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samedi 4 septembre 2010

Préval, « un bon manoeuvrier »

La rupture semble définitivement se consommer entre le chef de l'État et le sénateur, candidat à la présidence Jean Hector Anacacis, bien que ce dernier ne le voie pas ainsi. Il préfère dire qu'il est en désaccord avec le principal chef de INITE. Considéré jadis comme le porte-parole officieux de René Préval, aujourd'hui l'élu de l'ancienne plateforme politique présidentielle Lespwa ne souhaite même pas rencontrer le locataire du Palais national. Haïti: « Préval est un bon manoeuvrier politique », Jean Hector Anacacis dixit. « Il a lui-même fait choix de son propre candidat à la présidence. Ce ne sont pas les membres de la plateforme INITE qui ont fait ce choix », révèle-t-il lors d'une interview accordée à radio Magik 9 ce vendredi. Le parlementaire ne voit pas d'un bon oeil les rencontres du chef de l'État avec les candidats à la présidence. S'il a son propre candidat, pourquoi veut-il rencontrer d'autres candidats ?, se questionne Anacacis perplexe tout en soulignant que le locataire du Palais national ne fait rien au hasard.
« René Préval est un fin politique. Un bon manoeuvrier. Il ne fait rien pour rien, il ne laisse rien au hasard. Il prend le soin de tout étudier avant d'agir », poursuit le candidat.
Il semblerait que Jean Hector Anacacis ne figure pas sur la liste des candidats susceptibles de rencontrer le chef de l'État avant les présidentielles. « Il n'a pas cherché à me voir. Il ne le fera pas non plus, puisque nous sommes en désaccord. Je suis candidat et je vais aux élections. Il ne va pas me parler de financement de campagne, car c'est le CEP qui s'en charge. Je ne crois pas que c'est nécessaire de le rencontrer. Le président n'a pas grand-chose à me dire non plus. Donc, je souhaiterais qu'il ne cherche pas à me rencontrer. Je rencontre tous les jours la population et d'autres personnalités pour ma campagne », propos du candidat Anacacis, qui fut pendant longtemps considéré comme un proche et un ami du président de la République.
Le candidat de l'organisation politique Mouvement démocratique de la Jeunesse haïtienne (MODEJHA) affirme de façon humoristique que René Préval a fait preuve d'intelligence politique en accomplissant 10 années au pouvoir sans avoir fait grand-chose pour la population. « Deux mandats au pouvoir, le peuple est toujours dans la misère absolue, sous des tentes, en proie à la chaleur et à la pluie », dit-il critiquant l'administration René Préval.
Cependant, Anacacis veut rassurer le président de République. « Je ne suis pas un rebelle, ni un dissident. Je n'ai pas changé. Le président n'a pas à s'inquiéter là-dessus. On peut ne pas avoir le même projet, on peut ne pas percevoir de la même façon la situation de la population, ce qui est normal », avance-t-il.
En outre, le sénateur Anacacis estime avoir été fidèle au chef de l'État quand le Sénat fonctionnait à plein régime. « Il m'a demandé de l'aider en tant que parlementaire, je l'ai fait et tout le monde l'a vu. Je suis resté fidèle », ajoute-t-il parlant de ses relations antérieures avec le chef de l'État.
Par ailleurs, Jean Hector Anacacis est inquiet par rapport aux agissements du CEP et à la grande marge de manoeuvre de l'Exécutif à l'approche de la campagne électorale. « L'Exécutif commence à mettre sa machine en branle. Des changements ont été enregistrés dans les délégations et vice-délégations départementales », dénonce le candidat à la présidence.
Il qualifie de maladroites et arbitraires certaines décisions de l'institution électorale dont le communiqué qui a permis à des candidats de faire le dépôt de leur candidature sans un certificat de décharge et la révocation du président du Bureau électoral départemental de l'Ouest Jaccillon Barthélémy la semaine dernière.
Comme si cela pouvait en être autrement, le représentant de MODEJHA dit souhaiter que ce soit la population qui élise réellement le prochain locataire du Palais national. « Nous souhaitons que c'est le peuple qui élira réellement le nouveau chef d'État capable de changer ses conditions de vie, et c'est ce que nous voulons faire », dit-il.
Par ailleurs, interrogé, sur le dernier rapport de la MINUSTAH rendu public à New York cette semaine exposant des craintes de voir les campagnes électorales financées par des narcotrafiquants, Jean Hector Anacacis estime que ce rapport est émaillé d'hypocrisie. « Aujourd'hui, la MINUSTAH a un service d'intelligence dans le pays ; c'est elle qui assure la sécurité sur le territoire. Si elle a des informations en ce sens, qu'elle agisse », indique-t-il sur un ton dénonciateur.
En effet, dans ce rapport, la Mission de l'ONU en Haïti indique qu'il existe un risque que la campagne pour les élections à venir, particulièrement les élections législatives, soient affectées par des financements provenant d'activités illégales, y compris le trafic de drogue.
Dans un autre registre l'insécurité qui tend à refaire surface dans le pays à l'approche des campagnes électorales ajoutée à la situation des sinistrés qui, 8 mois après le tremblement de terre du 12 janvier, vivent toujours sous des tentes dans des conditions infrahumaines tiennent le candidat à coeur. Il se propose de changer la donne quand il sera président.
Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com

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