Google

lundi 24 mai 2010

RECONSTRUIRE AVEC LES ARTISTES...DANY LAFERRIERE

Ce qui frappait en arrivant à Port-au-Prince, c'était une vibration dans l'air qui alertait immédiatement nos sens. Port-au-Prince était une vraie ville d'art, qui retenait le voyageur curieux. Cette ville est habituée à voir des œuvres partout. La population a un goût sûr, ce qui a fait dire à un Malraux ébahi : "Le seul peuple de peintres." L'artisanat est très vivant, créatif. La musique est à la fois grave si l'on écoute les paroles et entraînante si l'on veut danser. Il y a là une ébullition dont il faut tenir compte.

On va reconstruire Port-au-Prince suivant des normes précises, d'abord loger les gens avec une certaine sécurité. On accordera une attention particulière à l'hygiène publique – les égouts. Les maisons vont sûrement se ressembler. Des lotissements, peut-être. La ville perdra de son caractère anarchique mais gagnera en stabilité.

Il faut mettre les artistes dans le coup. Il faut faire appel à ces centaines de peintres de rue, dont les tableaux sont accrochés sur les murs de la ville, pour peindre les édifices publics. Les sculpteurs pour les parcs, les places. Des jardins autour des lotissements – c'est un art connu des marchandes de fleurs. Des salles de concerts en plein air pour les musiciens.

Il faut aussi aider les jeunes cinéastes apparus ces dernières années. On attend encore un film sur la révolte des esclaves qui a conduit à l'indépendance d'Haïti… Mettre une folle énergie sur l'art, le fabuleux trésor d'Haïti.
--------------------------------------------------------------------------------
Dany Laferrière, né à Port-au-Prince, a fui Haïti en 1976. Installé au Canada, il commence à écrire, retourne à Haïti en 1979, en repart. Il a reçu le prix Médicis pour L'Enigme du retour (Grasset, 2009). Il était à Haïti lors du séisme et en a tiré le récit Tout bouge autour de moi (Ed. Mémoire d'encrier, 2010).http://www.lemonde.fr/ameriques/article_interactif/2010/05/24/paroles-d-espoir-en-haiti_1361270_3222_5.html

Aucun commentaire: