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dimanche 5 septembre 2010

Les pieds dans le plat ...Avenir brumeux

Haïti: Nous sommes théoriquement à trois mois des élections. Le discours politique est d'une telle pauvreté que le citoyen à tous les niveaux est décontenancé. Alors que les défis s'accumulent, que les inégalités s'accentuent dans notre société, que le fossé se creuse de plus en plus entre notre pays et les autres nations de la Caraïbe, le vide politique s'affirme si bien, qu'une fois de plus, des secteurs de la population sont tentés de se tourner vers des visages totalement neufs dans le lieu politique, même si rien rationnellement ne permet d'espérer de ces nouveaux venus un résultat une fois aux commandes de la chose publique. Les élections auront certainement lieu envers et contre tous. La communauté internationale a son planning à respecter, plus important que le sort des Haïtiens. L'avenir de notre pays se présente, par l'absence de discours et donc d'intelligence politique manifestée, brumeux. À l'accompagnement de la population, à des propositions constantes, à une surveillance de tous les instants des actions gouvernementales, à une attitude sereine dictée par un point de vue prenant en compte les différents aspects de la problématique nationale, bon nombre de nos partis politiques, et donc de nos hommes politiques, ont toujours préféré les joutes d'antichambre, les combats de chefs, les compromis permettant à chaque fois de se trouver une place juteuse à l'ombre du roi d'occasion. Même quand le jeu est pipé, certains préfèrent y participer pour récupérer les miettes, fidèles peut-être à notre fameux adage : pito nou lèd nou la.
On a tellement tiré sur la corde qu'on arrive à un palier où des acteurs totalement discrédités gesticulent seuls à la fois sur la scène principale et sur la scène proche. Alors que tout le monde se rend compte de l'absurdité de la situation, on continue quand même sur la lancée, comme une fusée programmée filant vers son point d'impact. Il faut respecter des échéances. Il faut respecter la Constitution. Il faut respecter des plannings. La vie, elle, continue dans les rues, dans les camps, dans les ghettos, seule, oubliée, n'ayant de valeur que par la misère qu'elle sécrète, que par cette misère qui, mise en image et projetée aux quatre coins de la planète, provoque l'émotion nécessaire à délester les bourses.
La politologue et économiste Suzann Georges, dans une conférence qu'elle donnait samedi dernier en France à l'occasion de l'université d'été de l'association Peuple et Culture, tirait encore une fois la sonnette d'alarme sur le fait que les richesses de la planète se concentraient année après année aux mains d'un nombre de familles de plus en plus réduit. Ce n'est pas notre but de donner ici des statistiques qu'on peut trouver sur le Net. Mais qui, en Haïti, se penche sur le fait que depuis le 12 janvier le processus de paupérisation des classes moyennes est passé à une vitesse supérieure tandis que, certainement, les secteurs traditionnels, qui mènent le jeu en Haïti, s'enrichissent et vont continuer à s'enrichir avec le peu d'aide promis qui va arriver pour le peuple haïtien ? Il n'y a pas plus paradoxal le fait que dans toute l'Amérique latine les gouvernements de gauche ressemblent à des agents camouflés du grand capitalisme international, agents dont la mission première est de faire passer des politiques crucifiant les populations, politiques qui feraient dans un temps hésiter même des gouvernements de droite. De toute manière, chez nous, nul besoin de parler de gauche ou de droite, de centre où de je ne sais quoi. Le pays est sous tutelle, et la seule marge de manoeuvre du prochain gouvernement sera de jouir des privilèges traditionnels du pouvoir. La communauté internationale sait très bien ce que pouvoir signifie pour nos hommes politiques. À moins que l'impensable ne se produise.
Ce sursaut que nous espérons tous !
Gary Victor
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=83124&PubDate=2010-09-03

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