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mardi 28 août 2007

Le miracle n'a pas eu lieu

Le président Yves Jean-Bart qui perd la voix à force de soutenir l'équipe de son pays aux côtés de l'artiste Richard Morse, de la mère de Fabien Vorbe, Yamilee Vorbe et de l'entraineur, Ernst « Nono » Jean Baptiste, quelques fans haïtiens qui ont rejoint Jejy depuis la Martinique : ils étaient là tous pour apporter tous un appui sans faille au Club Haïti.
Contre le Nigeria, Haïti joue bien mais encaisse quatre buts et en marque un. Ainsi s'achève l'aventure de la formation des moins de dix-sept ans pour la seconde participation d'une équipe haïtienne en phase finale de Coupe du monde. Le miracle d'une qualification historique pour un deuxième tour en phase finale d'un Mondial n'a pas eu lieu.
Au stade de Seogwipo où la sélection haïtienne a évolué, il n'y avait pas beaucoup de spectateurs à saluer la victoire nigériane que certains considèrent pourtant comme un authentique exploit. Dans la tribune officielle, le TLO Shon n'a plus sa voix, il a vraiment soutenu les bicolores et jusqu'à l'expulsion de Fabien Vorbe, il croyait encore que les Haïtiens pouvaient réaliser un sursaut, mais la sortie de Vorbe a tout bouleversé, pensent certains, même si d'autres n' y croyaient plus.

Pourtant, le jeu de la sélection nationale n'a pas été si mauvais au cours de la première période. Les statistiques notent 57% de possession de balle pour la formation haïtienne à la mi-temps. Durant les 45 premières minutes, les Nigérians Macualey et Issa ont envoyé à trois reprises le gardien Shelson chercher le ballon dans sa cage alors qu'un seul tir lointain de Bitiello Jean-Jacques avait mis en difficulté le gardien nigérian.

En seconde période, on croyait que le onze national pouvait revenir dans la partie lorsque Peterson Joseph bien servi par Charles Hérold Jr réduisait le score de la tête. Mais la puissance nigériane a continué à déferler et Macauley marquant à nouveau à la 60e minute, la situation se compliquait. L'espoir était anéanti tout simplement lorsque Fabien Vorbe qui a disputé un Mondial en demi-teinte à cause de sa blessure se faisait expulser pour s'être un peu appuyé sur un Nigérian pour la possession de la balle. A dix contre onze nigérians physiquement plus costauds, la tache devenait difficile voire impossible pour Haïti.
"Nous n'avons pas su saisir notre chance quand il le fallait", dira le sélectionneur Jean Yves Philogène Labaze dans ses déclarations d'après match, conscient lui aussi que la sélection haïtienne U -17 n'a pas saisi la chance qui lui était offerte d'enrichir la belle page d'histoire qu'elle vient d'écrire.
Sur la route du retour au Hyatt, tout le monde reste calme, on réfléchit sur nos actes manqués et les chances qu'on n’a pas saisies. "Maintenant, on a tiré les leçons qu'il fallait, on ne reviendra plus aussi naïf en 2009", commente déjà M. Pierre Charles venu à Jeju uniquement pour voir jouer la formation haïtienne.
Au Hyatt, les gens se montrent sympathiques. Chacun veut se faire photographier avec l'une des formations du Mondial qui, disent-ils, a produit un très beau football. "Haitian team play a very good soccer", ne cessent de répéter les Nigérians.

Dimanche, au petit jour, il faut déjà laisser l'hôtel, certains joueurs n'ont pas fermé l'oeil, la nuit, les yeux rougis par l'absence de sommeil mais aussi par quelques larmes versées en catimini, ils prennent l'autobus à 4h30. Il faut rentrer en Haïti et le vol qui doit relier Jeju à Gwimpo au Nord est à 6h50 du matin. Il est près de 9h 20 quand on arrive à Gwimpo. Attention, il faut faire vite, car le vol pour Atlanta est à 10h30, C'est à l'aéroport International d'Incheon qu'on comprend réellement que le Mondial est déjà un souvenir. Les policiers sont légion qui surveillent les délégations devant rejoindre leur pays. C'est le cas de celle du Togo par exemple. Malheureusement, un petit contre-temps oblige la délégation haïtienne à séjourner au pays au moins une journée supplémentaire. Il faut alors se rendre à l'hôtel. Les dirigeants de la Fifa retiennent alors le May Field, un hôtel 3 étoiles qui se trouve entre Gwimpo et Incheon. Les joueurs y resteront pendant au moins vingt-quatre heures. Vingt-quatre heures encore en compagnie de la France qui doit affronter la Tunisie et qui félicite encore les Haïtiens pour leur Mondial . Les Japonais éliminés sont aussi là de même que les Costaricains qui joueront contre l'Argentine. L'équipe haïtienne passera peut-être son ultime journée en Corée du Sud dans l'ambiance de la Coupe du monde.
Là encore, on est pas vraiment en paix, Haïti suscite encore l'admiration. Des parents curieux demandent gentiment à leurs enfants de saluer le groupe. Un mari demande au groupe de permettre à sa femme de se faire photographier en compagnie de quelques Haïtiens. Elle ne peut pas savoir qui est joueur ou qui ne l'est pas, mais elle a entendu parler de l'équipe, elle l'a vue jouer et veut en avoir un souvenir .
Ici et là, on cherche à voir cette formation venue de nulle part, qui le temps de trois rencontres, a séduit son monde bien qu'aux yeux de ses dirigeants, elle a tout simplement loupé son mondial. Jack Warner qui est le Président de la Concacaf en serait conscient lui aussi, selon les dirigeants de la Fédération qui l'ont rencontré à l'issue de la rencontre contre la France. Il leur aurait dit : "Je ne vous félicite pas pour ce match, car je connais votre équipe et je sais qu'elle peut donner mieux que ça".
De toute façon, tout le monde attend cette équipe en 2009 au Nigeria pour la Coupe du Monde des moins de vingt-ans.
Enock Néré

Envoyé spécial du Nouvelliste,
Ticket Sport
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=47813&PubDate=2007-08-27

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