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mercredi 5 mars 2008

250 millions pour « Le Parc de Martissant »

Albert Mangonès et Catherine Dunham sont en train de sourire dans l'au-delà. Leur rêve est sur le point de se réaliser.
Cinq millions d'euros, soit environ 250 millions de gourdes, l'équivalent en monnaie haïtienne, est le montant que compte investir l'Union Européenne dans le cadre du « Programme de Revitalisation du Parc de Martissant et des Quartiers périphériques » situés à l'entrée sud de la capitale. L'annonce a été faite en début de semaine par la Délégation de la Commission européenne en visite en Haïti.

« Le projet prévoit une action conjointe et coordonnée dans plusieurs secteurs d'intervention, tels que la réhabilitation d'infrastructures, la création d'emplois, l'eau et l'assainissement, l'éducation, la résolution pacifique des conflits, l'évacuation des déchets », lit-on dans une note d'invitation à la présentation et au lancement officiel du projet émanant de la délégation de l'UE en Haïti.




Six opérateurs dont deux Haïtiens, FOKAL et Mairie de Port-au-Prince, seront à l'oeuvre dans le cadre de l'exécution de ce projet, précise ladite note. Cinq sites d'une superficie totale de 159.867,96 mètres carrés, soit environ 12 carreaux de terre, sont également retenus pour la création du Parc de Martissant.

Il s'agit de :

• l'Habitation Leclerc (60.391,42 mètres carrés) ;
• la Résidence de Catherine Dunham (26.642,78 mètres carrés) ;
• la Résidence de Pauline Leclerc (3.328,94 mètres carrés) ;
• les propriétés Mangonès (42.569,46 mètres carrés) ;
• les propriétés Fongging (26.935,36 mètres carrés).


Par arrêté présidentiel en date du 29 juin 2007, les sites concernés par ce projet de création d'un jardin botanique dit « Parc de Martissant » ont été déclarés d'utilité publique. Le 13 juin 2007, l'Etat haïtien et la FOKAL ont signé un contrat de gestion du programme de réhabilitation dudit parc, et la Mairie de Port-au-Prince, dans un avis publié au journal officiel de la République, Le Moniteur, s'est engagée à apporter tout son concours aux différentes étapes de réalisation du projet.


L'espace retenu pour la création du Parc de Martissant est l'un des rares endroits encore boisés de la banlieue sud de Port-au-Prince. Le site constitue une réserve forestière pour la zone et contient des arbres géants dont des mapous plus vieux que la Première République noire. Cependant, ce site magnifique est ceinturé de bidonvilles, ce qui pourrait rendre difficile l'exécution d'un projet d'une telle envergure.



L'Habitation Leclerc, jadis, un des meilleurs hôtels de la Caraïbe du temps où Haïti était la destination touristique prioritaire de la zone, a été squattérisée à la fin des années 1990.

Des dizaines de familles sans abris et affamées y ont élu domicile et paient, par mois ou par semestre, une modique somme à des spoliateurs, a-t-on appris de sources concordantes.Le Parc de Martissant se trouve en amont de la Source Leclerc, l'une des principales sources alimentant la ville de Port-au-Prince en eau potable. En vue de protéger le parc, la source Leclerc et les autres sources avoisinantes, l'arrêté présidentiel a déclaré '' Zone Réservée'' les quartiers situés dans le périmètre immédiat du parc comprenant la rue Manigat, les ravines Bréa et Jeannot, ainsi que la courbe de niveau de 500 mètres du Morne l'Hôpital.


Dans le contrat du 13 août 2007 liant l'Etat haïtien à la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), cette dernière s'était engagée à « mener dans un délai de six mois un diagnostic sur le plan démographique, socio-économique, environnemental et infrastructurel, en vue de l'élaboration et de la mise en oeuvre d'un projet de revitalisation de quartier dans le périmètre déclaré ''Zone Réservée'' par l'Arrêté présidentiel du 29 juin 2007 en collaboration avec les organisations locales et les habitants du quartier.
Pendant toute sa vie, l'anthropologue et danseuse afro-américaine Catherine Dunham (1910-2006), qui a vécu une bonne partie de sa vie en Haïti, avait toujours rêvé de faire de sa résidence et de celles avoisinantes un jardin botanique en vue, entre autres, de la préservation et de la conservation des espèces végétales et animales en voie de disparition.
L'architecte haïtien Albert Mangonès (1917-2002), voisin de Catherine, comme par coïncidence, caressait le même rêve. Dans les années 1950, il avait prévenu ce qui allait se passer avec les villes d'Haïti, en termes de catastrophes écologiques, si les décideurs les abandonnaient à elles-mêmes. Sauver cette région boisée, ce dernier rempart de Martissant, c'est rendre hommage à ces deux grands amis de la nature et d'Haïti.
Samuel BAUCICAUT et Roberson ALPHONSE
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=55014&PubDate=2008-03-04

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