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dimanche 16 janvier 2011

Haïti. La vie repousse sur les ruines

16 janvier 2011 Malgré les ruines qui rappellent à tous les coins de rue le violent séisme du 12 janvier 2010, les choses ont bien changé à Port-au-Prince en un an. Nephtalie Eva Joseph, Jean Rony Fils et Noé Morancy racontent leur parcours depuis que la terre a tremblé.

De notre envoyé spécial.
Fin janvier2010, Nephtalie, Walkyse Eva Joseph et leur jeune frère sont complètement désemparés. Facs effondrées, amis étudiants et professeurs tués ou grièvement blessés... Le système universitaire et éducatif n'est plus qu'un vaste champ de ruines. Très vite, Nephtalie, étudiante en psycho, et Walkyse, inscrite en cinquième année de médecine, vont mettre leur énergie et leur expérience au service d'un dispensaire. Puis Nephtalie participera à un programme de soutien psychologique auprès des familles. Une activité rétribuée qui lui permettra d'aider son père, chauffeur de tap-tap, un taxi en commun, à subvenir aux besoins de la famille. En avril, les étudiants reprendront enfin le chemin de la fac dans des bâtiments provisoires faits de poutres métalliques, de contreplaqué et de tôles.
«On craint toujours les secousses»
Il y a quelques mois, Walkyse a débuté son internat à l'hôpital central de Port-au-Prince. En début de semaine, elle accueillait notamment les malades du choléra au service des urgences. Sur le terrain familial, qui borde un grand camp de réfugiés, la petite maison lézardée est à nouveau occupée. «Mais uniquement le jour, précise la mère. Comme on craint toujours les secousses, on préfère dormir dans le cabanon de bois construit par une association caritative.» Deux chambres y ont été aménagées. «On nous a promis que notre maison, qui a été inspectée assez rapidement après le tremblement de terre, serait réparée prochainement, annonce-t-elle en faisant visiter les lieux. L'État s'est engagé à financer ces travaux. Quand la consolidation sera terminée, on y habitera jour et nuit.» Sur la rue, le père, les mains couvertes de cambouis, répare le moteur d'une voiture qui n'est pas la sienne. Une manière d'arrondir les fins de mois.
Jean Rony Fils retrouve une belle vitalité
Ce jeune homme de 22 ans, qui a perdu sa petite soeur et sa mère sous les décombres de la maison familiale, est resté bloqué sous un amas de parpaings et de poutres pendant huitheures. Grièvement blessé aux jambes et à la clavicule, il a très vite été pris en charge par une ONG médicale du nord de la France. Après des semaines passées en fauteuil roulant, il a retrouvé une belle vitalité. Son quartier, situé sur les hauteurs, a été littéralement éventré par le séisme. «Il a fallu attendre le mois d'avril pour déblayer les gravats. On a fait appel à une entreprise, raconte-t-il. On a retrouvé les corps de ma mère et de ma soeur. C'était dur de les savoir là, sans pouvoir rien faire. C'est mon grand frère qui a creusé leur tombe sur notre terrain et qui les a inhumées. À présent, elles reposent en paix.» Une première tente a été montée. Elle n'a pas résisté à la forte tempête tropicale qui a frappé l'île le 24septembre. La famille de Jean Rony a bénéficié d'une seconde tente plus grande, et plus résistante mais les conditions de vie restent extrêmement précaires. Les matelas sont jetés à même le sol. Et rien pour ranger les effets personnels. Souvent, par manque d'électricité, le campement est plongé dans l'obscurité. «On fait aussi la chasse aux rats qui rentrent sous la toile. C'est infernal. Côté hygiène, on nous a installé des toilettes. Mais leur nombre est insuffisant. Il faut être patient quand on veut y aller.» Jean Rony n'évoque même pas les bourrasques soulevant des nuages de poussière qui s'abattent sur ce secteur de la ville. Particules qui rendent les cheveux durs comme du carton. Et qui viennent gommer en quelques secondes les longues minutes passées à se doucher derrière une maigre palissade qui préserve à peine l'intimité des habitants. Dans quelques semaines, le jeune homme, qui désire poursuivre ses études en France, va relancer une demande de visa. L'université de Brest lui a donné l'assurance qu'elle pourrait l'accueillir en Administration économique et sociale. Il croise les doigts.
Moïse fête son premier anniversaire
Le 12janvier, le petit Moïse a fêté son premier anniversaire. Ce petit bonhomme plein de vitalité a perdu sa mère le jour de sa naissance. Cette dernière venait d'accoucher quand le toit de la maternité s'est écroulé sur elle, la tuant sur le coup. Le nourrisson, indemne, a été retrouvé sur le ventre de sa mère par une amie qui, inquiète, s'était rendue sur place. La jeune femme a adopté l'enfant, qui se porte comme un charme.
Didier Déniel
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