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jeudi 27 octobre 2011

EDITO : Lydie Parent comme une abeille

Haïti: « Mars fait la fleur, avril en a l'odeur ». Quelle belle façon de dire que les ânes croulent sous les fardeaux pour que les chevaux batifolent, traduction libre de notre "bourik travay pou chwal galonnen". Ce sont ces deux proverbes qui ont fusé dans la salle de rédaction du Nouvelliste quand ont été mis sur le tapis les commentaires d'une fidèle lectrice qui a fait part au journal de son indignation après la publication de l'article sur la place Saint-Pierre vidée de ses occupants. Le journaliste, selon elle, n'aurait pas dû faire état de la présence de responsables de l'OIM venus donner le dernier coup de truelle et recueillir quelques lauriers pour cette mission qu'ils n'ont pas accomplie.
L'article a révulsé notre lectrice qui veut que tout honneur et toute gloire soient rendus à la mairesse Claire Lydie Parent.
C'est vrai, la patience et l'opiniâtreté de madame Parent ont fini par payer. Elle a su braver les insultes des sinistrés, l'incompréhension de deux présidents de la République - René Préval puis Michel Martelly- et l'incrédulité d'une ribambelle de ministres, maires et responsables peureux qui attentaient son échec comme un chien affamé attend la chute d'un corossol.
Et que dire des ONG et autres organismes de défense des droits des sans-abri qui s'étaient ligués contre la mairesse.
Enfin, alors que l'affaire se termine pour le mieux, voilà qu'un organisme étranger se présente pour voler une part de la lumière qui revient à la femme de Malik qui a dirigé Pétion-Ville plus longtemps que tous les édiles de ces dernières décennies.
Madame Parent - le jour où on fera le bilan de son règne - est un des rares élus municipaux de la République qui sait trouver du sang dans les pierres et qui met toujours tout son coeur à l'ouvrage.
Armée de son courage, de sa voix de chanteuse, de sa perruque et de ses faibles moyens, elle a pu surmonter des situations perdues d'avance, remarquent ceux qui l'admirent.
La mairesse, qui a une action importante dans les sections de cette commune si urbaine qu'est Pétion-Ville, va-t-elle briguer un nouveau mandat ?
Personne ne peut l'affirmer, mais il faut souligner qu'elle est de cette race rare d'élus qui gagnent, perdent et regagnent sans abdiquer leur passion pour une tâche ingrate : la gestion d'une ville en Haïti.
Il reste à la mairesse à continuer son travail pour soulager l'inconfort des hommes et des femmes qui campent dans les autres regroupements provisoires et d'animer un séminaire pour les maires, ministres et dirigeants qui n'ont pas encore remarqué le chemin qu'elle a parcouru depuis le 12 janvier 2010.
Madame Parent, pragmatique comme on la connaît, a sans doute compris qu'elle devait s'allier à ceux qui, hier, la pourfendaient. Son objectif est de bien réussir à reloger les sinistrés et à redonner un aspect moins humanitaire à la principale place publique de sa commune.
Qu'importe si avril a l'odeur des fleurs, il nous faut des abeilles en mars et madame Parent en est une. Des plus productives.
Frantz Duval
duval@lenouvelliste.com
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=98760&PubDate=2011-10-26

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