Publié le 07 octobre 2010 à 06h25 Mis à jour à 06h25
Marc Tison, LA PRESSE
(Montréal) «Je ne vois pas pourquoi le Québec, qui s'est montré le plus généreux avec Haïti, n'aurait pas sa place dans sa reconstruction», s'exclame Nancy Roc.
C'est pour faciliter ces liens que la directrice générale d'Incas Productions organise le premier Forum d'affaires Haïti-Québec, qui se tient aujourd'hui et demain à Montréal.
«Ce forum va permettre aux investisseurs canadiens et québécois de rencontrer les personnages-clés du gouvernement haïtien et du secteur privé, décrit Nancy Roc. Ils pourront leur remettre leur dossier pour la reconstruction d'Haïti de main à main. Ils ne savent habituellement pas à qui s'adresser.»
Le Forum doit se conclure avec la signature d'un protocole d'accord pour la création d'une structure d'accueil qui facilitera cette communication. «Nous voulions faire un forum d'affaires avec des résultats concrets, parce que ce dont Haïti a besoin aujourd'hui, ce sont des emplois, et des emplois de qualité», insiste-t-elle.
Car l'aide promise par les bailleurs de fonds tarde à se concrétiser. L'essentiel des fonds a été acheminé aux organisations non gouvernementales (ONG), pour répondre aux besoins immédiats de la population. «Le gouvernement haïtien, quant à lui, n'a presque pas reçu d'aide depuis le 12 janvier», observe Mme Roc.
Comprenant que le développement ne saurait se faire sans le secteur privé, le gouvernement haïtien a posé quelques jalons pour faciliter les investissements. Une commission présidentielle nationale de compétitivité, où siègent des intervenants du secteur privé, a identifié les secteurs d'activité qui sont «vecteurs de croissance» - agro-industrie, confection vestimentaire et, bien sûr, construction. Le Centre de facilitation des investissements a reçu le soutien personnel du chef de l'État pour le débusquage des obstacles aux investissements. Résultat, le temps nécessaire à la création d'une nouvelle entreprise en Haïti a été réduit de moitié.
Bref, le temps est venu pour les entreprises québécoises d'accroître leur présence.
Il y a la manière...
«Quand quelqu'un dit «oui, oui, oui», trois oui de suite, ce n'est pas nécessairement un bon oui, constate Béatrice Daléus. Il y a plein de choses à détecter dans le verbal et le non-verbal qu'un étranger ne verra pas nécessairement.»
Il faut avoir des antennes haïtiennes pour le savoir. Née en Haïti et arrivée à 4 ans au Québec, Béatrice Daléus, coprésidente de la firme de facilitation et développement d'affaires Daléus-Lacoste, aide les entreprises canadiennes à nouer des liens et à s'établir dans son pays d'origine.
Une démarche tout en nuances, dans un pays tout en subtilités...
Haïti a une manière davantage européenne de traiter les affaires, alors que le Québec est nettement ancré dans son continent. «Au Québec, nous avons une structure d'affaires où les gens qui occupent les postes-clés ont l'autonomie pour faire ce qu'ils doivent faire, exprime Mme Daléus. On ne l'a pas nécessairement constaté en Haïti.»
Dans cette partie chaudement disputée, où les entreprises françaises et américaines ont pris une nette avance, les entreprises québécoises ont tout de même quelques atouts dans leur jeu: une langue commune, une fois l'accent amadoué, et, surtout, l'authenticité des rapports.
«Il y a un lien naturel, décrit-elle. Il y a quelque chose de beaucoup plus fluide, notamment en raison de l'implication du Québec en Haïti depuis des années. La communication est déjà bien établie. La chaleur humaine est bien différente de ce qu'on peut vivre avec les Américains.»
Ainsi, les entreprises locales de construction, qui ont des compétences mais manquent de fonds pour répondre aux appels d'offres, cherchent des partenaires étrangers qui ne soient ni trop condescendants ni trop gourmands. «D'après notre constat, il y a trop d'entreprises qui arrivent à l'américaine, avec leurs gros sabots, relate Mme Daléus. Ce n'est pas très canadien, et encore moins québécois, et c'est ce qui attire les entreprises haïtiennes que nous avons contactées.»
La formation est un autre secteur où le Québec pourrait offrir des services à valeur ajoutée, car 25 000 cadres ont péri durant le séisme et les entreprises haïtiennes ont besoin de mettre leurs compétences à jour.
http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/quebec/201010/07/01-4330274-reconstruction-dhaiti-le-quebec-doit-sinvestir.php
Commentaires:
Combien de forum ont été organisés autour de la thématique d'Haïti depuis le 12 janvier. Là on oublie ceux qui ont été organisés sous l'égide de l'équipe Clinton.
Beaucoup de bruit pour presque rien. Les retombées se font attendre. Et quand de retombées il en est question il s'agit d'une sorte de soutraitance ou l'on voit des hangars chargés de travailleurs mal payés travaillant dans des conditions exécrables pour les salaires minimum dans les factories des grandes familles. On se demande encore ce que ça change ces sacrés forums.
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
jeudi 7 octobre 2010
Reconstruction d'Haïti: le Québec doit s'investir
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