Lundi 1er octobre 2007
Document produit suite à un rassemblement de producteurs de café dans le Plateau central (Est) [1]
Soumis par les organisateurs à AlterPresse le 1er octobre 2007
Pour la première rencontre de la Plateforme Régionale des Producteurs de Café du Plateau Central, quelques 250 caféiculteurs se sont rassemblés à Baptiste (commune de Belladère) avec des invités de marque : Agronome Julien Etienne (coordonateur de l’Institut National du Café d’Haïti), Agronome Esteband Abraham (coordonateur de Coordination Campagne Café), Agronome David Nicolas (coordonateur de l’ICEF), Frito Merisier (président de la coordination Haïtienne du commerce équitable), le deuxième sénateur du bas plateau central Jacques Jean Wilbert et l’équipe technique ICEF/AVSF composée des agronomes : Jocelyn Prophete, Marc André Volcy et Arnaud Finet.
Ce rassemblement s’est tenu sur la ferme agricole de Baptiste. Auparavant, les dirigeants de la Plateforme Régionale des producteurs de café du plateau central ont animé 6 rencontres de producteurs décentralisées dans la zone caféière afin de faire l’inventaire des problèmes que rencontrent les producteurs de la filière caféière. Les participants à ces rencontres (environ 500 producteurs) ont ensuite formulé des propositions pour améliorer le fonctionnement de la filière du café dans le Plateau central.
La rencontre du mercredi 29 août 2007 à Baptiste avait pour objectif de synthétiser l’information analysée de manière décentralisée, de la partager et de la valider. L’élaboration d’un cahier des doléances des producteurs de café permet de recenser les problèmes de la filière café du plateau central et de faire des propositions pour les résoudre.
Il est à noter que de telles rencontres doivent se dérouler prochainement dans toutes les régions caféières du pays pour que la plateforme national haïtienne des producteurs de café puisse défendre les intérêts des quelques 200 000 producteurs de café d’Haïti. Lors du Congrès National des Producteurs de Café Haïtiens, les délégués rédigeront une synthèse des cahiers de revendications des différentes plateformes régionales qui sera adressée aux responsables de l’Etat.
Au niveau de la production : Les producteurs de café ont des rendements très faibles (de l’ordre de 250 kg/ha contre 510 kg/ha en République Dominicaine) qui ne leur permettent pas de dégager un revenu intéressant. Aussi, ils demandent que l’Etat subventionne les engrais, et ils réclament plus d’encadrement technique pour faire face aux différents ravageurs des jardins caféiers tel que les rats, les scolytes, la rouille, la pourriture des racines, etc.
Commercialisation : Les producteurs réclament un prix raisonnable pour la vente de leur café et un meilleur contrôle de la frontière avec la République Dominicaine (qui à 3h de Baptiste, à pied) par les autorités, pour éviter la contrebande. Ils expriment la difficulté d’accès aux fonds de roulement pour les coopératives caféières qui achètent du café pour le commercialiser sur des marchés de qualité : commerce équitable et marchés gourmets. Enfin, l’état déplorable de la route Belladère-Baptiste est une entrave à la circulation, qui renchérit le transport : les producteurs exigent la réhabilitation de cet axe de 18 km.
Pour argumenter leur demande, les dirigeants de la plateforme régionale des producteurs de café ont rappelé l’importance du café pour Haïti :
paiement de la dette de l’indépendance d’Haïti envers la France. protection de l’environnement : les jardins caféiers sont un formidable moyen pour lutter contre l’érosion des terres. entrée de 5 millions de dollars US de devise grâce à l’exportation du café d’Haïti Or les surfaces en café sont en régression puisqu’elles sont passées de 170000 ha dans les années 1950 à 100 000 ha aujourd’hui. Aussi, les producteurs réunis ont demandé que l’Etat ne les oublie pas et qu’il les aide à améliorer la rentabilité des jardins café.
Pour conclure, Joseph Daril, le coordonateur de la plateforme des producteurs de café du bas plateau central a dit : "Nou menm pwodiktè nan Plato Santral, nou estime ke si sa ta kontinye konsa, nou menm ak peyi a ap antre pi plis chak jou nan twou. Olye pou nou rive demen, pou nou pa konn nan ki kafou nou dwe fè, n ap leve vwa nou bòkote reskonsab leta yo atravè kaye chaj sa a, jis pou sove plantè yo ak pwodiksyon kafe nan peyi a yon fason pou n ka jwenn dwa grandèt nou sou tout fòm.
Pou rive prepare kaye chaj sa a, nou menm pwodiktè, nou fè anpil sakrifis e nou gen volonte pou nou kontinye fè lòt sakrifis ankò avèk kolaborasyon leta ak ONG yo jis pou rezoud pwoblèm sa yo.
Anfèt, nou espere ke reskonsab leta yo va konprann nou e deside ansanm ak nou, jis pou mete yon fen ak sitiyasyon grav ke filyè kafe a ap fè fas."
L’élaboration du cahier des charges des producteurs et l’organisation de ce premier rassemblement a été possible grâce à l’appui de l’équipe ICEF/AVSF, de la Coordination Campagne Café et de Oxfam Grande Bretagne.
[1] La rencontre a eu lieu le 29 août 2007, dans la localité de Baptiste
Une fenêtre ouverte sur Haïti, le pays qui défie le monde et ses valeurs, anti-nation qui fait de la résistance et pousse les limites de la résilience. Nous incitons au débat conceptualisant Haïti dans une conjoncture mondiale difficile. Haïti, le défi, existe encore malgré tout : choléra, leaders incapables et malhonnêtes, territoires perdus gangstérisés . Pour bien agir il faut mieux comprendre: "Que tout ce qui s'écrit poursuive son chemin, va , va là ou le vent te pousse (Dr Jolivert)
mardi 2 octobre 2007
Haiti : Les producteurs de café s’organisent et se mobilisent
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