Les grands rendez-vous culturels ne sont pas restés sous les décombres; le tremblement de terre du 12 janvier n'a pas occasionné la démission de nos artisans. « Ane sa a atizan yo travay rèd - Cette année, les artisans ont travaillé durement ». Les organisateurs de Artisanat en Fête, l'Institut de Recherche et de Promotion de l'Art haïtien (IRPAH) et Le Nouvelliste n'auraient pas trouvé mieux comme slogan fédérateur d'énergie autour de cet événement. Haïti: Après Livres en Folie qui a mobilisé la grande foule, le jour de la fête Dieu, Artisanat en Fête passe le cap de la quatrième édition. Pendant deux jours, les 16 et 17 octobre 2010, le Parc historique de la Canne à Sucre à Tabarre accueille deux cents artisans environ, des artisans qui n'ont pas baissé les bras et qui donnent espoir à Haïti. Ce sont des gens qui travaillent avec leurs mains, autrement dit, mettent la main à la pâte pour transformer les matériaux en oeuvres utilitaires.
Remarquons que beaucoup d'artisans, hormis ceux qui ont une renommée locale et internationale, sont des gens du peuple qui triment afin de faire oeuvre qui vaille. Artisanat en Fête permettra à chacun d'ouvrir son marché, de saisir l'occasion d'agrandir sa clientèle. Et, avouons-le, plusieurs artisans tableront sur cette fête de l'artisanat pour envoyer leurs enfants à l'école. La récolte de ces rudes travailleurs ne découlera pas de la charité internationale, mais sera le fruit de leur sueur. Ils restent chez eux et travaillent entre pairs, seuls ou en famille, ces hommes et ces femmes qui donnent un sens à la production nationale. On les verra au Parc historique de la Canne à Sucre, paysage familier à ces braves gens.
Innovation à Artisanat en Fête
Cette année, Artisanat en Fête innove. Les artisans travailleront à chaud sous leur tente. On les verra ciseler le métal, sculpter la pierre, peindre sur le bois, sur le tissu, sur le verre, etc. Chaque artisan, de son côté, permettra au visiteur de découvrir le monde dans lequel il évolue. Autant d'artisans, autant de mondes : métal découpé, peinture et applique sur tissu, pierre taillée, sculpture sur bois et en bois, sculpture métallique, bois peint, jouets en bois, banéco, vannerie, tissage en pite, filigraphie, objets perlés, pailletés, décoratifs, bijoux en bois, en corne, en cuir, lingerie, ustensiles de cuisine en bois, ornements, céramique, hard board, photographie, etc.
Un sens à la production nationale
« Le secteur de l'artisanat est un marché et mérite le regard de l'Etat haïtien », a fait observer la présidente de l'IRPAH, Martine Blanchard, lors d'un point de presse, la semaine dernière, à Pétion-Ville. Regard juste, quand on considère tout le travail fournit par ces hommes et femmes qui donnent un sens au mot production nationale, cantonné au rang de slogan.
Il y a beaucoup d'artisans à travers le pays qui survivent de l'artisanat. Un appui significatif de l'État à ce secteur rendrait énormément service au pays et, par la même occasion, plusieurs problèmes inhérents à ce secteur se résoudraient dans le développement de ce marché.
Le marché n'est-il pas, dans une certaine mesure, générateur d'intérêts matériels et de bien-être ? A l'inverse, si rien n'est fait, ils n'iront pas loin. Les palabres, les belles promesses prononcées la main sur le coeur ne contribueront pas à faire avancer la cause des artisans.
Dans un pays où tout s'écroule, cette armée d'artisans résiste dans une République dominée par une économie de l'humanitaire alimentée par les organisations non gouvernementales (ONG). Les artisans misent sur leur capacité de produire et sont à la recherche des marchés pour écouler leurs oeuvres. Ce sont de telles démarches économiques rationnelles qui sont la locomotive d'un peuple aspiré à sortir de la pauvreté, de l'indigence et de la culture de la charité.
Claude Bernard Sérant
serantclaudebernard@yahoo.fr
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
samedi 9 octobre 2010
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