Google

dimanche 8 janvier 2012

Haïti, deux ans après: choléra, abris, débris... et progrès

Baptiste Ricard-Châtelain Le Soleil
(Québec) Le 12 janvier 2010, la terre a brutalement secoué la pauvre Haïti, détruisant une partie des institutions et des maisons. Deux ans plus tard, le choléra s'est installé à demeure, plus ou moins 500 000 personnes vivent toujours dans des cahutes, la moitié des débris jonchent encore le sol... Mais ça va mieux! Les avancées sont considérables, clament en choeur cinq organisations non gouvernementales canadiennes au boulot sur le terrain.
«Depuis deux ans, il y a eu énormément de progrès», assure Nicolas Moyer, directeur général de la Coalition humanitaire née de l'union de Care, Oxfam Canada, Oxfam Québec, Plan et Aide à l'enfance. Des centaines d'écoles ont été réparées, écoles où l'on sert quotidiennement des repas aux petits; des hôpitaux reprennent du lustre; cinq millions de mètres cubes de gravats ont été nettoyés; la production agricole est en croissance; un million de déplacés ont quitté les 700 camps...
«Il y a aussi encore énormément de travail à faire», a-t-il convenu, au cours d'une conférence de presse téléphonique bilingue, jeudi. Quelque 70 % des forces vives d'Haïti sont sans emploi, ne peuvent subvenir à leurs besoins de base. Et il y a ces milliers de mal-logés. «Beaucoup de personnes se sont installées dans les camps parce qu'elles y reçoivent des services, des services auxquels elles n'avaient pas accès avant», souligne le directeur de pays en Haïti pour Aide à l'enfance Canada, Gary Shaye. «Beaucoup de victimes du tremblement de terre ont ainsi reçu des soins de santé de base pour la première fois de leur vie, elles ont accès à de l'eau potable.»
«Il y a 500 000 personnes qui vivent dans des conditions difficiles dans des camps de fortune, on les a sous les yeux, on les voit tous les jours», poursuit le directeur de pays pour Haïti chez Oxfam, Claude St-Pierre. «Mais ça ne fait que nous rappeler quelles étaient les conditions de vie de plusieurs personnes avant le tremblement de terre. Il ne faudrait pas oublier Haïti. Ne surtout pas oublier qu'avant le tremblement de terre les choses étaient loin d'être ce qu'elles devraient être. Il y a un défi de développement à long terme ici qui est important.»
«Le peu qui existait, il y a une partie qui a été détruite, enchaîne-t-il. Il faut continuer la construction qu'on était en train de faire pour avoir un pays où les gens peuvent bénéficier des services de base minimaux. Le point de départ était déjà très bas. Il y avait beaucoup de travail à faire avant.»
Haïti est dépendante de l'aide internationale. Même avant la tragédie de janvier 2010, une large part du budget national provenait de l'étranger, fait remarquer M. St-Pierre. «Cet effort-là ne peut pas cesser si on veut permettre à Haïti de s'en sortir et de faire le pas vers un développement durable, il faut accompagner Haïti pour les prochaines années encore.»
Le gouvernement haïtien devra s'investir, prévient tout de même Nicolas Moyer, de la Coalition humanitaire. «Cette dernière année a été difficile avec les complications politiques en Haïti, avec une impasse politique pendant plus de cinq mois qui a énormément ralenti le progrès de la reconstruction. Les organisations non gouvernementales, comme les membres de la Coalition humanitaire, font partie de la solution à long terme et vont demeurer en Haïti aussi longtemps qu'il le sera nécessaire. Mais il ne leur appartient pas de "réparer" le pays. Cette tâche revient au gouvernement, qui devra démontrer un leadership fort avec de vastes stratégies pour le repeuplement et l'économie.»
Au Canada, les membres de la Coalition humanitaire auraient récolté plus de 15,5 millions $ en dons populaires et reçu plus de 12 millions $ de l'Agence canadienne de développement international.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/dossiers/seisme-en-haiti/201201/05/01-4483247-haiti-deux-ans-apres-cholera-abris-debris-et-progres.php

Aucun commentaire: