Par Thierry Portes
La contestation des résultats de la présidentielle entraîne un report du deuxième tour.
Le calendrier électoral haïtien s'étire et se tend dangereusement, comme un élastique prêt à rompre. Le deuxième tour des élections générales -présidentielle, législatives et renouvellement sénatorial partiel- n'aura pas lieu à la date initialement prévue du 16 janvier. C'est quasiment officiel. Pierre Thibault, l'un des membres du CEP, le Conseil électoral haïtien, l'a confirmé au Figaro: «Il faudra bien un mois pour préparer les élections, qui se tiendront probablement fin février.»
Mais cette question ne trouble pas le microcosme politique haïtien et le personnel diplomatique qui a investi Port-au-Prince. Le grand sujet d'inquiétude vient de la diffusion, semble-t-il imminente, des conclusions de la mission de l'OEA, l'Organisation des États américains, venue valider le premier tour de la présidentielle. L'OEA s'apprête à rendre son rapport au président haïtien René Préval. Seraient ainsi connus les deux qualifiés pour le second tour de la présidentielle.
Début décembre, la sélection, loin derrière Mirlande Manigat, de Jude Célestin, le candidat d'un président Préval si décrié, avait jeté dans les rues de la capitale haïtienne des jeunes soutenant Michel Martelly, arrivé troisième, et disqualifié pour moins de 7000 voix. Leur rage était compréhensible: la fraude du pouvoir était manifeste, et elle fut condamnée par les observateurs internationaux et nombre de chancelleries occidentales. Leurs méthodes étaient en revanche condamnables: les barrages, destructions et actes de vandalisme organisés par ces émeutiers durant plusieurs jours à Port-au-Prince ont rappelé de mauvais souvenirs dans un pays sujet à des accès de violences.
Risques d'émeutes
Si les résultats annoncés en décembre sont validés, il y a fort à parier que les mêmes émeutiers repasseront à l'attaque. Toutefois la rumeur, véhiculée par la communauté internationale qui est largement partie prenante dans ce processus, dit que Jude Célestin serait cette fois disqualifié. On ne sait comment la prudente OEA va s'y prendre pour suggérer que seuls la juriste Mirlande Manigat et le chanteur Michel Martelly doivent rester en lice pour le second tour. La réaction des autres candidats, éliminés au premier tour, et qui avaient dénoncé ce scrutin, peut réserver des surprises. Mais elles auront moins de poids que celle de René Préval, qui n'est sans doute pas disposé à ce que son candidat soit ainsi rayé d'un trait de plume. Quant aux réactions des candidats au second tour des législatives et sénatoriales de l'Unité, le parti de Préval et Célestin, qui risquent de souffrir d'un retournement de la dynamique électorale, elles suscitent nombre d'interrogations et de craintes. Dans l'Unité, il y a des adeptes de la manière forte. «Des armes et de l'argent ont été distribués dans les quartiers populaires», nous assurait Mirlande Manigat, qui s'apprête à affronter Michel Martelly. Tout le monde répète à Port-au-Prince que la situation est explosive.
Reconstruction
En officialisant maintenant les résultats du premier tour de la présidentielle, on peut au moins espérer qu'après une bouffée de chaleur, les rues de la capitale haïtienne retrouvent un peu de calme pour la célébration, le 12 janvier, du premier anniversaire du tremblement de terre.
Si troubles il devait y avoir, et si ceux-ci devaient perdurer, ils différeraient encore un peu plus la reconstruction de Port-au-Prince et de sa région, qui n'a pas réellement commencé. Les bailleurs de fonds internationaux, venus au chevet d'Haïti, attendent en effet pour lancer les travaux qu'un nouveau président soit investi et la mise en place d'un gouvernement issu des législatives. «Cela nous renvoie à avril prochain», assure un haut représentant des institutions financières internationales installé en Haïti.
Choléra : l'ONU enquête
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a nommé quatre experts pour enquêter sur l'épidémie de choléra en Haïti, dont certains habitants du pays attribuent l'origine à des Casques bleus népalais. Plus de 3400 personnes sont mortes du choléra depuis le début de l'épidémie en octobre. Le mois dernier, des chercheurs américains ont rapporté que la bactérie responsable du choléra en Haïti provenait d'Asie du Sud et ressemblait surtout à une souche décelée au Bangladesh. L'ONU disait ne disposer jusqu'ici d'aucun élément laissant penser que le bataillon népalais en soit responsable, tous les tests effectués sur ses soldats s'étant révélés négatifs. Mais devant la persistance des accusations, Ban Ki-moon a dû réagir.
http://www.lefigaro.fr/international/2011/01/07/01003-20110107ARTFIG00660-haiti-les-elections-devraient-etre-reportees-a-fevrier.php
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
dimanche 9 janvier 2011
Haïti: les élections devraient être reportées à février
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