Google

mardi 4 janvier 2011

Haïti - Reconstruction : (I) Le Logement - Plan stratégique

04/01/2011 08:18:37
12 mois après le tremblement de terre, le financement a commencé à arriver, mais lentement. Les communautés nationales et internationales commencent à travailler conjointement de manière plus efficace. La Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) est en train de jouer un rôle actif dans cette coopération, comme le montrent les projets qu’elle a approuvés (à hauteur de 3 milliards de dollars) et pour lesquels les organisations internationales se sont engagées en partenariat avec des ministères haïtiens.
Alors que les donateurs commencent à honorer leurs engagements, ils sont confrontés à la difficulté d’évaluer les faits reflétant les besoins les plus urgents qui se posent sur le terrain, un grand nombre d’entre eux se demandent comment établir un ordre de priorité pour leurs dépenses.
Le plan stratégique, présenté, lors de la quatrième réunion de la CIRH, le 14 décembre 2010 à Santo-Domingo en République Dominicaine, permettra d’orienter les agents d’exécution des projets, les donateurs et les investisseurs à mesure qu’ils honoreront les engagements contractés aux fins de la reconstruction et du développement d’Haïti, et accorderont un financement additionnel qui fait grandement défaut. Élaboré conjointement par la CIRH, les experts internationaux et les dirigeants des ministères, ce plan souligne un grand nombre des besoins les plus importants qu’Haïti devra satisfaire d’ici la fin du mandat de la CIRH (octobre 2011).
Chaque jour de la semaine nous vous ferons découvrir un volet de ce plan stratégique pour 2011. Aujourd’hui nous traiterons du logement.
Le principal résultat visé est de réduire de 400,000 personnes la population des camps.
Parmi les autres résultats, il convient de citer :
- L’enregistrement complet de tous les ménages affectés par le séisme et l’identification d’une solution au problème de logement de chacun (retour, reconstruction, relocalisation), ainsi qu’un mécanisme de soutien financier.
- L’octroi d’un logement temporaire ou d’un abri renforcé aux familles vivant encore dans les camps.
- La production finale du plan stratégique de redéveloppement urbain de Port-au-Prince (phase 1) et d’autres grands centres urbains, ainsi que l’établissement de plans financiers.
- La mise en application d’un programme de crédit pour les habitations unifamiliales et multifamiliales.
Justification :
La meilleure approche à suivre pour reloger les gens affectés par le tremblement de terre en Haïti consistera à faciliter autant que possible leur retour à leurs quartiers d’origine, tout en améliorant progressivement la sûreté et la qualité de la vie dans ces quartiers et en relocalisant ceux et celles dont la sécurité ne peut être garantie. Cette approche favorise également les interventions qui permettent au plus grand nombre de personnes de sortir des camps ainsi qu’une amélioration des conditions de vie dans le plus court laps de temps possible, tout en maintenant les réseaux sociaux et les moyens de subsistance dont disposent les résidents des camps pour leur survie. Pour y parvenir, il faut relever les normes de construction, réduire la vulnérabilité des sites de logement et des quartiers et améliorer l’utilisation des terres et étendre les services publics dispensés dans les quartiers. Le processus de reconstruction devra également fournir des opportunités économiques dans la construction et les domaines connexes et il s’accompagnera de nouvelles options de financement pour les familles admissibles.
Toutefois, tous les intéressés ne pourront pas ou ne devraient pas retourner à leur mode de vie antérieur, de même que tous les ménages n’ont pas besoin de la même forme d’assistance. Par conséquent, le programme de reconstruction doit offrir un éventail de solutions en termes d’abri et de logement pour répondre aux besoins des familles affectées, de même que les options doivent être façonnées en fonction des besoins de divers groupes : les propriétaires et les locataires, les personnes déplacées et non déplacées, les ménages urbains et ruraux. Au sein de la population affectée, ils sont nombreux ceux et celles qui ont déjà déménagé plus d’une fois, de sorte qu’il faut veiller à ce que l’aide n’entraîne pas de nouveaux problèmes sur le plan des déplacements (p. ex., des relocalisations répétées, une augmentation des loyers ou des différends sur la location des logements ou la propriété des terrains).
