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vendredi 17 août 2007

Assassinat journalistes:jusqu'où peut aller la commission d'appui aux enquêtes judiciaires

La formation de la commission d'appui aux enquêtes judiciaires sur l'assassinat de Jean Dominique et d'autres journalistes haïtiens est accueillie comme une bonne initiative par plusieurs secteurs.
Bien évidemment, ce n'est pas la première initiative à affirmer son ambition de faire le jour sur des assassinats odieux de journalistes.
On en a l'habitude ici: plus les promesses de justice sont grandes, moins elles sont tenues. Et ce sont les ministres de la justice, les commissaires du gouvernement et les magistrats qu'on rend le plus souvent responsables des rendez-vous manqués.
Si on prend le cas de Jean Dominique, le PDG de Radio Haïti Inter, un proche du président Preval assassiné le 3 avril 2000 au cours de la dernière année de son premier mandat, on a constaté que rien n'a pu être fait pour jeter les bases d'une enquête sérieuse, alors que le meurtre était encore frais.
Des individus convoqués par le juge d'instruction ont refusé de comparaître ou se sont réfugiés à l'étranger.
L'enquête n'a pas évolué davantage sous le gouvernement Aristide. Un témoin est même décédé de façon suspecte en prison.
Il faut rappeler qu'au cours de cette période, des secteurs divers ont braqué de façon permanente leur caméra sur le sénateur, alors Lavalas, Dany Toussaint, qui avait même été inculpé par le juge d'instruction et condamné avant jugement par des organisations de droits de l'homme et des associations de journalistes dont NCHR/haïti et autre Reporters sans frontières qui ont mis soudain une sourdine à toutes leurs pressions contre lui le jour où il décida de divorcer d'avec Lavalas pour intégrer le mouvement GNB anti-Aristide.
Après le 29 février 2004 (date du départ forcé d'Aristide), les secteurs qui ont fait de la mort de Jean dominique et de Brignol Liindor leur cheval de bataille pour mener la lutte contre Aristide, n'ont rien entrepris au cours des plus de 2 ans du régime intérimaire de Gérard Latortue pour relancer le dossier. Nous avons d'autres chats à fouetter, devaient-ils se dire.
Toutefois, des secteurs ont fait circuler des rumeurs selon lesquelles, une bonne partie du dossier de Jean Dominique aurait disparu du greffe de la Cour d'appel.
Des sources judiciaires ont alors fait savoir que c'était une stratégie qui avait pour objectif de favoriser un retour à la case départ avec la suppression de tous les noms d'individus figurant dans le dossier initial.
Tenant compte de toutes les magouilles, de toutes les manoeuvres utilisées par des secteurs divers pour faire dérailler l'enquête, de quels atouts disposent aujourd'hui la commission nouvellement créée pour prétendre pouvoir remettre le dossier sur les rails?
Cette commission formée de journalistes jeunes, coiffée par SOS Journalistes, si elle n'a pas jugé bon d'associer au travail qu'on lui a confié, d'autres associations de journalistes comme l'AJH (association des journalistes haïtiens) et Echo Voix Jean Dominique, (pionnier dans la lutte pour réclamer justice pour jean Do), elle affirme touutefois avoir la garantie du support entier du président de la République pour arriver à faire bouger ceux qui ne le veulent pas.
Mais le travail risque d'être difficile et long, peut-être aussi long que le temps d'un mandat...
La commission devra répertorier tous les cas de journalistes assassinés en Haïti. On ne sait pas jusqu'où elle entend aller. On sait qu'il y a des assassinats qui remontent à plus de 30 ans dont ceux de Gasner Raymond (Petit samedi soir) et de Ezékiel Abélard (Radio Métropole).
Elle devra analyser, décortiquer les cas répertoriés, enquêter pour savoir où ils sont bloqués, qui les bloque et quoi faire pour les débloquer.
Le plus important sera d'accorder une importance égale à toutes les victimes, peu importe leur popularité, leur origine sociale, leur appartenance politique ou idéologique présumée.
L'important est que nul ne soit à l'abri des auditions des juges, que nul ne soit au-dessus de la justice.
Le plus important est que des cibles ne soient désignés à l'avance, dans le sens que des coupables seraient désignés avant enquête.
Il faut souhaiter aussi que les membres de la commission aient suffisamment de courage pour oser s'aventurer sur les terrains mouvants et marécageux où beaucoup se sont enfoncés auparavant.
Il faut souhaiter surtout qu'on ne soit pas en train d'assister à de nouvelles initiatives et déclarations pour la galerie qui viseraient tout simplement à annoncer et promettre quelque chose à l'occasion du passage en Haïti de Michèle Montas, veuve de Jean Dominique, aujourd'hui porte-parole du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon.

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