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mercredi 15 décembre 2010

Haïti : la lutte contre le choléra marque des points

mercredi 15 décembre 2010 Maintenant étendue à l'ensemble du pays, l'épidémie continue de tuer 300 personnes par semaine.Mais elle ne progresse plus. à Port-au-Prince, elle est sous contrôle.

Port-au-Prince.De notre envoyé spécial
Le pire n'a pas eu lieu. En ce début de semaine, le choléra a tué 191 personnes à Port-au-Prince. Une hécatombe, mais très loin des dizaines de milliers de victimes que redoutaient les épidémiologistes.
À l'arrivée de la maladie dans la capitale haïtienne, début novembre, un scénario catastrophe semblait commencer à s'écrire. On sait maintenant qu'elle a été importée dans le pays par des Casques bleus népalais. Et qu'elle a été transmise à la population par l'eau d'une rivière dans laquelle les soldats vidaient leurs latrines.
C'est à Mirebalais, dans le centre du pays, que les premiers cas ont été détectés, le 19 novembre. « Le début a été très brutal, avec des dizaines de personnes touchées dès le premier jour. À la fin du mois, on dénombrait déjà 750 décès en aval de Mirebalais et dans le delta de l'Artibonite », précise le Dr Pierre Gazin, médecin de la Croix-Rouge française à Port-au-Prince.
Fuite vers Port-au-Prince
Dans ces régions peu médicalisées, où le choléra était totalement inconnu, la population n'a pas su comment réagir. Or, sans traitement approprié, on meurt en une journée ou deux, quelquefois en quelques heures seulement.
« Les gens ont paniqué. Ils ont fui vers le Nord, Cap Haïtien, ou vers Port-au-Prince, raconte le Dr Gazin. Une fois dans la capitale, la bactérie a pris d'autres voies. On est passé d'une transmission directe, en buvant de l'eau contaminée, à une transmission interhumaine, par les contacts physiques, souvent une simple poignée de mains. »
Si l'épidémie semble maintenant sous contrôle à Port-au-Prince, c'est d'abord parce que la population a bien réagi. Désormais, on ne se serre plus la main, on se choque le poing. Les habitants font attention à l'eau qu'ils boivent, lavent systématiquement les fruits.
L'offre de soins, aussi, a été à la hauteur du péril. Action contre la Faim, par exemple, fait un travail admirable en distribuant de l'eau légèrement chlorée. Ce samedi matin, une équipe se trouve place du Champ-de-Mars, près du camp de déplacés. On fait la queue, dans une odeur d'eau de Javel, devant les robinets alimentés par une énorme poche qu'un camion vient de déposer. L'eau, c'est essentiel pour lutter contre la maladie. « Nous mettons en oeuvre, tous les jours, 180 points de distribution dans la ville, alimentés par 70 camions. Mais cela nous coûte cher : 300 000 euros », dit Lucile Grosjean, la porte-parole.
Lynchages à Jérémie
Des unités de réhydratation ont été ouvertes dans les camps de déplacés. Huit centres anti-choléra ont été créés de toutes pièces, dans les quartiers, pour accueillir et soigner les malades.
En dehors de la capitale, malheureusement, l'épidémie continue de flamber. Tous les départements sont maintenant atteints. Lundi 6 décembre, le total des victimes était de 2 193 morts pour l'ensemble du pays. On recense 9 000 nouveaux cas par semaine et environ 300 morts, essentiellement dus au manque de centres de soins dans les provinces ou à leur éloignement.
Des villes comme Fond-des-Nègres ou Les Baradères, dans le département des Nippes, comptent leurs premiers morts. À Jérémie, dans l'Ouest, onze personnes ont été lynchées. Elles étaient accusées d'avoir amené la maladie.
Pourtant, malgré sa généralisation, l'épidémie paraît marquer le pas. Elle ne progresse plus, semble même diminuer. « Le choléra est une bactérie fragile. En Haïti, elle ne bénéficie pas d'un milieu favorable : trop de pente, pas assez de lagunes. Dans six mois, elle pourrait avoir disparu », pronostique le Dr Gazin. Mais d'ici là, combien de morts ?
Marc MAHUZIER.
http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Haiti-la-lutte-contre-le-cholera-marque-des-points-_3637-1623671_actu.Htm

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