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mercredi 7 novembre 2007

Des sinistrés refusent de partir

Au Lycée Jacques Premier de la Croix-des-Bouquets, les réfugiés refusent de quitter l'enceinte de cet établissement scolaire pour la reprise des cours suspendus depuis mardi. Réclamant un autre abri, ils dénoncent les conditions dans lesquelles ils vivent depuis sept jours après avoir tout perdu dans les eaux au cours du passage de la tempête Noël.
Irène Jean-Louis Ducasse ne verra pas bientôt la lumière au bout du tunnel après les sept jours d'enfer passés dans son abri provisoire érigé dans les locaux du lycée Jacques Premier, une semaine après l'inondation catastrophique qui a ravagé un secteur de la Croix-des-Bouquets. Âgée de 30 ans, elle et son mari ont tout fait pour sauver leurs cinq enfants des eaux en furie, qui ne leur ont laissé pour toute possession que les vêtements qu'ils avaient sur le dos.
En dépit des mauvaises conditions dans lesquelles vit la famille Ducasse hébergée depuis sept jours au Lycée Jacques Premier, celle-ci ne s'attendait pas à ce que les responsables de l'école leur demandent de vider les lieux sans leur proposer un autre abri.« Nous sommes des enfants à qui on demande de prendre les rues sans leur montrer où aller », lâche Irène, qui fait état de plusieurs cas de maladies chez les enfants durant le séjour à l'école de Croix-des-Bouquets.
« Les enfants sont nombreux et présentent de graves signes de maladies », explique-t-elle, citant de nombreux cas de conjonctivite, de grippe et de fièvre.Le t-shirt bariolé que porte Irène n'a pas été changé depuis le jour où elle et sa famille ont été forcées de laisser leur demeure emportée par les eaux.

Dormant sur les bancs ou à même le parquet d'une salle du lycée, les victimes de Noël - adultes et enfants - se disent déshumanisés. « Après sept jours d'entassement comme des fauves, les autorités n'ont même pas la décence de communiquer avec nous », se plaignent-ils.Lundi matin, une dizaine de policiers montaient la garde dans la cour du lycée afin d'empêcher toute tentative de violence par les réfugiés qui s'échauffaient en voyant arriver le maire de Croix-des-Bouquets, Jean Saint-Ange Danius. « Ô Jésus, toi seul es notre secours. Sauve-nous de la ruse des méchants », chantaient-ils, soulevant en l'air des enfants nus comme pour montrer au maire le décharnement de ces derniers et dénonçant le laxisme des autorités municipales qui ne leur donnent presque rien à manger.
« Ils nous ont laissé ici sans eau ni soin ni nourriture, déplorent-ils. Depuis mardi, la Croix-Rouge haïtienne nous a apporté du bonbon salé et quelques bouteilles d'eau qui n'ont même pas assouvi notre soif pour un jour. » Le maire Danius, au visage fatigué, quant à lui, n'y va pas par quatre chemins. « Nous étions obligés de surseoir à la paie de la mairie, dit-il, en vue de voler au secours des diverses personnes victimes du mauvais temps. » Il dit aussi que son administration a prélevé 200 000 gourdes afin d'approvisionner en nourriture certaines victimes. « La direction départementale de l'Ouest des Collectivités territoriales a annoncé avoir disposé d'une enveloppe de 1 million de gourdes. Cependant ce montant concerne les 20 communes du département très touchées par la tempête, on doit donc attendre », se résigne-t-il.

Entre-temps, Bertin Adolphe et Jean Nelson Pierre, respectivement directeur du Lycée Jacques Premier et directeur départemental de l'Education de l'Ouest, discutent sur la cour de la reprise des cours pour demain. « Le maire a promis de trouver un nouvel hébergement pour les victimes dès cet après-midi pour que les activités scolaires reprennent demain », laissent-ils entendre à l'unisson. En tout cas, l'état insalubre de la cour et celui des salles utilisées ne laissent nullement présager une reprise normale des cours pour mardi, font remarquer certains lycéens. Une incertitude qui se confirme en jetant un bref coup d'oeil au Lycée national de Cité Soleil, où la réalité était pratiquement la même lundi matin. Après l'intervention des autorités municipales, les gens de Cité Soleil ont toutefois convenu de quitter l'école afin de ne pas pénaliser les enfants.
Lima Soirélus
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=50482&PubDate=2007-11-07
Commentaires:
A la place des sinistrés j’aurais sans doute fait la même chose. IL n’y surement aucune difficulté à aménager une école en bidonville intramuros. L’Hôtel Continental a déjà subi le même sort. Victimisation résultante de la gestion médiocre des gouvernements antérieurs, attitude renforcée par ce qui reste des fameux acquis de 1986 !
Qui pis est ! En plus pure vérité, ces gens n’ont pas d’autre endroit ou aller ! Ils sont comme les citoyens qui ont occupé les rues et les trottoirs qu’ils ont transformés en marchés illégaux et informels. Ils n’ont pas d’autres moyens pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.
C’est le même cas de figure concernant la méconduite de ceux-là qui déboisent le pays en s’adonnant à la taille des arbres. C’est une question de survie. Les pauvres ! Comment voulez vous qu’ils fassent ?
Oui n’oublions pas ceux qui construisent dans les lits des rivières, sur le flanc des falaises, les gouvernements ne leur à pas laissé trop de choix.
Dès que le gouvernement actuel aura résolu leurs problèmes, Port-au-Prince et ces environs ressembleront à une ville car les marchands abandonneront les rues et les trottoirs aux voitures et aux piétons, la bidonvilisation ne sera qu’un mauvais souvenir, les constructions anarchiques ne garderont jalousement que les réminiscences des cris de ceux qui auront été engloutis quelques années auparavant, les arbres auront le temps de repousser de refleurir et de redonner des fruits…
Mais pour cela il faut –condition sinequanone- que le gouvernement construise des maisons décentes pour près d’un million de sous logés et mal logés , des dizaines de marchés mis gracieusement à la disposition de plus de 500.000 marchands exposant tout et n’importe quoi ; il faudra que le gouvernement mène une vraie politique de création d’emplois…
Mais le temps que tout cela arrive HAITI continuera à exhiber son visage de dépotoir à la face du monde civilisé !
Pour nos amis sinistrés il serait temps de penser à devancer les évènements. Les pluies même de moindre intensité provoqueront de plus en plus de dégâts dans le futur proche. Les abris mis à la disposition risquent d’être insuffisants. « Pye kout pran devan ». Il serait intelligent de commencer d’emblée l’occupation des édifices de l’état en commençant par le palais national, les mairies, le parlement etc. Tout compte fait à quoi ça sert. Ces édifices appartenant à l’état n’a donc pas de propriétaire attitrés !

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