Le député de Pétion-Ville, Steeven Irvenson Benoît, a fait, le lundi 3 septembre, le dépôt d'un projet de loi portant sur la révision du salaire minimal. En lieu et place d'une proposition de loi appelée à être adoptée par ses collègues, cette initiative tient lieu plutôt d'un débat lancé au sein de la société et des autorités financières et politiques, selon le Parlementaire. Ce projet qui fixe à 200 gourdes le salaire minimal environ 6 ans après que l'Etat l'eût fixé à 72 gourdes hantait depuis mai l'esprit de M. Benoît devançant un groupe de députés qui travaillait sur un tel projet.Si le projet du député de LESPWA est bien reçu par certains de ses collègues, celui-ci occasionne beaucoup d'hésitations du côté de certains autres parlementaires et bien d'autres personnalités du secteur privé.
Dans le couloir du Parlement, on arrive même à entendre des députés critiquer vertement la démarche de M. Benoît. Ces Parlementaires considèrent cette initiative comme sentimentale. Cependant, pour le président de la commission des Affaires sociales et du Travail, Jean Edzer Valentin, l'idée de penser à réévaluer le prix du travail des prolétaires est bonne. « La hausse du coût de la vie et l'inflation peuvent justifier une telle démarche, mais elle doit être le fruit d'un large débat dans la société », fait-il valoir.
M. Valentin reconnaît l'intérêt qu'un tel sujet peut déclencher au niveau de la société. La commission qu'il dirige, dit-il, est déjà en pourparlers avec le ministre des Affaires sociales et du Travail en vue d'engager le débat sur la question du salaire minimal. Mais cela ne relève pas seulement de l'Etat mais cela doit impliquer tous les secteurs de la vie nationale. Il pense qu'une telle proposition ne relève pas de l'autorité d'un Parlementaire ou du Parlement. « C'est l'Exécutif, après tout consensus qui détient l'autorité de travailler sur un tel projet compte tenu de son importance », fait remarquer le député de La Vallée de Jacmel.
Avec près 275%, le salaire minimal de 200 gourdes proposé par le député Benoît pourrait être considéré comme une grande augmentation en termes de valeur nominale, avance Jean-Claude Paulvin, président de l'Association haïtienne des Economistes (AHE) et PDG d'Ecosof, une firme de consultation financière. Mais, nuance-t-il, en termes de valeur réelle, cette valeur peut ne pas représenter grand-chose dans la mesure où la hausse du coût de la vie et le taux de change réel interne ne soient pas cadrés avec ce salaire.
Passant en revue une partie de l'histoire du salaire minimal en Haïti, l'économiste croit que les augmentations pratiquées sont habituellement hautes. Il se rappelle que dans les années 80, l'Etat a augmenté de près de 150% le salaire minimal qui était alors fixé à 15 Gourdes en le faisant passer à 36 gourdes. Au début des années 2000, il y a ajouté la moitié en le fixant à 72 gourdes.
M. Paulvin conseille aux autorités haïtiennes une bonne analyse de l'inflation, une bonne écoute de tous les secteurs, en insistant sur le secteur de l'investissement, et un examen minutieux des situations et des propositions afin de déboucher sur quelque chose qui ne nuit pas à l'économie haïtienne vivant essentiellement de l'importation. Avançant deux des objectifs qui peuvent pousser l'Etat à réviser le salaire minimal notamment l'augmentation du pouvoir d'achat des salariés et la stimulation de l'investissement, Jean-Claude Paulvin croit que le débat sur le salaire minimal doit être sérieux afin d'éviter qu'il ait des impacts négatifs sur l'investissement étranger. Car, dit-il, les mesures à prendre doivent être conformes à la réalité du marché de travail haïtien et en même temps qui renvoient de bons signaux aux investisseurs étrangers afin de favoriser la compétition même au niveau régional.
Le président de l'AHE minimise également l'importance d'une passation du salaire minimal à 200 gourdes. Selon lui, beaucoup de patrons avaient déjà jugé dérisoires les 72 gourdes en donnant à leurs employés et ouvriers parfois plus que les 200 gourdes projetées.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=48275&PubDate=2007-09-07
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
lundi 10 septembre 2007
Le salaire minimal, un projet à prendre au sérieux
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire