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dimanche 29 mars 2009

Un courrier intéressant....Le père Charles....

Haïti Recto Verso publie ici un courrier privé envoyé par le frère Charles, un prêtre, dans le vrai sens du mot, qui vit un sacerdoce d’une façon particulière au milieu de peuple de nécessiteux. La Communauté haïtienne de Marseille garde encore les traces du passage de ce prêtre sympathique qui a beaucoup contribué à la consolidation de cette famille haïtienne qui aujourd’hui défend rageusement la célébration une fois par mois d’une messe en créole dans une paroisse marseillaise. Parmi ses grandes réalisations au sein de la Communauté, la chorale qu’il a façonnée et longtemps dirigée est souvent sollicitée pour animer des offices religieux.

Nous aimons rencontrer des frères et des prêtres avec cette vision et cette philosophie du service et du servir. Après les expériences malheureuses avec l’ancien prélat exilé en Afrique du Sud, les regards ont bien changé sur cette catégorie d’hommes qui représentaient davantage Tartuffe que Jésus Christ. Fort heureusement il y en a d’autres, pour qui le sens du sacerdoce n’a jamais été troqué par celui de messie ou de sosie de Toussaint Louverture ou de Jean Jacques Dessalines. A César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu !

Bonne Chance mon ami et frère Charles !

Port-au-Prince, le 24 mars 2009

Chers Amis,

Me voilà en Haïti depuis déjà quelques mois ! Les soucis familiaux et mes différentes activités pastorales ne m’ont pas permis de vous écrire plus tôt pour vous souhaiter une heureuse année 2009. Que cette nouvelle année soit pour chacun de vous riche, féconde et lumineuse. Que la lumière de l’enfant Jésus continue d’illuminer notre quotidien et que sa victoire définitive sur las forces ténébreuses que nous allons célébrer bientôt (Pâques) soit pour chacun de nous force et réconfort.

Concernant mes soucis familiaux, ma maman est toujours paralysée suite à un accident vasculaire cérébral. Elle était en République dominicaine mais depuis janvier elle est à Port-au-Prince pour recevoir des soins dans un centre hospitalier. Mon papa, quant à lui, avait une grosse tumeur. Il a subi avec succès une opération chirurgicale. Maintenant, il va très bien. Il s’occupe de ma maman.

En Haïti, la situation n’est pas du tout facile. J’ai vécu pas mal d’événements difficiles dans le pays : l’effondrement de deux écoles qui a fait un nombre considérable de victimes. Vous étiez certainement au courant. La vie chère continue sa course ascendante. On ne sait que faire. Nous, les prêtres, nous sommes très demandés. Personnellement, je me sens impuissant devant tout ce qu’il y a à faire.

Je suis allé aux Gonaïves, cette ville qui a connu de très fortes inondations en 2004 et en 2008. Je suis allé en novembre dernier et la ville était encore sous l’eau. Il est donc urgent de faire quelque chose dans ce pays dans le domaine du reboisement. La semaine dernière, il y eut encore de la pluie pendant plusieurs jours. Plusieurs endroits de la capitale ont été touchés par des inondations : 1 mort et plus de 700 sinistrés selon les chiffres publiés par le Nouvelliste.

Un aveugle que j’ai rencontré dans les rues chantait justement la misère du peuple haïtien. Il a fait allusion à tous les problèmes qu’a connus ce pays pour conclure que pour toutes ces raisons, on ne pouvait pas fêter Noël en Haïti. C’est un aveugle qui chante avec une guitare dans les rues pour gagner sa vie. J’ai été si touché par le chant qu’il chantait que je l’ai invité à venir fêter Noël avec moi. Je lui ai même demandé de prêcher à la messe du 25 décembre. Il a prêché à travers le chant qu’il a composé et qu’il a chanté pour tous les fidèles. Ce qui me plaît dans son chant, c’est qu’il invitait les gens qui pouvaient fêter Noël à s’associer à la misère des autres. Pour lui, il y a trop de familles qui sont sous le choc : des familles qui ont perdu des enfants lors de l’effondrement d’une école et d’autres familles qui ont perdu beaucoup de personnes lors des dernières inondations aux Gonaïves et dans d’autres villes du pays. Mes moyens sont maigres mais j’ai promis quand même à cet aveugle de l’aider économiquement. Il attend de moi un appareil radio pour qu’il puisse faire des cassettes pour vendre. Ce qui lui permettra de gagner sa vie. J’ai déjà donné à sa fille qui est également mendiante dans les rues une somme de 100 dollars haïtiens pour faire un petit commerce.

