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mercredi 7 novembre 2007

Le passé du CNE hypothèque son avenir


Le Centre national des équipements (CNE) créé au cours du premier mandat de René Préval n'existe aujourd'hui que de nom. Ses équipements - bulldozers, loaders et camions - ont été soit vandalisés, volés ou vendus aux enchères. Constat accablant qui, au Parlement, hypothèque un important accord de prêt.
« Le CNE a été pillé de ses équipements », a déclaré d'une voix ferme le député Steven Benoît pour faire échouer une proposition devant faire l'objet d'un vote le jour même de l'ouverture de la session extraordinaire, convoquée par le président René Préval. Au menu de cette figurent deux projets de loi relatifs à la réforme judiciaire et un accord de prêt de 50 millions de dollars à la Land Bank of Taiwan, une banque taïwanaise pour remembrer le CNE mis en place il y a huit ans.

Membre de Lespwa, la plateforme politique même du chef de l'Etat, l'élu de Pétion-Ville a infligé un camouflet à la commission Finance de la Chambre basse prête à soutenir publiquement son rapport sur l'accord de prêt. Document à l'appui, M. Benoît a demandé des comptes sur la gestion qualifiée de douteuse du CNE.
Le président René Préval a récemment regretté la destruction de cette importante infrastructure qui savait intervenir en saison cyclonique pour rétablir le réseau routier. Son administration a même concocté un prêt auprès d'une banque taïwanaise pour l'achat de 300 autobus nécessaires à l'amélioration des conditions de transport en commun et le renforcement du CNE. « Ce renforcement, a plaidé le député Anthony Jean-Baptiste Dumond (RDNP), est plus que nécessaire pour un pays frappé de plein fouet par la tempête tropicale Noël », le plus meurtrier après Jeanne en 2004. Steven Benoît ne doute pas non plus de l'utilité du CNE. Cependant, dit-il, il faudrait que des comptes soient rendus avant le vote de l'accord de prêt pour lequel le chef de l'Etat a convoqué une deuxième session extraordinaire en deux mois, les députés étant en vacances depuis septembre dernier.
Le parlementaire, qui a fait publier un « placard du ministère de l'Economie et des Finances », dénonce une vente aux enchères d'importantes quantités d'équipements du CNE, en novembre 2005, au temps du gouvernement de Gérard Latortue.
Tous les objets vendus sont décrits dans un document portant la signature d'un huissier du Tribunal de la Cour d'Appel de Port-au-Prince et distribué aux journalistes par le sénateur Kelly Bastien (Lespwa). D'après le document, un lot de ferrailles contenant une importante quantité de matériel de terrassement, dont 11 bulldozers, 7 loaders, 3 flatbirts, 9 blocs moteurs, 4 rouleaux liebherres, 2 barques de camion, 3 camions G.M.C Militaire et 2 cabines camion Mark a été mis en vente à seulement cent cinquante mille gourdes pour le tout... Neuf véhicules usagés et appartenant au ministère des Travaux publics et au Centre national des équipements auraient été vendus à vil prix à des particuliers.
Le sénateur Kelly Bastien réclame des explications sur l'opération. Il estime que le ministre des Finances, le directeur général des Impôts et la Cour Supérieure des Comptes doivent fournir des détails à propos de cette vente aux enchères. « Toutes les procédures ont-elles été respectées ? Les prix correspondent-ils à la valeur des objets ? », S'interroge le sénateur d'un même souffle que son collègue de la plateforme Lespwa.
En attendant le vote de l'accord prévu pour le début de la semaine prochaine, les parlementaires attendent que le rapport d'inventaire de la commission présidentielle créée en septembre 2006, par le Premier ministre Jacques Edouard Alexis, en vue de faire le jour sur le matériel du Centre national des Equipements soit rendu public. Cette structure est présidée par Jude Célestin, assisté de Jean François Chamblin secrétaire et de Aniès Lubin, Michel Chrisostome et Yvon Solages, membres.
Claude Gilles

Jean-Pharès Jérôme

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