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mercredi 7 novembre 2007

Du sang et des larmes à Carrefour

Diquini a compté ce mardi ses victimes, après un éboulement qui a fait deux morts et un blessé grave. Les larmes de Philomète Lonet, père des victimes, ont ému les responsables municipaux qui projettent d'évacuer le quartier de Kanson Fè, un bidonville situé à moins de cinq kilomètres de la mairie de Carrefour.
Le drame s'est produit aussi vite qu'une décharge électrique. Après les pluies torrentielles qui se sont abattues lundi soir sur la commune de Carrefour, Philomète Lonet, 34 ans, ne s'attendait pas à avoir ainsi deux cadavres sur les bras mardi matin. Un terrible éboulement a occasionné la mort à Diquini 63 de sa fillette de 18 mois, Alanka, et de sa belle soeur, Rosemita Duni, âgée de 11 ans. L'épouse de Philomète est toujours allongée sur un lit d'hôpital et les médecins n'osent se prononcer sur ses chances de survie.
Une vue du bidonville
« D'habitude, je me lève très tôt pour m'occuper de mes animaux et de mon négoce, dit Philomète Lonet d'un ton saccadé, visiblement accablé par une peine immense. C'était le cas aujourd'hui. Plusieurs de mes voisins sont venus m'annoncer la catastrophe à laquelle je n'ai pas accordé trop d'importance au début. Ils me disaient que des pierres étaient tombées sur ma maison. C'est à mon retour que j'ai compris que ma fille, ma belle-soeur et ma femme que j'avais laissées en pleine forme moins d'une demi-heure étaient ensevelies sous les décombres.»La taille étreinte par un maillot, larmes aux yeux, le père de famille ne pouvait cacher son émotion, racontant sans cesse le film de l'événement. « Laissez-le cracher son saisissement », lâche une de ses voisines, en sanglots.
Des maisons suspendues sur des buttes de terre à Ravin Kanson Fè
Un amoncellement de pierres et de mottes de terre qui se sont détachées de la falaise a surplombé la pauvre maisonnette que louait la famille Lonet. « J'ai demandé à Morel Saint-Cyr, propriétaire de la bicoque, d'arrêter les travaux de fouille de la butte, gémit Philomète. Il n'a fait que m'ignorer. Et mon sort... Et mon sort... »
Un amoncellement de pierres et de mottes de terre remplace la pauvre maisonnette que louait la famille Lonet
Quartier de peur
A la ravine Kanson Fè, aucune maison n'est à l'abri d'un éboulement. Ce quartier aux constructions anarchiques élevé au pied de la Route Saint-Roch - Diquini 63, à Carrefour, est comme une catastrophe annoncée. Des dizaines de maisonnettes ont été construites à même le lit de la ravine. D'autres, un peu plus haut, dominent la ravine, semblant ronger à grosses bouchées le sol sédimentaire.« C'est un drame qu'on n'aurait pas vécu si les constructions respectaient les normes », déclare Evenouse François, un agent du Comité communal de la Protection civile, aux voisins des victimes occupés à déterrer les corps.
Une autre maison suspendue à la rue Tunnel
Le quartier de Ravin Kanson Fè se trouve à moins de cinq kilomètres du bureau communal de la protection civile logé dans la cour de la mairie de Carrefour. « C'est une caricature de nombreux bidonvilles, reconnaît le maire-adjoint, Savary Orélus. Il y a aussi Bois-Joute, Do Karyann, Sous Kowosòl, etc. » Un héritage de 20 ans A la mairie de Carrefour, on demeure circonspect. « C'est un lourd héritage que gère notre équipe qui n'a que six mois à la tête de l'administration communale», disent de concert le maire Orélus et le directeur général Jude Edouard Pierre.
« L'état d'urgence est décrété dans tout le quartier de Ravin Kanson Fè », explique M. Pierre, annonçant l'évacuation de cinq familles dont les baraques sont placées en zone dangereuse.Un recensement devait être entrepris mardi en vue de dénombrer les habitants du quartier. La mairie et le ministère des Affaires sociales se chargent de ces opérations qui doivent déboucher sur le déplacement progressif des habitants.« Les riverains sont conscients de la situation. Le quartier n'est plus habitable. Ils doivent le laisser », dit le directeur général de la mairie de Carrefour, qui n'est pas encore en mesure d'évaluer le coût des interventions à faire dans le cadre de ces opérations.

Philomète Lonet, père des victimes, se tordre de larmes

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