A Rivière-Froide, une ville qui se situe à 20 km de Port-au-Prince, je célèbre la messe tous le dimanche pour les petits frères de sainte Thérèse de l’enfant de Jésus (congrégation autochtone qui s’occupe de la formation des paysans). Dans cette ville là, il y avait pas mal d’enfants de rues. Un frère de la dite communauté m’a demandé d’encadrer un peu ces enfants là. Je n’ai pas hésité une seconde à lui donner une réponse favorable tout en lui disant que l’objectif de ce groupe d’enfants sera de planter des arbres dans leur propre localité et dans d’autres lieux du pays. C’est ainsi que l’idée nous est venue d’organiser un camp d’été de reboisement. Nous sommes en train de préparer ce camp qui aura lieu à la fin du mois de juin.

En ce qui concerne mon apostolat, outre cette messe que je célèbre le dimanche pour les petits frères, je donne des cours de Bible dans plusieurs centres universitaires de Port-au-Prince. Je suis très demandé aussi pour des sessions et des conférences dans différentes paroisses de la capitale. Ici, en Haïti, on ne chôme pas.

Je tiens à vous annoncer que j’aurai pas mal de projets que je compte réaliser pendant l’été qui vient. Mon objectif c’est d’arriver à faire quelque chose dans le domaine du reboisement et de la fabrication des fours solaires. Je suis en train de réfléchir aussi sur la transformation des déchets. Il existe déjà une usine de transformation d’ordures à Carrefour - Feuille. Je compte rendre visite aux responsables de cette usine le plus tôt possible. Voilà donc mes différents projets pour les jours à venir:


1) J’accompagne un groupe d’enfants qui, pour la plupart, vivaient dans les rues. L’objectif de ce groupe est de reboiser quelques villes du pays et de favoriser l’utilisation des fours solaires. Nous aurons notre premier camp à Léogâne du 28 juin au 4 juillet. Mon objectif, en organisant ce camp, c’est de permettre aux enfants d’avoir une bonne formation en agriculture (Mr René Destin, ex-ministre de l’agriculture accepte volontiers d’assurer cette formation) et de leur permettre également de savoir fabriquer des fours solaires (Mlle Ludivine Raimond, une française en coopération en Haïti accepte bien d’assurer cette formation).

2) J’aurai une journée de récollection avec ce groupe d’enfants (entre 30 et 40 enfants) le 4 avril au centre Rosalie de l’école des sœurs de saint Joseph de Cluny.

3) J’aurai deux autres camps de reboisement et de fabrication des fours solaires à Taïfer, village qui se situe à côté de Rivière Froide et à Miragoâne avec deux autres groupes différents de 40 à 50 personnes chacun.

4) Vu la misère atroce dans laquelle vivent quelques personnes qui me demandent souvent de l’argent, je me suis décidé à les aider à apprendre un métier. Le métier qui me paraît plus facile pour eux c’est la conduite. Ils pourront avec un permis de conduire se débrouiller pour trouver un emploi. J’aurai une réunion avec ces 10 jeunes le lundi de Pâques à 3h PM. Ces jeunes s’engageront à tout rembourser une fois qu’ils auront eu leur permis et trouvé un emploi. Ce qui permettra d’aider d’autres jeunes en difficulté. Grâce à Dieu, deux de mes amis m’ont déjà fait trouver un financement pour ce projet d’auto-école.


Voilà tout pour l’instant ! Bonne route vers Pâques !
Je vous embrasse tous ! A bientôt !

Amitiés !
Fr. Charles

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