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dimanche 5 septembre 2010

Haïti: élever une chèvre pour s'élever dans la vie

Les enfants de l'école de Limbé apprennent à s'occuper
d'une chèvre et ainsi à prendre des responsabilités.
LE SOLEIL, YVES THERRIEN
Publié le 05 septembre 2010
Yves Therrien, Le Soleil
(Haïti) Dans le village de Limbé, dans les montagnes à l'est de Cap-Haïtien, une vingtaine d'enfants sont responsables chacun d'une chèvre. Ils ont même fondé une coopérative d'élevage sous l'acronyme KTVE (Kopérative timoun [enfants] Village de l'espoir).
Cette action concrète amène l'enfant à prendre des responsabilités, à développer son sens de l'organisation, à gérer des conflits pour en arriver à gérer sa propre vie.
La coopérative a été fondée le 20 juillet 2009 grâce à la collaboration de l'ONG de Québec L'AMIE (L'aide internationale à l'enfance). Le 15 octobre, ça fera exactement un an que les enfants prennent soin de leur chèvre. Et quatre chevrettes sont nées et ont été confiées à d'autres enfants.
Pour avoir droit de s'occuper de leur chèvre, les enfants doivent être membres de la KTVE et payer une petite cotisation. Ils doivent suivre une formation et se conformer aux instructions de l'agronome. Si la chèvre est malade, ils doivent savoir donner les premiers soins et en parler avec le vétérinaire lors de la visite mensuelle.
Est-ce difficile de s'occuper d'une chèvre? Les enfants répondent en choeur : «Non.» Bien s'occuper de sa chèvre, ça se fait comment? L'un répond que ce sera de l'attacher dans un endroit fiable où il y aura du bon fourrage. Pourquoi l'attacher? Parce qu'une chèvre en liberté dans le jardin d'un voisin se fera couper la tête parce qu'elle mange ce qui ne lui appartient pas.
Chaque mois, l'enfant amène sa chèvre à l'école où Rémy Jean, l'agronome du projet, vérifiera les progrès de croissance de chaque animal. Si un enfant ne prend pas bien soin de son animal, on lui en retirera la garde jusqu'à ce qu'il démontre sa capacité de s'en occuper correctement. Après avoir donné deux petits à la coopérative, la chèvre devient la propriété de l'enfant qui pourra la faire accoupler pour quelques gourdes à l'un des boucs de la coopérative et ainsi continuer le cycle.

Un compte en banque
La chèvre devient donc une forme de compte en banque rapportant des intérêts avec ses gestations. Les chevreaux élevés pour la vente valent environ 5000 gourdes, ou 125 $. Cela servira à payer les études et à aider la famille dans l'apprentissage de la prise de responsabilités.
Les jeunes ont même aménagé un jardin devant l'école pour y faire pousser du maïs, des pois et du fourrage pour les chèvres en même temps que d'autres légumes. «L'objectif que nous voulons atteindre à moyen terme est d'avoir 175 chèvres pour les 175 élèves de l'école de la commune», explique la coordonnatrice du projet Elvie Maximeau. «En même temps, nous effectuons des croisements entre les chèvres des races Boer, Alpine et Nubienne pour obtenir une race plus résistante à la chaleur, qui donnera autant du lait que de la viande et qui pourra donner deux ou trois petits plus d'une fois par année. Et avec nos quatre boucs, nous assurons un suivi des croisements pour déterminer quel sera le meilleur.»
Hyanique Maximeau, directrice de l'école, aide les enfants à mieux s'organiser dans ce projet. Elle s'assure que les enfants suivent les formations et que les membres du conseil d'administration, formé d'enfants, se réunissent chaque semaine et produisent leur rapport. Plusieurs parents accompagnent leur enfant dans cette démarche. Lors du passage du Soleil à Limbé, les jeunes ont tenu une assemblée générale devant une grande partie des élèves réunis pour rencontrer les visiteurs.
Des parents ont pris la parole pour confirmer que le projet leur tenait à coeur. Et les enfants ne se font pas prier pour assister aux différentes rencontres. Une mère a même dit que les jeunes ne se sentent pas seuls, mais bien encadrés et méritent d'être encouragés dans la poursuite de leur projet collectif.
Un autre projet devrait se réaliser sous peu avec la participation de L'AMIE et du ministère des Relations internationales. On construira un puits pour l'eau courante et l'irrigation des jardins de culture maraîchère.
Lien: L'AMIE, www.amie.ca/

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