étude qui fait état de ces marchands avec leur panier reconstitué élargi, surchargé à l'excès. Et circulant dans les rues de la capitale où ils enregistrent, sans s'en rendre compte, des conséquences cliniques néfastes sur leur colonne cervicale.

Ritho Planteau qui reconnaît que tout travail de recherche impose des exigences, du temps, de l'adaptation et par-delà diverses contraintes, une persévérance dans l'action entreprise, avoue avoir fait face à de nombreuses difficultés au cours de l'élaboration de ce travail. «Nos observations nous prouvent que la déviation de la région cervicale liée à la pratique de portefaix cause un problème de handicap lent et progressif au sein de la population», fait-il remarquer en attirant l'attention sur le fait que ce métier est pratiqué aussi bien par des femmes que par des hommes.

D'autant que les objectifs poursuivis dans ce travail de recherche étaient d'identifier les risques de la déviation cervicale pour pouvoir informer les marchands concernés, les éduquer et soulever les problèmes liés au métier de portefaix.«28% de ces marchands n'ont aucun niveau d'éducation et 77% sont de niveau primaire et secondaire», note l'étudiant qui estime inférieur à ceux des lettrés le taux d'analphabètes. De plus, la majorité des marchands résident dans les bidonvilles, soit 85% de l'échantillon; tandis que 15% résident en ville, ce qui justifie la variable économie sociale.

Cadre théorique
Tout travail de recherche scientifique doit avoir une base théorique pour le valider. Aussi, Ritho Planteau dit avoir choisi parmi les grandes théories socio-anthropologiques. Il s'agit d'une approche fonctionnaliste (toutes les activités sociales remplissent une fonction correspondant à un besoin dans le système social), d'une approche structuraliste (en termes de modèle conceptuel) et d'une approche systémique (qui tient compte des interrelations et de l'interdépendance).

Cette dernière, estime M. Planteau, rend l'action plus efficace d'englober un système dans sa totalité, sa complexité et sa dynamique. Elle a été utilisée parce qu'elle permet de décrire la structure sociale dont relève la catégorie socioprofessionnelle considérée, aussi bien que d'analyser son fonctionnement à partir de ses interrelations avec d'autres composantes de la société haïtienne.

Cadre humain
Ritho Planteau explique, à partir de ces références, avoir recherché les facteurs qui influencent ou contribuent à l'émergence de cette pratique. Les soins ne sont pas accessibles à tous, ce qui implique qu'économiquement les marchands ne peuvent répondre à toutes les exigences médicales et paramédicales. «A cause de la distance des lieux d'établissement, d'absence de spécialité, leurs besoins primaires ne peuvent être comblés de façon aussi bien quantitative que qualitative. Faute d'argent», analyse M. Planteau qui croit que ce fait prend une allure politico-économique, socio-sanitaire et culturelle.

Prenant en compte l'aspect socio-sanitaire du problème, Ritho Planteau note que l'une des caractéristiques de la société haïtienne est le type d'entretien de facteurs marginaux dans son organisation et son fonctionnement. «Dans cette société, ceux qui pratiquent le métier de portefaix sont des êtres humains. Ils ne fréquentent pas souvent un centre de santé sur le plan social et sanitaire, pas plus qu'ils ne jouissent d'une grande considération», écrit-il.

Ils sont vulnérables à la maladie à cause du peu de soins qu'ils se procurent, de la diminution des mécanismes de défense de leur organisme et de leur réserve physiologique.

«La majorité des marchands de plus de 35 ans souffrent au moins d'une maladie, comme en témoigne un qui dit souffrir de la thyroïde. Une autre marchande avoue être atteinte d'ulcère gastrique.»

La problématiqueLa façon dont les gens pratiquent le métier de portefaix n'est pas sans conséquences sur leur état de santé. On relève notamment une déformation et un tassement des vertèbres, un raidissement de la zone cervicale, un oedème veineux de la zone (gonflement de la carotide).

Tous ces phénomènes mettent en exergue un problème où tout un groupe de professionnels, d'humains, de femmes, d'hommes, de jeunes et de handicapés au fil du temps se trouveront en plein chômage n'ayant d'autre profession que celle de portefaix. Sans prise en charge au niveau sanitaire. Charbon, ciment, paniers de pain, blocs en céramique on en ciment, paniers de fruits, sacs de riz dans les rues constituent les éléments de surcharge.Recommandation
Ritho Planteau a donc posé des diagnostics infirmiers pertinents: eu égard au manque de connaissance sur les risques du métier. Il adresse en conséquence des recommandations aux responsables du ministère de la Santé publique pour qu'ils prennent en charge les marchands, c'est-à-dire prévoir dans les centres de santé le dépistage de ce mal. Il propose un encadrement pour formaliser cette pratique et une campagne de sensibilisation sur les dangers de cette pratique. Il suggère l'utilisation des brouettes, mobilettes, chariots, etc par les marchands exerçant le métier de portefaix à Port-au-Prince comme dans les villes de province.
Robenson Bernard

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