« Sur trois Dispositifs de Concentration de Poissons (DCP) installés au large d'Anse d'Hainault, un seul est encore opérationnel. S'il advenait qu'il soit endommagé ou abîmé par des navires parcourant les deux pôles du continent, les pêcheurs broieraient carrément du noir », raconte St-Louis Luceline, une vendeuse de poissons qui guette le rivage en attendant le retour des pêcheurs en fin d'après-midi.
Le regard transpirant d'inquiétude, elle explique que « grâce à ce DCP, les pêcheurs ramènent des poissons de 300 à 400 livres que l'on achète parfois jusqu'à 20 000 gourdes. Vendus au détail sur le marché aux poissons, on peut en réaliser des bénéfices intéressants », poursuit-elle en priant tous les saints pour que rien de fâcheux n'arrive à ce dispositif installé à quelque 1500 mètres de profondeur. « La pêche à partir du DCP a un impact important sur l'économie locale », selon Georges Simon, Maire de la ville et président de l'Association des Marins Pêcheurs d'Anse d'Hainault (AMPA). M. Simon, présentant ce dispositif comme un garde-manger, un lieu de concentration précis de poissons pour les pêcheurs, souhaite une augmentation du nombre de DCP dans les eaux de l'Anse d'Hainault et d'autres villes côtières de la Grand' Anse comme Dame-Marie, les Irois... « C'est mon plus grand rêve », confie-t-il. Ressassant les avantages que l'on peut tirer de cette technique expérimentée dans les Antilles depuis plus de 20 ans, il déplore l'ignorance des détenteurs de capitaux sur les opportunités d'investissements qu'offre la pêche. « Les gens du secteur privé n'ont pas assez d'information sur les potentiels de cette filière, affirme Georges Simon. C'est le même constat au niveau du secteur public », enchaîne-t-il.
Georges Simon, évoquant « l'expérience infructueuse » de redynamisation de la pêche enclenchée fin 2000, lors du premier mandat de René Préval, estime que le chef de l'Etat a été mal conseillé. « Si le président Préval le veut bien, je suis prêt à travailler avec tous ceux qui sont intéressés à fournir un accompagnement sérieux à la promotion de la pêche, annonce-t-il. Il est temps de réaliser des investissements pour moderniser la pêche. Un DCP ne coûte qu'environ 3000 dollars américains », avance le pêcheur. Certaines études ont révélé que la topographie et la bathymétrie des côtes haïtiennes, qui découpent un plateau étroit de 5.000 kilomètres carrés, contribuent à limiter la production de la pêche artisanale telle que pratiquée par les quelque 30 000 pêcheurs haïtiens.
Selon la FAO, les pêcheurs haïtiens ne capturent chaque année que de 4 à 5 tonnes métriques de poissons tandis que le potentiel est de 14.000 tonnes. Haïti importe du poisson pour une valeur d'environ 16 millions de dollars américains par an, selon l'organisme des Nations Unies. En Guadeloupe, quelque 200 DCP sont opérationnels. Leur introduction, qui remonte à 1988, a fortement stimulé le développement de la pêche. A Anse d'Hainault et dans d'autre villes côtières de la Grand'Anse, on ne rêve que du DCP. Une technique simple, efficace susceptible de relancer la pêche locale qui attend désespérément un miracle : des investissements.
Description de la technologie des DCP
Selon la FAO, les pêcheurs haïtiens ne capturent chaque année que de 4 à 5 tonnes métriques de poissons tandis que le potentiel est de 14.000 tonnes. Haïti importe du poisson pour une valeur d'environ 16 millions de dollars américains par an, selon l'organisme des Nations Unies. En Guadeloupe, quelque 200 DCP sont opérationnels. Leur introduction, qui remonte à 1988, a fortement stimulé le développement de la pêche. A Anse d'Hainault et dans d'autre villes côtières de la Grand'Anse, on ne rêve que du DCP. Une technique simple, efficace susceptible de relancer la pêche locale qui attend désespérément un miracle : des investissements.
Description de la technologie des DCP
En 1994, 10 DCP collectifs semi-lourds ont été confectionnés et mouillés sur le pourtour de l'archipel, grâce au concours de fonds européens (Diaz, 1995). Leur durée de vie a été relativement courte, faute d'une stratégie d'entretien établie. Aujourd'hui, le parc de DCP guadeloupéen est strictement privé. Reynal et al. (2000) ont relaté les types de DCP légers confectionnés par les pêcheurs avec comme objectif prioritaire de minimiser les coûts de fabrication et de mouillage. Les montages obtenus sont donc très hétéroclites. Le lest est souvent constitué de matériaux de récupération.
La ligne de mouillage est en polypropylène de 8 à 12 mm Ø, parfois remplacée par plusieurs brins de "cordes à banane" (brins jointifs de polypropylène d'un diamètre total de 4 mm). Les flotteurs sont constitués d'une ou plusieurs bouées de 2 L (ou de simples bidons), auxquelles s'ajoute parfois un chapelet de quelques bouées de 2 à 10 L. L'agrégateur, rudimentaire, est souvent constitué de bâches ou vieux filets ou encore de feuilles de coco. Bien que sommaires, ces DCP peuvent offrir une longévité de plusieurs mois si l'entretien des têtes est fréquemment réalisé.
L'avantage de ces montages réside dans leur faible coût: environ $500 US. Chaque pêcheur peut posséder ainsi plusieurs DCP (jusqu'à 10, usuellement 4 à 5).Initialement, les DCP étaient mouillés à faible distance des côtes (moins de 15 miles). Progressivement, les implantations se sont éloignées des côtes pour dépasser les 50 miles, sur des fonds de plus de 2000 m. Cet éloignement est une réponse à l'utilisation des DCP côtiers par les plaisanciers ou des professionnels autres que leurs propriétaires.
Roberson Alphonse
Roberson Alphonse
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=60055&PubDate=2008-07-20
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