Tout au cours de la journée, sont également agrippés aux grilles du palais des passants qui observent les techniciens du CNE à pied d'oeuvre dans des travaux de démolition de cet édifice qui a été construit entre 1914 et 1921 par l'architecte haïtien Georges Baussan, endommagé par le séisme du 12 janvier 2010. « My palace is collapse !», disait le chef de l'Etat sortant René Préval, lors de la tragédie.
Selon l'Institut de sauvegarde et du patrimoine national (ISPAN), il ne s'agit pas de la démolition totale de ce patrimoine national historique, mais ce sont les parties de l'édifice jugées irrécupérables ou dangereux qui sont en train d'être démolies. Ce sont là des mesures conservatoires qui ont débuté en avril 2010, phase constituant les préliminaires classiques à tous travaux de restauration.
« Il ne s'agit pas de la démolition du palais. Loin de là. Mais plutôt, comme je l'ai dit avant, d'une phase préparatoire aux travaux de restauration, a précisé M. Daniel Elie. A ce sujet, je rappelle que de multiples consultations ont été faites par l'ISPAN au sujet de cet ambitieux projet de restaurer le Palais national d'Haïti », a ajouté Daniel Elie.
A en croire le responsable de l'ISPAN, l'année dernière, un groupe d'éminents architectes, d'urbanistes, de sociologues et d'historiens haïtiens avaient publié un avis avec de sérieux arguments en faveur de la restauration intégrale du palais national. « Cet avis a reconnu que le Palais national est sans conteste, l'expression la plus achevée d'une grande période de l'Architecture en Haïti et constitue probablement un des plus beaux exemples d'architecture néo-classique transplantée en Amérique, a souligné le patron de l'ISPAN.
Cet avis, poursuit l'ancien ministre de la Culture, signale également que l'édifice possède les trois valeurs définissant un monument historique : une haute signification culturelle, une importante valeur documentaire et historique et une valeur architecturale exceptionnelle. « Pour toutes ces raisons, le palais national mériterait, selon cet avis, largement de rester en place dans la mémoire collective du peuple haïtien. Fort de ces arguments, le groupe a recommandé que le Palais national, une fois restauré, soit maintenu comme siège du Gouvernement de la République », a indiqué Daniel Elie.Actuellement, le CNE, a précisé le directeur de l'ISPAN, est en train d'effectuer la mise en place de ses engins lourds en vue de procéder à la démolition pure et simple de l'annexe 1, l'ancien mess des officiers de l'Armée d'Haïti construite dans les années 70, et de l'annexe 2, tous deux irrémédiablement endommagés par le séisme du 12 janvier 2010 et ne présentant aucune valeur historique ou symbolique. Le CNE, souligne-t-il, procédera également au cours de cette phase à la démolition des dômes latéraux du Palais également irrécupérables.
L'ISPAN n'est pas encore en mesure de préciser la durée de ces travaux de restauration du Palais qui coûteront quelque 20 millions de gourdes. Des travaux qui ont effectivement débuté le 20 juin dernier. « Les points clés à cette question (durée des travaux) restent les expertises structurelles qui nous manquent encore et, selon leurs résultats, les solutions que nous pouvons apporter. Mais dans le cas spécifique du palais national, il s'agit également et surtout de préserver une image et un lieu. Une image et un lieu symboliques, utiles certes, avec toute la charge historique, culturelle et symbolique qu'il charrie », a répondu Daniel Elie qui convie toute la population à ce grand défi que constitue la restauration du Palais, chef d'oeuvre de l'Architecture haïtienne et monument historique, emblème de la souveraineté de la nation.
Par ailleurs, la reconstruction - restauration pour l'ISPAN - du palais national n'était une priorité ni pour Mirlande Manigat, perdante du second tour de la présidentielle, ni pour le président élu, Michel Martelly. « Présidente de la République, je ferai en sorte qu'on reconstruise le Palais, même si, dans une certaine mesure, ce n'est pas la priorité. Si j'ai à choisir entre donner des maisons aux gens qui vivent sous les tentes et reconstruire le palais, je choisirai de donner des maisons aux gens », avait déclaré l'ex-première dame lors du première anniversaire de commémoration du séisme, le 12 janvier dernier.« Oui, il faut reconstruire. Mais la priorité est la construction de logis pour les sinistrés qui vivent sous les tentes », avait indiqué, pour sa part, le président élu qui entrera en fonction le 14 mai prochain. Il siègera dans des abris temporaires installés dans la cour de palais national.
Valéry DAUDIER
vdaudier@lenouvelliste.com
Commentaires:
On a envie de dire ouf!.. enfin!
Il drôle et amer en même temps de constater comment on peut ne pas avoir ni le souci ni l'objectivité de l'essentiel. Parmi toutes les images qui ont circulé autour du tremblement de terre, celle du Palais National effondré à demie reflétait réellement et intégralement la situation d'un pays, d'un état, d'une nation à genou.
S'il fallait choisir entre les images montrant des centaines de cadavres étalés à perte de vue et le palais national courbé en attitude de soumission et résignation comme l'image la plus frappante du 12 janvier, je pense que je choisirais sans broncher celle qui met en vedette le siège du gouvernement.
Une chose c'est de pleurer les morts et de déplorer les pertes en vie humaine, autre chose c'est de se dire sur quoi s'appuyer pour rebondir. Un palais National debout aurait voulu dire nous plions mais nous ne rompons point.
Malgré les déconvenues de ceux qui ont occupé la plus haute magistrature de l'Etat, le Palais National représente sans nul doute le symbolisme le plus net et le plus profond de notre fierté haïtienne.
René Préval a eu définitivement tort de ne l'avoir pas compris et de n'avoir pas cherché les fonds et les appuis nécessaires pour ouvrir un chantier autour du palais national.
Donc à la bonne heure ! Et tant pis pour le président élu s'il ne comprend pas qu'il serait un tout autre président s'il devait recuperer ses bureau du PALAIS NATIONAL!
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