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jeudi 16 décembre 2010

Haïti: deux scénarios pour dénouer l'impasse

Publié le 16 décembre 2010
Hier, deux issues bien différentes ont été proposées à la crise politique qui sévit en Haïti depuis les élections du 28 novembre.

Le candidat arrivé troisième au premier tour, Michel Martelly, voudrait qu'on annule le scrutin et qu'on en organise un nouveau. À Saint-Domingue, en République dominicaine, où il présidait une réunion sur la reconstruction d'Haïti, Bill Clinton a plaidé en faveur d'un nouveau dépouillement des voix. «Les membres de la commission électorale sont tombés d'accord, je pense, pour revoir les votes avec des observateurs objectifs et informés», a déclaré l'ex-président, qui joue un rôle central dans la reconstruction du pays depuis le tremblement de terre du 12 janvier. «Je pense que ce processus devrait offrir au peuple haïtien le meilleur moyen d'accepter le résultat», a-t-il dit aux journalistes.
La commission électorale propose de faire un nouveau dépouillement des votes recueillis par les trois candidats qui sont arrivés en tête au premier tour afin de déterminer les deux qui seront retenus pour le second tour, le 16 janvier. Pour le moment, l'ex-première dame Mirlande Manigat arrive première sans pour autant obtenir la majorité nécessaire pour accéder à la présidence. Elle est suivie de Jude Célestin, candidat soutenu par le gouvernement sortant. Cependant, les partisans du chanteur Michel Martelly, surnommé Sweet Mickey, qui a reçu seulement 7000 voix de moins que M. Célestin, estiment que leur favori devrait lui aussi être éligible au second tour.
Nouvelles émeutes?
Invoquant des fraudes électorales, les partisans de M. Martelly ont manifesté dans les rues des grandes villes haïtiennes au lendemain du scrutin. Dans plusieurs cas, les manifestations ont viré à l'émeute. Au moins cinq personnes sont mortes dans des affrontements avec les forces de l'ordre.
Pour mettre fin à la crise, Michel Martelly a suggéré hier d'annuler l'élection du 28 novembre et de faire un nouveau scrutin le 16 janvier. Les 19 candidats aux premières élections pourraient faire campagne à nouveau, propose M. Martelly, et celui qui recevrait le plus de votes remporterait la présidence.
Les camps Manigat et Célestin n'ont pas répondu à cette proposition hier. La plupart des autres candidats à l'élection présidentielle souhaitent l'annulation du scrutin.
Malgré les options proposées, plusieurs craignent de nouvelles émeutes autour du 20 décembre, jour de l'annonce des résultats définitifs du premier tour. À l'approche de cette date, l'ancienne gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean a appelé la population de son pays d'origine au calme, notant que la stabilité politique est nécessaire à la poursuite de la reconstruction.
Au ralenti
À Montréal, des organisations non gouvernementales présentes en Haïti refusent pour leur part de prendre position sur la voie à privilégier, mais elles avouent que le climat actuel ralentit leur travail auprès des sinistrés du tremblement de terre de janvier dernier.
«Les principaux problèmes sont liés à la sécurité. On ne veut pas mettre nos employés en danger, qu'ils soient haïtiens ou non», a dit hier Marie-Ève Bertrand, directrice du développement à Care Canada. Cette dernière participait à une conférence organisée par l'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI) pour faire le point sur l'aide humanitaire et les efforts de reconstruction déployés depuis le séisme qui a fait 250 000 morts en Haïti.
Dans la foulée de la tragédie, les organismes humanitaires ont recueilli plus de 66 millions de dollars au Québec seulement. Hier, tous ont affirmé avoir fait beaucoup de progrès depuis la catastrophe, mais ils ont aussi rappelé qu'il faudra des années pour remettre Haïti sur pied. «Depuis le 12 janvier, on travaille jour et nuit et on n'a toujours pas repris le dessus», a lancé Danielle Leblanc, de l'organisme Développement et Paix. La crise électorale et l'épidémie de choléra qui a récemment fait plus de 2200 morts dans le pays le plus pauvre des Amériques se sont ajoutées à une longue liste de difficultés auxquelles faisaient déjà face les ONG.
http://www.cyberpresse.ca/international/dossiers/elections-en-haiti/201012/16/01-4352903-haiti-deux-scenarios-pour-denouer-limpasse.php

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