« 36 heures en Haïti », de Lise Dolmare LUNDI 12 SEPTEMBRE 2011 / PAR FRANCK SALIN
Si loin, si proche... La journaliste guadeloupéenne Lise Dolmare livre dans 36 heures en Haïti (Ed. Jasor, 2011) un voyage haletant et sensible dans un Port-au-Prince en ruines, un mois après l’effroyable séisme du 12 janvier 2010. Elle ébauche aussi dans ce texte une critique du traitement réservé à la catastrophe par les médias internationaux.
Dire, vite, quand les émotions débordent. Le reporter voit et rapporte ce dont il a été témoin, sans parti pris ni sensiblerie. L’information prime, c’est le job, une règle du métier. Mais que fait-il de ses sentiments lorsque ces derniers l’envahissent ? A son retour de reportage en Haïti où quelques jours plus tôt, le 12 janvier 2010, un terrible tremblement de terre a tout dévasté, Lise Dolmare, journaliste à RFO Guadeloupe, en a trop sur le cœur. Elle s’assoit alors derrière son ordinateur et ouvre les vannes. « Ca a été très douloureux pour moi. Quand je suis rentrée, je tapais, je tapais… », se souvient-elle. Dans 36 heures en Haïti, son livre paru cette année aux éditions Jasor, la reporter se livre.
Le 19 février 2010, lors de son arrivée à Port-au-Prince en compagnie du cadreur Alphonso Martinez, il fait nuit. Et c’est le lendemain que la violence du réel la prend à la gorge. « Au deuxième jour de ma présence en Haïti, je suis vraiment en prise directe avec l’insoutenable, écrit-elle. La veille, cette cruauté du terrain était encore absorbée par l’obscurité. Ce matin-là, la hideur s’exprime de façon soudaine ». Avec l’aide d’Achille, le garde du corps qui lui est présenté, elle parcourt la ville où elle rencontre, au milieu des décombres, nombre de sinistrés dont la dignité, l’ « étonnante stabilité corporelle et morale », la marquent. Sa rédactrice en chef lui a confié une mission : interviewer René Préval, le président de la République. Au delà de cet objectif, elle entend apporter un regard différent sur la catastrophe et ses suites de celui que les grands médias internationaux distillent sur les ondes et les petits écrans. « Ca a été traité de façon stéréotypée. Il n’était question que du terrain humanitaire et de la misère », dénonce Lise Dolmare. « Mais que fait-on de l’humanité, des interrogations, des angoisses, de la solidarité entre Haïtiens ? », s’interroge-t-elle.
Caribéenne, créolophone, noire et mère de famille, la reporter éprouve une empathie extrême vis-à-vis des sinistrés dont elle recueille images et témoignages, mais ne dévie pas de son objectif. A force de persévérance et de débrouillardise, elle rencontre René Préval. Dans un palais présidentiel en ruines, le chef d’Etat lui accorde une interview qu’elle considère comme « un instant de grâce, un instant inoubliable dans la carrière d’une journaliste ». A l’issu de ce passionnant échange, une évidence formulée par le président : « Il faut repenser, il faut refonder Haïti. » Depuis, le chanteur Michel Martelly a pris les rennes du pays. A lui de faire face à ce défi, alors que les milliards d’aide à la reconstruction promis par la communauté internationale se font encore attendre.
Lise Dolmare, 36 heures en Haïti, Ed. Jasor, 2011, 94p.
http://www.afrik.com/article23660.html
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 12 septembre 2011
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