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mercredi 18 août 2010

Michel Martelly : "Uniquement pour servir mon pays"

Au cours d'une visite au Canada, le chanteur et musicien candidat à la présidence Michel Martelly, accompagné de l'ancien collaborateur et ami de Wyclef Jean au sein du groupe The Fugees, Pras Michel, a promis de changer les choses en profondeur en Haïti et de changer aussi les mentalités s'il est élu président. Martelly a indiqué qu'il n'est pas atteint de la « maladie de président », mais qu'il milite uniquement dans le but de servir son pays.
Haïti: Michel Martelly a vidé son sac à la presse de Montréal vendredi dernier au cours d'un passage au Canada pour promouvoir sa candidature à la présidence haïtienne. Au cas où le chanteur serait élu président, il veut faire de la question de logement de la population, soit plus d'un million de personnes, sa priorité. « Il y a un état d'urgence à gérer et il faut déplacer ces gens. Ceux-ci vivent dans des conditions très difficiles et beaucoup de femmes sont victimes de viols sous les tentes », a déploré le candidat.
Présentant un programme ambitieux, le leader du Sweet Micky s'est décrit comme plus apte à rassembler, à comprendre le peuple haïtien, auprès duquel il oeuvre sur le terrain depuis des années. « J'ai toujours vécu avec mon peuple main dans la main. On a fait le tour du pays. On a souffert avec eux, chanté avec eux, dansé avec eux, partagé avec eux. On a compris, entendu leurs cris », a déclaré Michel Martelly au cours d'une conférence au Boulevard St-Laurent à Montréal.
Prônant l'inclusion, le candidat qui dit vouloir investir dans le social s'est donné pour objectifs de changer les mentalités de la population haïtienne et éliminer la corruption dans le pays. « En Haïti, la corruption est légale. On vit de corruption. On est corrompu du plus haut niveau au plus bas. Il faut changer tout ça et responsabiliser l'État. Il faudra changer nos mentalités en tant qu'Haïtien. Une mentalité que je qualifie d'autodestructrice », a indiqué le chanteur à Radio Canada.
Avec son sens de l'humour, le band leader du groupe musical Sweet Micky a déclaré que « même les règles de circulation sont un problème en Haïti. Les lumières rouges sont vertes et les lumières vertes sont rouges », a rapporté la presse montréalaise. Une façon, a-t-il dit, pour démontrer à quel point la mentalité est difficile à changer dans ce pays.
Reconnaissant que le travail n'est pas facile, Michel Martelly a précisé qu'il n'a pas la prétention de pouvoir réussir seul. « J'ai l'intention de me doter d'une équipe d'experts, de zélés, qui justement mettront leur savoir au service du pays », a-t-il souligné.

Des décisions impopulaires pour rebâtir Haïti
Pour y arriver, vu la lourdeur de la tâche, Michel Martelly se dit prêt à prendre des mesures impopulaires pour rebâtir le pays, notamment en instaurant un système d'impôt. Il croit qu'avec un tel système, l'État pourra construire beaucoup plus d'écoles et d'hôpitaux.
« Quand vous allez dire à quelqu'un qui n'a jamais payé d'impôt qu'il devra désormais en payer un peu, c'est une guerre qui commence, a soutenu M. Martelly. Ça ne va pas être facile. Mais quand les retombées seront positives et que les gens vont comprendre que c'est grâce à leurs impôts que l'État arrive à implanter des hôpitaux, des écoles dans les communes, et soutient les agriculteurs, ces décisions qui auront été impopulaires au début seront beaucoup mieux comprises et mieux interprétées dans un second temps », a-t-il ajouté à la presse de Montréal. Le chanteur a aussi plaidé pour que la diaspora joue son rôle en Haïti.
Michel Martelly n'a pas de plan. « Cela peut s'acheter », selon lui :
« Ma position est plutôt différente de celle des autres. Les autres parlent de plan, ils ont tous un plan. Nous en avons tous. Les plans, ça se vend. Même si on n'a pas un plan, on peut s'en acheter un. L'essentiel c'est de comprendre la complexité de la situation en Haïti. Avant d'investir de l'argent, il faut comprendre où l'on va pour s'assurer d'y arriver. »
En ce qui a trait aux milliards promis à Haïti, Michel Martelly estime qu'il faut d'abord changer les structures dans le pays. « Méfiez-vous ! Il y a des milliards de dollars qu'on s'apprête à donner en Haïti. Si vous ne vous assurez pas que la structure même de l'État change en Haïti, je vous le garantis, ces milliards ne serviront à rien. Préparez-vous à en donner d'autres. C'est pourquoi j'insiste sur le fait qu'il faut changer la mentalité, la structure, la façon de faire », a commenté le chanteur candidat à la présidence.

Pras Michel préfère Martelly à Wyclef
Questionné sur la candidature de Wyclef Jean, Michel Martelly a fait savoir qu'il connaît mieux le peuple haïtien que Wyclef Jean. « Il y a d'abord l'avantage de pouvoir s'exprimer pour se faire comprendre de la population. Il y ensuite la complexité sur le terrain même. La différence entre Wyclef et moi est que j'ai travaillé sur le terrain et que j'ai atteint toutes les couches de la population », a expliqué Martelly qui se dit impliqué dans le social depuis 17 ans à travers sa Fondation Rose et Blanc. Il dit aussi bénéficier déjà de la confiance du peuple haïtien.
Plus critique que lui, Pras Michel, ancien collaborateur de Wyclef Jean, croit que le chanteur du compas est beaucoup mieux armé pour amener le pays à bon port que la star internationale du hip-hop.
« Wyclef a beaucoup fait pour Haïti. Il a attiré l'attention internationale sur Haïti et je l'applaudis pour ça. Il a été un militant pour Haïti et je le félicite pour ça. Mais je désapprouve sa candidature à la présidence », a déclaré Pras qui accompagnait Martelly au Canada.
« J'appuie Michel Martelly plutôt que Wyclef Jean parce que l'état dans lequel se trouve présentement Haïti, surtout depuis le tremblement de terre, nécessite un changement radical », a ajouté l'ancien membre des Fugees qui réside aux États-Unis.
« Si, pour une raison ou pour une autre, Wyclef Jean souhaite continuer et devient le prochain président, on restera à ses côtés pour l'aider à rebâtir Haïti, parce que c'est ce dont on a besoin. Mais si Wyclef Jean veut se promener et agir comme s'il était le Messie, il va continuer à perpétuer la destruction d'Haïti », a conclu Pras Michel, a rapporté la presse de Montréal.
Durant cette ballade au Canada, Michel Martelly, de son côté, a précisé qu'il ne s'est pas porté candidat à la présidence pour gagner les élections. « Je suis là pour changer mon pays. Je suis peut-être le seul candidat qui soit prêt à accepter n'importe quel verdict du Conseil électoral provisoire », a confessé le musicien. Il a rappelé qu'au-delà de sa candidature, il y a un pays à aider.
« Certaines personnes vont se précipiter pour dire que Sweet Micky a fait de mauvaises choses. Mais, c'est grâce à Sweet Micky que je suis là aujourd'hui. Je ne vais pas le renier, mais l'assumer », a rétorqué le chanteur.
Valéry Daudier
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=82556&PubDate=2010-08-17

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