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vendredi 8 février 2008

Plaisirs, passions, folies … désenchantement !

Par Ladenson Fleurival

ladenson@lematinhaiti.com

Le carnaval 2008, déroulé autour du thème « Rale mennen vini pou yon Ayiti vèt » aura été une grande réussite populaire. Néanmoins, cette manifestation culturelle a souffert de quelques faiblesses d’organisation.

Le président de la République, René Préval, a officiellement lancé les festivités carnavalesques 2008 le samedi 2 février au cours d’une cérémonie organisée au Palais national en l’honneur des reines et des rois. En présence des membres du gouvernement dont le Premier ministre Jacques Édouard Alexis et différentes personnalités artistiques du pays, le chef d’État a souhaité «paix et joie » aux Haïtiens à l’occasion des trois jours gras, les 3, 4 et 5 février.

Dans une ambiance de folle passion, de plaisir, mais aussi de désenchantement, des centaines de milliers de personnes se sont ruées au Champs de Mars, du dimanche 3 au mardi 5 février, pour prendre part au défilé carnavalesque. Trois jours gras placés sous le signe de la protection de l’environnement.

Couleurs, musique, ambiance, exultations, théâtre populaire, représentations chorégraphiques : le menu était riche. Les participants ont pu apprécier en plus les défilés de tap-tap et d’autobus – dont la carrosserie est de fabrication locale–, de groupes déguisés, de bandes à pied, de groupes musicaux. De la dérision de certains préjugés sociaux à l’éloge du bizarre, les carnavaliers ont libéré, durant les trois jours gras, leurs désirs de tous genres et leurs frustrations profondes.

Le défilé…
Les groupes musicaux, environ une vingtaine, ont assuré pendant les trois jours une animation hors pair. Cependant, plus d’un s’est interrogé sur la présence de certains de ces groupes dont la performance laissait fort à désirer. Rasin Mapou de Azor, T-Vice, Djakout Mizik, Krezi Mizik, Carimi, Sweet Micky ou Kreyòl la ont fait un malheur. Au passage du groupe Rasin Mapou de Azor, certains carnavaliers sont entrés en transe.
Le menu des trois jours gras était constitué également des défilés des bandes à pied, au nombre de 15, qui ont apporté une chaleur particulière à l’ambiance des premières heures des festivités. Ces bandes étaient précédées de groupes déguisés qui ont gratifié le public de chorégraphies indienne, arabe, folklorique, de danse traditionnelle et populaire. Les carnavaliers ont eu aussi droit à une tranche de l’histoire coloniale avec la représentation des tribus d’Afrique – les Noirs d’Afrique devenus esclaves en Amérique – et les Tainos.

Efforts de création…
Des artistes peintres, décorateurs et concepteurs graphiques ont usé de leur savoir-faire pour présenter au public des images éloquentes de l’artisanat, de la peinture et du folklore haïtiens. Sur les stands, la faune et la flore d’Haïti étaient à l’honneur.

Mais des nombreux stands érigés dans l’aire du Champ de Mars, site officiel du parcours, ceux des compagnies de téléphonie mobile Digicel et Voila et du riz Tchako ont captivé particulièrement l’attention. Les chars allégoriques notamment de la Sogébank et du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, représentaient des chefs-d’œuvre en termes d’imagination.

Déceptions…

Certains problèmes d’organisation ont été cependant enregistrés. Le public a envahi le périmètre sensé réservé aux groupes déguisés, ce qui a empêché ces derniers de performer normalement. La célèbre danseuse Viviane Gauthier a alerté sur la perte d’originalité des troupes de danse dans le carnaval.
D’autre part, les trop nombreux Disc Jockey (DJ), présents sur les stands, se sont livrés à une guerre interminable de décibels, créant une véritable cacophonie au Champ de Mars. Certains n’avaient même pas la courtoisie d’éteindre leur appareil au passage des bandes à pied.

Par ailleurs, la publicité a eu le dessus sur le côté artistique de l’événement. Le carnaval haïtien s’est transformé en une véritable campagne de promotion au bénéfice de certaines entreprises privées du pays.

La publicité a pratiquement occupé la plus grande place dans l’aire du Champ de Mars. Loin de s’identifier par leur nom propre, les groupes musicaux affichaient plutôt les marques commerciales de leurs sponsors. Frustré, un commentateur réclamait l’intervention des autorités pour conserver au carnaval son cachet artistique et culturel. « L’État doit être clair, le commercial ne doit pas l’emporter sur le culturel. Sinon, le carnaval haïtien va disparaître. Il ne lui restera que le résidu ! »

Services parallèles

Sur le lieu du carnaval, des organisations qui œuvrent dans le domaine de la santé ont mis à la disposition des carnavaliers des centres de dépistage du VIH/sida et distribué des préservatifs. Des messages de sensibilisation en faveur de l’usage du préservatif dans les rapports sexuels et d’autres messages dénonçant les violences faites aux femmes ou, appelant à la protection de l’environnement, ont été aussi délivrés.

Forte présence policière

Une impressionnante présence policière tout au long du cortège carnavalesque a été constatée. Différentes unités de la Police nationale d’Haïti (PNH) se sont efforcées de contenir les débordements de la foule. Au passage des groupes musicaux T-Vice et Djakout Mizik, moment de grand délire collectif, les agents de l’ordre ont dû utiliser de grands moyens pour ne pas se laisser dépasser par les événements.

Durant les trois jours de réjouissances populaires, certains agents ont monté la garde à proximité de la faculté d’Ethnologie en vue de prévenir tout dérapage. Rappelons que, vendredi, des étudiants et des agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo) se sont affrontés respectivement à coups de pierres et de gaz lacrymogène. Les étudiants, rapporte-t-on, se plaignaient que, dans le budget général du Carnaval 2008, aucune tranche n’ait été prévue pour le Carnaval des étudiants de Port-au-Prince.

vendredi 8 février 2008

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