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lundi 6 décembre 2010

Sœur Flora en tournée en France pour les enfants d'Haïti

Depuis un mois, la frêle religieuse franciscaine fait appel à la générosité de tous : dans les écoles, les églises, à la radio... Sur l'île à vache (Haïti), l'infirmière a fondé l'orphelinat St-François qui accueille 68 enfants dont 26 polyhandicapés. Avec la menace du choléra, le besoin de médicaments est devenu pressant.
Quel est l'objectif du mois que vous avez passé en France ?
Je viens pour interpeller ! Il faut répondre à notre vocation de chrétiens : permettre à des gens d'avoir le droit de vivre. Sur cette terre, nous sommes frères et sœurs d'un seul Dieu. On me demande toujours si je suis dans l'espérance. J'ai vécu 33 ans au cœur de ces problèmes. Même les Haïtiens, après toutes ces catastrophes, espèrent encore et font preuve de courage. Ce courage n'est pas simplement celui d'une personne humaine, il est nourri par Dieu. Dans notre impuissance, dans notre pauvreté, nous voyons bien que ce n'est pas nous qui agissons.
Confiance dans les promesses du Christ.

Concrètement, de quoi avez-vous besoin ?
Beaucoup de gens viennent à nous depuis le séisme : enfants abandonnés, orphelins, déscolarisés... Les enfants de l'orphelinat nécessitent aussi des examens coûteux (scanner, sonographie...) Nous avons besoin de volontaires et de formateurs - physiothérapeute, psychologue... - car nous ne pouvons pas les payer ! Au quotidien, nous ne savons pas pour demain. Parfois même, nous avons des dettes. Ce qui est petit pour nous, c'est beaucoup. On ne voudrait pas seulement assister la population mais aussi développer l'île pour donner du travail aux habitants. Aujourd'hui, nous sommes encore trop dans l'urgence. On pourrait notamment développer l'agriculture. Nous voulons planter des arbres fruitiers mais il faudrait aussi protéger les personnes contre ceux qui voudraient les exploiter, en mettant en place un système de coopérative.

Comment est née cette aventure au service des enfants en Haïti ?
Petite, j'avais le désir d'aider les autres. Ca vient aussi de mes parents. J'ai demandé à ma congrégation de partir en mission. Je pensais aller en Afrique mais on m'a envoyée remplacer une sœur en Haïti. Après deux missions, je n'étais pas satisfaite : je faisais du bureau ! Les malades venaient à moi et non pas moi à eux. L'évêque des Cayes à l'époque m'a demandée de lui rendre un service : assister un prêtre canadien. C'est comme ça j'ai commencé. J'ai eu quatre sœurs avec moi. Maintenant je suis seule avec un docteur et une infirmière.
Chrétien qui a reçu le sacrement de l'Ordre pour être signe du Christ pasteur.

Avec le recul, quel regard portez-vous sur cet engagement ?
Plus on avance dans une mission, plus on fait l'expérience de sa faiblesse. Mais quand je vois les enfants souriants, ça me fait vivre. C'est une expérience de vie ! Si je suis sortie de la mer après que mon bateau ait coulé, je peux dire que ce n'est pas moi qui ai nagé : ma mission n'était pas terminée. Tant qu'on n'a pas terminé notre mission, quelqu'un nous soutient. L'Haïtien croit. Certains disent que c'est de la naïveté. Je ne le crois pas. On fait des accouchements avec césarienne qui devraient avoir lieu à l'hôpital... moi, je n'ai que mes mains. Ca me dépasse. Quand ça nous dépasse, on sait bien qui l'a fait.
A l'île à Vache, pas de route, pas d'eau courante, pas d'électricité...
Située au large de la ville des Cayes, l'île abrite 17.000 habitants. Accessible par bateau à moteur, elle n'a pas de véritable débarcadère. Le Centre d'accueil de Sœur Flora Blanchette est « une famille » qui rassemble des enfants et des grands jusqu'à 30 ans passés. La religieuse qu'ils appellent « maman » rêve pour eux d'autonomie. Aujourd'hui, « Toto », un enfant qu'elle a sauvé, est devenu un de ses principaux soutiens avec l'Association « L'île aux Enfants d'Haïti ». « Quand on dit « oui », on reçoit plus que ce qu'on donne. Je l'ai porté mais aujourd'hui, il nous porte : après le séisme, il est arrivé dans les premiers bateaux, chargés de nourriture. C'est ce que je dis aux enfants : Quand on ouvre son cœur, le cœur des autres peut continuer à battre » conclut-elle en espérant que ses paroles resteront gravées dans le cœur des personnes rencontrées tout au long de son séjour en France.
http://www.eglise.catholique.fr/actualites-et-evenements/actualites/soeur-flora-en-tournee-en-france-pour-les-enfants-d-haiti-10321.html

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