Les buts poursuivis sont donc les suivants :
Rétablir la situation des ménages à ce qu’elle était avant le séisme; aider les propriétaires à reconstruire et aider les locataires à retrouver leurs droits de locataires;
Améliorer la sûreté des maisons ainsi que la sûreté et la fonctionnalité des quartiers réoccupés, grâce à une planification communautaire appropriée et à l’approche visant à « reconstruire mieux »;
Réduire le nombre de maisons et de quartiers se trouvant dans des lieux non sécuritaires ou indésirables, en procédant à une évaluation des risques et à des relocalisations;
Assurer que la reconstruction et les nouvelles constructions contribuent à la rénovation urbaine et au développement régional, comme il est envisagé dans le plan de reconstruction à long terme du gouvernement.
Les programmes requis :
Les cibles mentionnées ci-dessus reposent sur l’hypothèse qu’on peut construire plus de 1,000 nouvelles maisons par mois en 2011 et réparer plus de 2,000 maisons par mois. Cela exige la coordination d’un grand nombre d’acteurs œuvrant dans la reconstruction de logements, ainsi que la mise en place d’une coordination significative et d’un système de soutien pour les quartiers et les agences de reconstruction.
Parmi les actions prioritaires, il y a lieu de citer :
La conception et le lancement de projets d’aide financière et technique aux quartiers et aux ménages pour les réparation et la reconstruction, conformément à des lignes directrices reflétant les politiques du gouvernement;
- L’enregistrement de tous les ménages affectés par le séisme, de sorte que ceux qui ont été touchés deviennent des candidats à l’assistance offerte;
- La formation de plusieurs centaines de constructeurs et leur initiation aux techniques améliorées de réparation et aux lignes directrices applicables à la reconstruction;
- Le soutien aux quartiers et aux municipalités, y compris la formation des planificateurs et des animateurs communautaires, ainsi que la création de centres de ressources communautaires;
- La mise au point finale et rapide des plans stratégiques de développement urbain pour Port-au-Prince et d’autres villes affectées, de sorte que les changements exigés par ces plans dans le domaine de l’utilisation des terrains puisse être prise en considération dans la nouvelle planification des quartiers. D’autres programmes visant à aider des groupes spécifiques, notamment des programmes de crédit et une assistance ciblée pour les propriétaires de maisons de rapports, seront également nécessaires.
Parmi les projets spécifiques prévus pour 2011, il convient de citer :
- La démolition de 30 % de toutes les maisons rouges (27,000 maisons = retour de 172,000 personnes chez elles).
- 5,400 maisons sont reconstruites et 32,000 abris transitoires sont fournis dans des quartiers pour d’anciens occupants de maisons rouges.
- Réparation ou réhabilitation de 25 % de toutes les maisons jaunes (24,000 maisons = retour de 164,000 personnes chez elles).
- Fourniture de services de base dans les quartiers à 67,000 ménages retournant chez eux.
- Construction, dans de nouveaux sites, de 5,500 unités de logement à des fins permanentes ou transitoires (= 24,000 personnes).
- Octroi de logements temporaires ou d’abris renforcés (121,000 unités = 685,000 personnes).
Besoins de financement :
Le financement nécessaire pour reloger la population déplacée d’Haïti sera énorme, mais seule une proportion devra être consacrée au logement proprement dit. Une grande partie de ce financement servira à enlever les décombres et à améliorer les conditions de vie dans les quartiers grâce à une amélioration des services et à une réduction des risques, ce qui favorisera l’investissement privé dans le logement.
Les engagements originaux de financement pour le secteur du logement totalisaient 174 millions de dollars. À ce jour, les engagements de financement de l’agence de reconstruction ont porté principalement sur les abris temporaires, de sorte que les engagements aux fins de reconstruction sont encore difficiles à déterminer et sont souvent accordés seulement en termes de « nombre de maisons ». Néanmoins, les projections faites par un certain nombre d’agences pour l’ensemble du programme de reconstruction s’élèvent à ce jour à 21,000 réparations et 15,000 constructions de maisons neuves. Ces chiffres doivent être comparés aux besoins de 23,000 réparations, 11,000 constructions d’unités neuves et 160,000 améliorations de logements temporaires durant la seule année 2011 nécessaires pour atteindre les cibles proposées. Pour l’intégralité du processus de reconstruction, il faudra reconstruire environ 90,000 maisons et en réparer 93,000.
