Google

vendredi 1 octobre 2010

Les défis de la rentrée scolaire

Même si le ministère de l'Education nationale a renouvelé cette année son programme de subvention des manuels scolaires, les défis de la rentrée scolaire fixée le 4 octobre prochain restent énormes. Augmentation des frais scolaires par des directeurs d'écoles, parents décapitalisés après le séisme, espaces restreints pour accueillir les élèves, difficultés de certains écoliers déplacés après le séisme pour réintégrer leurs établissements sont, entre autres, les obstacles à cinq jours de la reprise des classes.
Des responsables d'éçoles mettent les bouchées doubles
 pour accueillir leurs élèves lundi prochain
(Photo: Moranvil Mercidieu)
Haïti: Les longues files reprennent encore cette année à la Maison Henri Deschamps, où les parents s'empressent d'acheter les manuels scolaires subventionnés par le Ministère de l'Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP). 1 661 000 manuels, répartis en 69 titres, de la première à la neuvième année fondamentale, sont, en fait, subventionnés par l'Etat haïtien cette année. Ces files d'attente, selon les responsables de la Maison Deschamps, sont dues en raison du retard enregistré dans le processus de subvention cette année.
« Les accords ont été conclus un peu tard cette année entre le ministère et la Maison Henri Deschamps, soit à la mi-juillet. Mais, nous avons mis les bouchées doubles pour être prêts avant la rentrée scolaire. Tous les manuels subventionnés seront prêts la semaine prochaine », a indiqué M. Peter Frisch au Nouvelliste.
En effet, même si le prix des manuels est rabaissé de 70%, le fardeau des parents est seulement allégé. A quatre jours de la rentrée scolaire, plusieurs d'entre eux, décapitalisés après le séisme du 12, janvier ne savent jusqu'à aujourd'hui à quel saint se vouer pour faciliter leurs enfants à reprendre le chemin de l'école. Ils évoquent l'augmentation des frais scolaires par certains directeurs en dépit de l'annonce du ministère de l'Education nationale qui invitait ces derniers à se solidariser avec les parents qui consentent de grands efforts financiers pour la scolarisation de leurs enfants.
Rencontrée dans une file d'attente à la Maison Deschamps, Nicole venant acheter des manuels pour sa fillette de 11 ans en 5e année fondamentale n'a pas caché sa satisfaction de cette subvention de l'Etat. Toutefois, elle estime que cette subvention est une goutte d'eau dans un océan. « L'année dernière, j'ai payé 15 000 gourdes comme frais scolaires pour ma fille. Cette année, malgré les difficultés auxquelles le pays est confronté, ces frais sont passés à presque 20 000 gourdes, et je dois payer encore la mensualité très chère. Sincèrement, nous en avons marre », a déclaré perplexe la jeune mère qui arrive à payer l'écolage de sa fille grâce à un proche de la diaspora.
Robert, un homme dans la cinquantaine, pour sa part, rencontré aussi dans une file a exprimé sa déception face à un établissement scolaire qui lui a exigé de payer pour sa fille les cinq mois qui ont suivi le séisme. « A cause de ma maison qui a été détruite, j'étais obligé de me déplacer avec ma fille en province où elle a pu boucler l'année académique. A mon retour à Port-au-Prince, la direction de son école m'a exigé de payer les mois d'avril à août si je souhaiterais que l'élève conserve toujours sa place à l'école, alors que j'ai payé tous les frais annuels. C'est anormal !», raconte l'homme, haut comme trois pommes, implorant le ministère de l'Education nationale d'intervenir sur ce genre de dossiers.
Des files d'attente devant la Maison Henri Deschamps
où les parents viennent acheter les manuels subventionnés.
(Photo: James Alexis)

De l'avis de certains responsables d'écoles contactés à ce sujet, les nouvelles structures placées sur les sites des établissements scolaires détruits par la catastrophe sont de loin capables d'accueillir le nombre d'élèves qu'avant le séisme. En ce sens, avancent-ils, les places deviennent extrêmement limitées. « Le plus souvent, c'est la faute des parents qui se sont déplacés avec leurs enfants et qui ont tardé à revenir conserver la place de leurs enfants à l'école », estime un directeur d'école qui n'a pas voulu donner des détails sur la raison pour laquelle la direction exige à des parents de payer les mensualités durant l'absence de l'élève à l'école. « Chaque école a sa philosophie et ses règlements », a-t-il fait comprendre.
Pour permettre à beaucoup plus d'enfants d'aller à l'école, M. Peter Frisch croit qu'il faut dynamiser le plus rapidement possible la reconstruction des écoles. « Ce n'est pas une mince affaire quand l'on sait que le coût de construction a augmenté après le séisme, dit-il. Mais, que l'on veuille ou non, les tentes ou les structures provisoires placées sur les ruines des écoles ne permettent pas d'accommoder les élèves, quand on prend le cas d'un immeuble qui était de trois étages transformé en une simple structure à un seul niveau placé sur la même espace », ajouté l'interlocuteur, affirmant que cette rentrée scolaire « reste et demeure difficile ».
Par ailleurs, si certaines écoles ont déjà accueilli leurs élèves au début de ce mois, bien avant la rentrée officielle fixée le 4 octobre prochain, les responsables d'autres établissements scolaires s'activent encore à mettre les bouchées doubles dans l'aménagement de leur site et continuent d'attendre une « manne » du ministère de l'Education nationale ou de quelques organisations ou agences internationales, comme l'Unicef, très active dans le domaine des activités scolaires, qui ont installé des centaines de tentes-écoles sur les ruines des écoles ravagées par la catastrophe.
La prochaine rentrée scolaire fait suite à une année académique qui s'est achevée dans des conditions très difficiles. Plus de 4 000 écoles ont été détruites par le séisme dans un pays où les besoins en éducation sont scandaleusement immenses. Un enfant sur deux, a souligné l'Unicef, n'allait pas à l'école en Haïti avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010. « Contrairement à d'autres pays, en Haïti, tous les parents ont la volonté d'envoyer leurs enfants à l'école, mais il leur manque les moyens », avait déclaré récemment la représentante de l'Unicef en Haïti, Françoise Gruloos-Ackerman.
Valéry DAUDIER
vdaudier@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=84111&PubDate=2010-09-30

1 commentaire:

Anonyme a dit…

wow wow wow comme d'habitude ca fait deja des annees que nous prenons une file d'attente longue comme tout pour acheter des livres. alors les parents qui veulent des livres en couleur, ceux de Henri Deschamps... des originaux... mais il y en a des photocopies qui se vendent aussi comme des petits pains chauds et des "deuxiemes mains" qui sont partout dans les marches... il n'y a pas de differences simplement que les haitiens sont trop fiers, trop ceci, trop cela ... et prefere prendre la ligne.
Cependant les ecoles congreganistes et les ecoles privees prennent les livres directement pour les enfants donc les plus aises aussi payent chers pour avoir les livres a la source pas besoin d aller faire la ligne comme Monsieur ou Madame NIMPORTEKI