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mercredi 13 avril 2011

Haiti-Amérique latine : Le SJR LAC demande la protection des Haïtiens victimes de traite et trafic en Amérique du Sud

Quito, 12 avril 2011 [AlterPresse] - “Depuis environ trois ans, l’Amérique du Sud se transforme peu à peu en un nouveau pôle de migration pour les haïtiens », indique le Service Jésuite aux Réfugiés pour l’Amérique Latine et la Caraïbe (SJR LAC). Cependant, l’accroissement des flux migratoires haïtiens vers l’Amérique du Sud s’accompagne de l’intensification des activités de traite et de trafic de personnes, souligne Wooldy Edson Louidor, coordonnateur régional de plaidoyer du SJR LAC pour Haïti, lors d’une conférence de presse tenue à Quito le 8 avril dernier.
Louidor pointe du doigt des réseaux de délinquants qui conduisent les haïtiens de leur pays d’origine vers l’Équateur et le Chili en leur promettant du travail, des bourses d’étude et même des voyages aux États-Unis d’Amérique et en Guyane Française.
Le SJR LAC dénonce l’existence de réseaux complexes de traite et de trafic qui opèrent en Haïti, dans les lieux de transit tels que la République Dominicaine et Cuba et dans plusieurs pays de la région : l’Équateur, le Chili, le Pérou, la Bolivie, le Venezuela, le Brésil et la Guyane Française.
Face à cette problématique régionale, le SJR LAC demande aux États sud-américains de donner une réponse régionale par la mise en place de politiques concrètes de prévention, de poursuite et de sanction contre les réseaux transnationaux de crime organisé qui abusent des migrants.
L’organisation jésuite exige aussi des États de la région de protéger les haïtiens et haïtiennes victimes des réseaux criminels et de les traiter avec plus d’humanité, puisque les migrants se sont vus obligés de laisser Haïti en raison de la détérioration accélérée de la situation humanitaire du pays depuis le séisme du 12 janvier 2010.
L’Équateur et le Chili, deux portes d’entrée pour les haïtiens vers l’Amérique du Sud
Le SJR LAC indique que l’Équateur et le Chili constituent deux portes d’entrée pour les haïtiens vers l’Amérique du Sud. 1.258 haïtiens sont entrés en Équateur en 2009, 1.867 en 2010 et 1.112 seulement pour le premier trimestre de l’année 2011, selon les chiffres publiés par la Direction Nationale de la Police de Migration de l’Équateur. Le Service National du Tourisme au Chili a informé que 477 haïtiens sont entrés dans ce pays en 2009, 820 en 2010 et 125 uniquement pour janvier 2011.
Une grande partie des haïtiens ne restent pas en Équateur et au Chili, mais cherchent plutôt à aller au Brésil, en Guyane Française et même aux États-Unis d’Amérique.

Les réseaux de traite et de trafic d’haïtiens dans la région
Le SJR LAC identifie plusieurs réseaux de trafiquants qui conduisent les migrants à partir d’Haïti vers l’Équateur, en utilisant la République Dominicaine et Cuba comme pays de transit. Les trafiquants promettent aux migrants monts et merveilles, tels que du travail, des bourses d’études et des voyages aux États-Unis d’Amérique et en Guyane Française, en vue de leur soutirer de fortes sommes d’argent.
En arrivant en Équateur, plusieurs de ces migrants paient de l’argent une deuxième fois aux trafiquants pour qu’ils les « aident » à entrer en Guyane Française en passant par le Pérou et le Brésil. D’autres tentent de se rendre ou au Venezuela à travers la Colombie ou en Argentine par le Pérou et la Bolivie.
De la même manière, les haïtiens essaient de voyager depuis le Chili vers la Guyane Française en transitant par la Bolivie et ensuite le Brésil.
La Guyane Française et le Brésil ferment leurs frontières aux haïtiens
Face à ces flux migratoires haïtiens à la fois complexes et croissants en Amérique du Sud, des États de la région tels que la Guyane Française et le Brésil ferment leurs frontières. Par exemple, vers la fin de l’année dernière, la Guyane Française a renforcé des mesures de sécurité à sa frontière avec le Brésil en vue d’empêcher la pénétration des haïtiens sur son territoire.
Cette décision de la Guyane Française a provoqué l’entrée massive des haïtiens au Brésil. Selon des données rendues publiques par les autorités brésiliennes, entre 1.200 et 2.000 haïtiens sont entrés au Brésil par la frontière située dans l’Amazone, affirme Louidor. Entre 300 et 400 migrants haïtiens ont été détenus par la police brésilienne, puisque le gouvernement fédéral de ce pays a suspendu le 15 février 2011 la concession de statuts de réfugiés aux haïtiens.
Le Gouvernement brésilien a expliqué que les haïtiens n’ont pas droit au statut de réfugié parce qu’ « ils ne pourraient avoir ce droit qu’en cas de persécution politique, de discrimination, de persécution religieuse, trois situations qui sont définies dans la législation ». Ce qui n’est pas le cas des haïtiens qui fuient la misère dans leur pays et les conséquences des catastrophes naturelles, ont précisé les autorités du Brésil.
Depuis environ un mois, le Brésil a lui aussi fermé sa frontière avec le Pérou, du côté du Département d’Acre, l’un des principaux points d’entrée des haïtiens (outre Tabatinga) dans l’Amazonie brésilienne. Depuis, les migrants haïtiens n’ont pas pu entrer au Brésil et plusieurs d’entre eux se sont « échoués » à la frontière du Pérou.
Par exemple, le premier avril dernier, le maire de la région péruvienne de Tahuamanu, Celso Curi Paucarmaita, a fait savoir que, depuis un mois, plus de cent haïtiens se trouvent sans argent ni nourriture dans la commune selvatique de Iñapari, dans la frontière avec le Brésil.
Les migrants ont l’habitude d’utiliser le Pérou comme lieu de transit vers le Brésil avec pour destination finale la Guyane Française, a expliqué le maire péruvien.
Le SJR LAC plaide pour une plus grande solidarité des gouvernements de l’Amérique Latine avec les migrants haïtiens et un traitement plus humain envers eux par l’octroi d’un visa humanitaire et par la mise en place d’une politique d’accueil et d’intégration en faveur de cette minorité.
L’organisation suggère aussi la création d’un réseau régional pour lutter contre la traite et le trafic d’haïtiens, tout en faisant toujours la différence entre les délinquants, passibles de punition, et les victimes qui doivent être protégées.
Le Sjr promeut actuellement la création d’un réseau de protection régionale dans tous les pays impliqués dans les flux migratoires haïtiens en Amérique Latine. [apr 21/04/2011 12 :00]
http://www.alterpresse.org/spip.php?article10896

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