Le financement nécessaire pour réaliser ces objectifs durant la seule année 2011 est estimé à 350 millions de dollars (1), dont peut-être 40 % sont promis par diverses agences, mais qu’on envisage de dépenser sur une période plus longue (3 à 4 ans). Le gouvernement doit lever les obstacles compliquant la tâche des donateurs désireux de dépenser les capitaux dont ils disposent (voir ci-dessous). Une fois cela fait, les agences devront être encouragées à débourser les fonds promis pour satisfaire des besoins plus urgents tels que le déblaiement, les réparations des maisons jaunes et la préparation des sites, plutôt que de réserver ces fonds spécifiquement à la construction de logements ou à la reconstruction.
(1) Ces chiffres comprennent :
- 55 millions de dollars pour la construction de nouvelles maisons dans de nouveaux sites;
- 60 millions de dollars pour mettre à niveau des abris ou fournir un logement temporaire;
- 30 millions de dollars pour de nouvelles constructions dans des quartiers existants;
- 35 millions de dollars pour les opérations d’énumération dans les quartiers;
-53 millions de dollars pour les réparations de maisons jaunes;
- 30 millions de dollars pour la reconstruction de logements dans les quartiers;
- 52 millions de dollars pour le rétablissement de services temporaires aux quartiers réoccupés;
- 35 millions de dollars pour l’atténuation des risques dans les quartiers.
Décisions stratégiques et catalyseurs institutionnels
Il y a un certain nombre de décisions stratégiques que le gouvernement peut prendre pour accélérer le rythme des travaux de reconstruction. Ces mesures sont :
1 - Propriété foncière :
Problème : Le statut peu clair des terrains appropriés empêche les interventions de l’Agence et encourage les occupations illégales des terrains
Solution proposée : Le gouvernement complète ou abandonne les processus d’appropriation de terrains déclarés d’utilité publique.
2 - Sûreté du mode de possession :
Problème : Risques associés pour les ménages au mode de possession très contestable dans les quartiers établis de manière non officielle
Solution proposée : Le gouvernement met en place des procédures garantissant les droits de possession dans des quartiers recensés de manière non officielle.
3 - Enregistrement des ménages :
Problème : Seulement ceux qui ont été enregistrés dans des camps, ce qui les oblige à y rester pour être admissibles à l’aide attendue
Solution proposée : L’enregistrement de la population touchée est terminé.
4 - Gestion du risque :
Problème : Doutes à propos des personnes pouvant retourner en toute sûreté dans leurs quartiers.
Solution proposée : Le gouvernement et les donateurs conviennent de stratégies visant à atténuer les risques dans les quartiers.
5 - Mise à niveau pour « reconstruire mieux » :
Problème : Nécessité d’améliorer grandement la capacité de réparer, de réhabiliter et de reconstruire de manière sécuritaire en appliquant de nouvelles lignes directrices
Solution proposée : Nécessité de programmes de formation d’envergure pour les constructeurs, les propriétaires et les gouvernements locaux, avec la caution du gouvernement. Nécessité de lignes directrices en matière de réhabilitation.
6 - Assistance financière :
Problème : Variété de propositions, mais rien de clair sur l’aide financière au logement pour les ménages
Solution proposée : Le gouvernement et les donateurs élaborent une stratégie unique d’aide financière aux ménages.
7 - Politique en matière de reconstruction :
Problème : L’inexistence d’un cadre stratégique clair pour la reconstruction de logements ralentit les interventions de l’Agence et rendent les résultats incertains.
Solution proposée : Le gouvernement approuve le retour aux quartiers et le cadre de reconstruction des logements.
Interdépendance avec d’autres secteurs :
Le logement et la reconstruction des quartiers ne constituent pas un secteur unique, mais ils sont concernés par des interventions dans divers secteurs visés par la CIRH, à savoir la distribution d’eau et l’hygiène publique, la réduction des risques aux catastrophes, la création d’emplois, la santé, l’éducation, etc. Les décisions en matière de logement sont fortement influencées par les décisions relatives aux investissements dans d’autres secteurs, le transport par exemple. Ainsi, il faut établir une coordination étroite entre les secteurs, ainsi que sur le plan des investissements dans le logement et les quartiers.
Cela sera particulièrement important, par exemple, quand les ménages quitteront les camps pour être relocalisés. Afin de rendre le retour faisable pour les familles, les promoteurs de projet doivent s’assurer qu’il y a suffisamment d’eau potable dans le quartier, des conditions sanitaires, des services de santé et d’éducation. Sans cette coordination, les familles pourraient décider de rester dans les camps.
HL/ S/ HaïtiLibre /CIRH
http://www.haitilibre.com/article-2033-haiti-reconstruction-i-le-logement-plan-strategique.html

Aucun commentaire: